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Le Royaume-Uni en pleine crise politique et monétaire : nos correspondants Cécile Ducourtieux et Eric Albert ont répondu à vos questions sur les conséquences du projet de budget annoncé par Liz Truss.
Nous finissons ici ce tchat avec Cécile Ducourtieux et Eric Albert. Merci de votre lecture et de votre participation, à bientôt !
Le retour dans le giron de l’Union européenne (UE) est une perspective lointaine. Elle n’est pas du tout au programme du Labour, qui pourrait bien revenir au pouvoir d’ici à 2024, après entre douze et quatorze années dans l’opposition. Les travaillistes veulent normaliser les relations avec l’UE – qui sont exécrables – et renégocier un accord de Brexit qui limite les frictions et pénalise moins les entreprises, les scientifiques ou les artistes britanniques. S’ils y parviennent, ce serait déjà une très bonne chose, pour les Britanniques et pour le reste des Européens.
Pour l’instant, la livre sterling a rebondi, autour de 1,11 pour un dollar, après avoir baissé à 1,035, son plus bas historique. Mais la banque Nomura, par exemple, table sur la parité avec le dollar d’ici à la fin de novembre.
Bonsoir,
La manière de Liz Truss d’imposer des réformes impopulaires (la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique, la suppression du taux d’imposition à 45 % ou la levée du plafonnement des bonus des banquiers) est effectivement choquante. Pour rappel, elle n’a été désignée que par 81 000 membres du Parti conservateur, pas franchement représentatifs du corps électoral britannique. Pis : pas mal de ses propositions vont à l’encontre du « manifesto », le programme sur lequel Boris Johnson s’est fait élire lors des dernières élections générales. Il n’était pas question, par exemple, de reprendre la fracturation hydraulique ou de balancer par-dessus bord toute discipline budgétaire.
Le budget a quand même annoncé le gel des factures de gaz et d’électricité, certes à un niveau qui est le double de l’an dernier, mais qui aurait été le triple sans cette aide. Par ailleurs, les baisses d’impôt vont également se faire sentir positivement (mais surtout chez les plus riches).
La panique financière qui a suivi l’annonce du budget a provoqué une vive hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers. Première conséquence : de nombreuses banques ont retiré leurs offres de nouveaux prêts immobiliers, le temps de recalculer (à la hausse) le taux qu’elles proposeront. Sur la BBC, une Britannique témoignait qu’on lui avait proposé un prêt à 10 % ! Il s’agit d’une anomalie, qui va disparaître quand la crise se sera calmée, mais les taux des prêts hypothécaires vont fortement augmenter. Tous les analystes tablent désormais sur une baisse des prix immobiliers, généralement autour de 15 %.
Bonsoir,
Avant l’arrivée de Liz Truss à Downing Street, le projet « Global Britain » était déjà un concept nébuleux. Probablement, dans la tête des brexiters nostalgiques de la grandeur de l’Empire britannique, le fantasme d’un pays tournant le dos à l’Union européenne et se projetant à nouveau « au-delà des mers », vers l’Indo-Pacifique et les Etats-Unis. Mais, avec la guerre en Ukraine et les perspectives économiques qui réduisent encore la marge de manœuvre du pays, on ne parle plus trop de « Global Britain » dans les cercles du pouvoir.
Bonjour,
Les économistes sont relativement unanimes : les baisses d’impôts pour les plus riches ne profiteront guère à la relance. Plus on est riche, plus on peut épargner, et que les riches mettent un peu plus d’argent de côté dans la période actuelle ne changera presque rien. Or, dans le budget présenté le 23 septembre, 45 % des baisses d’impôts (pour ce qui concerne les impôts sur les particuliers) bénéficiaient aux 5 % les plus riches. Néanmoins, d’autres cadeaux fiscaux étaient plus larges, par exemple une baisse des cotisations sociales. Cette partie va clairement avoir un effet de soutien à l’économie.

C’est le Parti conservateur qui héberge pour l’instant ce courant d’extrême droite populiste, ses éléments modérés ayant pour beaucoup d’entre eux quitté le navire en 2019. N’est-ce pas le gouvernement de Boris Johnson qui a proposé la politique de déportation des demandeurs d’asile vers le Rwanda ?
Bonjour,
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, est très fier de ses origines irlandaises et très attaché à la paix en Irlande du Nord, garantie par la signature de l’accord du Vendredi saint (1998). Le protocole nord-irlandais a été conçu, par Bruxelles (et par Londres) comme un moyen de préserver cet accord de paix, alors que le Brexit posait à nouveau, brutalement et dangereusement la question des identités irlandaise-britannique et nord-irlandaise en Irlande du Nord. Le protocole est imparfait mais considéré comme indispensable à Bruxelles – tout comme à Washington – pour préserver ce traité de paix.
C’est une invention de Liz Truss. Normalement, un budget est accompagné de documents de l’Office for Budget Responsibility, un organisme d’Etat mais indépendant, qui réalise des projections économiques et calcule l’équilibre budgétaire à venir. Le nouveau gouvernement ne voulait pas présenter ces documents, qui étaient pourtant à sa disposition, et Liz Truss a donc inventé ce « minibudget » qui était censé être une première étape après sa prise de pouvoir. Mais, comme le disait une caricature dans le Financial Times : « Heureusement que ce n’était pas un maxibudget. »
Effectivement, ce programme économique n’a pas surpris : elle avait presque tout annoncé durant sa campagne – une campagne interne, restreinte à environ 180 000 membres du Parti conservateur, il faut le rappeler. Fin août, début septembre, les experts politiques redoutaient déjà des temps mouvementés, notamment des relations exécrables avec l’UE sur le protocole nord-irlandais. Elle a surpris par l’ampleur des cadeaux aux plus fortunés, ce discours sans compassion et totalement assumé sur le mode « il faut en finir avec la redistribution » (aux plus faibles). Cet été, elle excluait par exemple le retour de l’austérité… qui paraît maintenant difficile à éviter. Enfin, cette manière de communiquer sur le minibudget, en refusant de solliciter l’avis de l’Office for Budget Responsibility, un organisme indépendant chargé d’évaluer la soutenabilité des budgets publics, a affolé les marchés.
Bonjour,
Ce qui arrive aux Britanniques est effectivement un sérieux avertissement : l’ère de l’argent gratuit est finie. Plus personne n’emprunte à taux zéro, voire négatif. Tous les Etats vont progressivement voir la charge de leur dette progresser. Et la transition entre la période des taux zéro et celle où ils se stabiliseront (à 2 ou 3 % en zone euro ? 4 ou 5 % aux Etats-Unis ? Qui sait ?) est de toute façon difficile. La mésaventure britannique le rappelle : les marchés financiers ne font plus de chèque en blanc (sauf aux Etats-Unis, qui ont une monnaie de réserve), et un minimum de sérieux budgétaire s’impose.
Bonsoir,
C’est d’abord Liz Truss qui s’est présentée comme l’héritière directe de Margareth Thatcher, et sans grande subtilité. Son compte Instagram, à la fin de 2021 et au début de 2022, était alimenté par des photos d’elle prenant la pose quasi exactement comme la Dame de fer quarante ans plus tôt (dans la tourelle d’un char, en chapka sur la Place rouge). Les commentateurs politiques décrivent à longueur de chronique, ces derniers jours, à quel point Mme Thatcher n’aurait pas fait comme elle…

Bonjour,
Le rôle constitutionnel du souverain, au Royaume-Uni, est celui de chef de l’Etat. Il est entendu – et très important – qu’il reste absolument neutre. Charles III doit précisément se défaire d’une réputation d’interventionnisme en politique acquise dès les années 1980, et qui explique l’essentiel des réserves que les Britanniques ont à son égard. Il n’est évidemment pas à exclure qu’il dise sa manière de penser à la première ministre lors de leurs audiences hebdomadaires, qui ont dû reprendre (la période de deuil étant terminée), mais les conseillers du roi doivent probablement lui avoir recommandé de n’en rien faire transpirer publiquement.
