Consulter
le journal
Les piscines publiques, un équipement coûteux particulièrement vulnérable à la hausse des prix de l’énergie
« Dans le tableau peu réjouissant de la tech chinoise, Tencent est la société qui s’en sort le mieux »
« En dépit de ses efforts en matière d’économie d’énergie, la Californie reste en déficit »
« L’impact d’une remontée des taux d’intérêt sur l’inflation pourrait être beaucoup plus faible qu’attendu »
Répression à balles réelles au Soudan : enquête sur la journée meurtrière du 30 juin
Pourquoi vouloir à nouveau marcher sur la Lune ?
Pourquoi les morceaux de rap sont de plus en plus courts
Pourquoi la cellulite est-elle devenue un problème ?
Crise énergétique : refonder le marché européen de l’électricité
« Il nous faut redevenir les gardiens de notre planète »
Conseil national de la refondation : « Mais de quoi ont peur les oppositions ? »
« Le peuple ukrainien a montré sa capacité à s’autogouverner autant que la vigueur de ses aspirations démocratiques »
« Tout le monde aime Jeanne » : une comédie déjantée sur la déprime d’une start-upeuse
« Les Papillons noirs », un jeu de poupées russes entre roman et écran
« The Last Dance », sur L’Equipe TV : Michael Jordan, la mise à nu d’un roi du basket
Arts : Gérard Garouste, la folie au bout du pinceau
« Gorbatchev est mort. Trois amis m’ont dit qu’ils pensaient qu’il était déjà décédé. C’est dire à quel point son époque est déjà morte pour nous ! »
La BBC, cent ans et des tourments
S’aimer comme on se quitte : « Il mettait des paillettes dans ma vie, c’était ma seule perspective positive »
Le ceviche de mulet au verjus : la recette de Romain Gadais
Services Le Monde
Services partenaires
Service Codes Promo
Suppléments partenaires
Confronté à une baisse de ses recettes pétrolières, le pays tente de contrôler ses réserves de change, avec pour conséquences une explosion du marché noir et une forte chute de la monnaie nationale.
Par
Temps de Lecture 4 min.
Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du Monde Afrique.
Les messages envoyés via WhatsApp sont insistants : « Je cherche quelqu’un qui pourrait verser 7 000 euros sur le compte de notre fournisseur. Mais j’aurai encore besoin de 30 000 le mois prochain. » La nervosité de l’intermédiaire libanais à la recherche d’un expatrié susceptible de lui fournir des devises étrangères est perceptible. « J’ai trouvé le gros de l’argent, mais il nous manque encore 640 euros », écrit-il quelques jours plus tard.
Ces temps-ci à Lagos, la gigantesque capitale économique du Nigeria, la pénurie de monnaies fortes est le sujet numéro un dans les milieux d’affaires, alors que la banque centrale, la CBN, rationne l’offre de dollars et intervient massivement pour stopper la dévaluation du naira, la devise nationale, sur fond de crise économique persistante.
« Cela se traduit notamment par des taux d’intérêt élevés et une série de politiques hétérodoxes telles que l’interdiction d’importer une quarantaine de produits de consommation courante ou la fermeture unilatérale des frontières terrestres du pays entre août 2019 et décembre 2020 », détaille Yvonne Mhango, économiste pour la banque d’investissement Renaissance Capital, à Johannesburg.
La baisse des prix du pétrole – dont le Nigeria est le sixième producteur mondial – durant les premiers mois de la pandémie de Covid-19 a asséché les réserves de change. Dans le sillage de la crise sanitaire, celles-ci ont été également affectées par la baisse des transferts de fonds de l’immense diaspora nigériane (– 24 % au premier trimestre 2021 par rapport à l’année précédente), alors qu’ils étaient déjà passés de 23,4 à 16,9 milliards de dollars entre 2019 et 2020 (de 20,9 à 13,8 milliards d’euros).
« Il n’y a plus assez de dollars dans les caisses pour soutenir la monnaie, donc la CBN a décidé de limiter l’offre au maximum sur le marché des changes, afin d’éviter que ses réserves ne soient totalement siphonnées, notamment par les acteurs privés qui ont besoin de dollars pour importer », résume un diplomate en poste à Abuja, la capitale politique. Obtenir des devises étrangères au guichet officiel de la banque centrale est ainsi devenu un véritable parcours du combattant.
