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Si les resserrements monétaires évoqués la semaine dernière ont pour but de contrer l’inflation, ils ont aussi cette conséquence, plus ou moins volontaire, de faire varier les taux de change. Le summum en la matière est atteint par le dollar, dont la valeur extérieure par rapport à l’ensemble des autres monnaies n’avait plus été aussi élevée depuis une vingtaine d’années. Même chose pour le franc, rare monnaie à ne pas être affectée par la hausse de la devise américaine et à la valoir aujourd’hui presque à égalité (0,9862 fr. pour 1 dollar), bien que pour de tout autres raisons.
La force du dollar, inversement symbolique de la faiblesse de l’euro, de la livre sterling et de quelques autres monnaies de moindre importance telle la couronne suédoise, tient d’abord à son rôle de moyen de paiement dominant dans les échanges internationaux, avec presque 90% de l’ensemble des transactions sur le marché des changes, soit infiniment plus que les 5% dévolus au franc. Cette hégémonie n’a pas toujours été synonyme de valeur élevée. On se souvient par exemple de l’effondrement du dollar à la fin des changes fixes, quand il était tombé des 4,372 francs originels à 1,571 fr. en septembre 1978, puis à 1,145 fr. en octobre 1995 après sa passagère remontée de mars 1985 à 2,806 fr.
Ce qui lui avait valu cette valse à trois temps, c’étaient les renversements d’attitude de la Réserve fédérale, tantôt trop accommodante, tantôt excessivement restrictive, selon que sa priorité consistait à soutenir l’emploi, lutter contre l’inflation ou encore redresser la balance courante. Aujourd’hui, c’est incontestablement le deuxième de ces objectifs qui a la priorité, puisqu’il a amené la Fed à procéder à une série de hausses des taux directeurs puis en annoncer de subséquents, en nombre suffisant pour ramener l’inflation à 3% au maximum, quel qu’en sera le coût conjoncturel (qu’on soupçonne substantiel, tant le chemin à parcourir sera long au vu des 8,3% actuels).
«Notre économie est infiniment plus tributaire du commerce extérieur que ne l’est celle des États-Unis.»
Outre sa prédominance dans les échanges, c’est incontestablement son attrait en tant qu’actif financier à rendement élevé qui propulse le dollar sur le marché des changes et fait de cette revalorisation un élément qui n’est pas pour déplaire à l’autorité monétaire. En effet, alors que, jadis, la hausse du taux de change signifiait une perte de compétitivité industrielle, elle revient en quelque sorte – aujourd’hui, les aspects financiers l’emportent dans une économie dominée par les activités de services – à exporter de l’inflation dans les autres pays, puisque les prix à l’importation baissent aux États-Unis et y exercent une pression concurrentielle désormais salutaire sur la production domestique. La pilule est amère pour les pays à monnaie faiblissante, car elle les contraint, condamnés eux aussi à lutter contre l’inflation qui les ravage, à porter leurs propres taux d’intérêt à des niveaux dont ils se passeraient bien tant les risques récessionnistes sont devenus menaçants.
Le franc, pensera-t-on, tire à cet égard son épingle du jeu, puisque son indice du taux de change effectif, quasi identique à celui du dollar, contribue de même à tempérer les pressions inflationnistes par le biais des importations. Mais c’est faire peu de cas de l’impact du ralentissement conjoncturel observable alentour: notre économie est infiniment plus tributaire du commerce extérieur que ne l’est celle des États-Unis, dont les exportations de biens et services représentent à peine 10% du PIB, soit sept fois moins que nos presque 70%. Ne répète-t-on pas d’ailleurs à l’envi qu’un franc sur deux est gagné à l’étranger?
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