Bonjour,
Disons que c’est plutôt l’inverse : la crise britannique n’aurait pas eu lieu si les tensions financières n’étaient pas déjà très fortes. Au cœur du problème vient la très forte remontée des taux d’intérêt des Etats-Unis, en hausse de 3 points en six mois, à plus de 3 % aujourd’hui. D’un coup, les investisseurs qui mettaient leur argent dans le reste du monde préfèrent aller vers les Etats-Unis, où le risque financier est très faible. Pour faire simple, l’idée pour un investisseur est : « Pourquoi donc investir en Italie à 5 % si je peux investir aux Etats-Unis à 4 % ? » Ainsi, tous les flux financiers vont vers le dollar, qui monte, et toutes les autres monnaies baissent : l’euro est au plus bas depuis 2002 ; le yen, depuis 1998 ; la livre sterling, depuis 1985.
Pour compenser, et pour combattre l’inflation, les banques centrales de tous les pays augmentent leurs taux d’intérêt. Pour un monde qui est très endetté (au niveau des ménages, des entreprises et des Etats), c’est un vrai souci. Comme me le disait l’économiste d’une grosse société d’assurance, aujourd’hui « personne n’a le droit à l’erreur ». C’est justement dans ce piège que se trouvent les Britanniques : ils ont fait une grosse erreur avec leur budget.
Bonjour,
Les prochaines élections générales – les élections des députés à la Chambre des communes – doivent être organisées au plus tard en janvier 2025. Cependant, des élections générales anticipées peuvent toujours être décidées par le gouvernement.
Bonjour,
La porte est très étroite… Mme Truss peut tenter, sans trop perdre la face, de revoir son « mini-budget », quitte à sacrifier son chancelier de l’Echiquier. Elle devrait aussi essayer de parler avec davantage d’empathie (les ménages britanniques font face à de sombres perspectives) ou refuser à tout prix de sacrifier les allocations sociales, déjà bien maigres, dont bénéficient les Britanniques les plus fragiles, pour calmer les marchés et équilibrer son budget.
Précisément pour cela. Si vous êtes dans l’Union européenne depuis cinq décennies et que vous constatez de très fortes inégalités et une stagnation économique, il est tentant de penser qu’en sortir pourrait arranger les choses. Pendant la campagne du référendum, en 2016, j’ai rencontré beaucoup de gens qui disaient : « On nous dit que sortir de l’UE sera mauvais pour l’économie, mais, franchement, regardez autour de moi, je n’ai pas grand-chose à perdre. »
Les Britanniques utilisent un mot allemand, Schadenfreude, c’est-à-dire « prendre un certain plaisir aux problèmes d’un autre ». Et, entre la France et le Royaume-Uni, cela fait mille ans qu’on adore se détester, ou qu’on déteste s’adorer. Mais en l’occurrence, non, point de Schadenfreude : il est quand même exceptionnel que la crédibilité budgétaire du Royaume-Uni, sixième puissance économique mondiale, soit mise en cause. Que le Fonds monétaire international intervienne publiquement, et demande à Liz Truss de changer son budget. Que la Banque d’Angleterre soit obligée de venir au secours des fonds de pension. Tout ça avec une première ministre au pouvoir depuis trois semaines.
Bonne question : au printemps dernier, Liz Truss a porté le projet de loi dit « Northern Ireland Protocol Bill », qui remet en cause fondamentalement le protocole nord-irlandais, partie cruciale du traité de Brexit. L’Union européenne (UE) considère ce projet de loi comme une violation en puissance, par le Royaume-Uni, de ses engagements internationaux et refusera probablement toute négociation pour aider à l’application du protocole sur le terrain si Mme Truss continue à défendre l’adoption de ce projet de loi au Parlement. Pour l’instant, on ne sait pas grand-chose de ses intentions : elle est trop occupée à sortir de son catastrophique faux pas budgétaire. Sa présence à Prague, le 6 octobre, sera un bon test de ses intentions vis-à-vis de l’UE : elle a finalement accepté de se rendre à la réunion de la « communauté politique européenne ».

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