« Une grande entreprise qui a besoin de 5 ou 6 millions de dollars chaque mois pour fonctionner va réussir à en avoir 500 000 ou 600 000 au taux de la banque centrale », souligne le diplomate. « Il faut parfois attendre plusieurs mois pour obtenir une autorisation d’importer. Et encore, on ne nous octroie qu’une petite portion de la somme demandée », se plaint aussi le propriétaire d’un commerce de détail à Lagos, qui souhaite conserver l’anonymat.
Fin juillet, la CBN est allée plus loin en cessant de vendre des devises étrangères aux bureaux de change, accusés de contribuer à l’instabilité du marché en pratiquant un taux de conversion différent de celui appliqué par l’institution monétaire (environ 411 nairas pour 1 dollar). Mais au lieu de stopper l’hémorragie, cette décision a fait exploser les circuits parallèles et entraîné une spirale de dépréciation du naira, qui a chuté jusqu’à 580 pour 1 dollar sur le marché noir vendredi 24 septembre.
Malgré ce taux de change prohibitif, les acteurs économiques n’ont d’autre choix que de se tourner vers les revendeurs non autorisés pour satisfaire leurs besoins en devises étrangères. « On trouve des arrangements de gré à gré avec des sociétés qu’on connaît et qui peuvent facturer en dollars », détaille la directrice financière d’une filiale d’un groupe international, qui préfère elle aussi taire son nom compte tenu de la sensibilité du sujet auprès des autorités : « D’autres sociétés passent par des intermédiaires, mais dans ces cas-là il est beaucoup plus difficile de vérifier l’origine des fonds. »
Sous pression de la CBN, le site AbokiFX, qui servait d’outil de référence pour connaître le taux de change sur le marché parallèle depuis 2014, a cessé de donner cette information depuis le 17 septembre.
« Maintenant, quand j’ai besoin de connaître le taux du jour, j’envoie nos chauffeurs dans trois bureaux de change différents pour me faire une idée de la tendance », poursuit la directrice financière. Pour d’autres, la question n’est plus là. « Quand j’appelle mon intermédiaire pour payer mes fournisseurs en Europe, je ne lui demande même plus le taux de change, je veux juste savoir combien de dollars il va pouvoir me fournir ! », s’exclame le commerçant déjà cité.
Si les multinationales peuvent toujours s’endetter auprès de leur siège afin de poursuivre leurs activités, la situation est plus critique pour les compagnies locales. Le directeur de l’Association des fabricants du Nigeria, Segun Ajayi-Kadir, peste contre le gouvernement fédéral, « qui ne soutient absolument pas la production locale », pourtant la seule solution pour alléger la dépendance du pays aux devises étrangères.
« Il faudrait débloquer immédiatement 2 milliards de dollars pour les fabricants afin qu’ils puissent continuer d’importer les matériaux dont ils ont besoin », poursuit Segun Ajayi-Kadir, qui rappelle que la compétitivité de l’industrie nigériane est déjà entravée par une série de problèmes structurels. « Imaginez que cela coûte aussi cher de faire venir un conteneur depuis l’étranger que de le transporter du port de Lagos jusqu’à l’entrepôt situé à 27 km de là ! », se lamente-t-il.
La semaine dernière, le Nigeria a tout de même émis avec succès pour 4 milliards de dollars d’obligations Eurobond, qui s’ajoutent à un droit de tirage spécial de 3,35 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international (FMI) en août. Mais cela ouvre peu de perspectives sur le long terme, compte tenu des besoins en liquidités du pays et de ses contraintes budgétaires. Mercredi, un utilisateur du site AbokiFX disait avoir échangé 615 nairas pour 1 dollar, signe que la pression reste forte sur le marché parallèle.
Liza Fabbian(Lagos, correspondance)
Contribuer
Dans la même rubrique
Édition du jour
Daté du jeudi 8 septembre
Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Pour soutenir le travail de toute une rédaction, nous vous proposons de vous abonner.
Vous avez choisi de refuser le dépôt de cookies lors de votre navigation sur notre site, notamment des cookies de publicité personnalisée.
Le contenu de ce site est le fruit du travail de 500 journalistes qui vous apportent chaque jour une information de qualité, fiable, complète, et des services en ligne innovants. Ce travail s’appuie sur les revenus complémentaires de la publicité et de l’abonnement.
Déjà abonné ?
Newsletters du monde
Applications Mobiles
Abonnement
Suivez Le Monde

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :