Rubriques et services du Figaro
Le Figaro
Rubriques et services du Figaro
Nos journaux et magazines
Les sites du Groupe Figaro
Nombreux sont les termes à avoir évolué, une fois passés de l’autre côté de la Manche. Le Figaro vous propose d’en découvrir, grâce au livre Mots voyageurs: petite histoire du français venu d’ailleurs de Marie Treps.
Un peu d’Histoire d’abord. Nous l’oublions trop souvent: il fut un temps où les Anglais parlaient français. Au XIe siècle, Guillaume le Conquérant traversa la Manche, accompagné de vingt mille Normands. Après avoir remporté la fameuse bataille d’Hastings, le duc de Normandie se fit couronner roi d’Angleterre le 25 décembre, sous le nom de Guillaume Ier.
» LIRE AUSSI – Jean Pruvost: «Soyons fiers de parler français!»
«On observa alors ce curieux phénomène: la haute société anglaise parlait et écrivait français, abandonnant au peuple l’usage de l’anglais», écrit Marie Treps dans son éclairant livre Les mots voyageurs: petite histoire du français venu d’ailleurs (Points). Ainsi, c’est tout naturellement qu’une fois passés de l’autre côté de la Manche, certains termes français prirent une nouvelle signification. Mieux encore, Marie Treps constate que certains réapparurent grâce à l’anglais comme c’est le cas du mot «agitateur». À l’origine, il désignait en français un «cocher». «Tombé dans l’oubli, le mot revient de l’anglais en 1687, dans un sens politique conforme à la réalité anglaise du moment», écrit la linguiste. «On l’adopte bientôt, on en modifie le sens pour l’adapter à la réalité française.» C’est ainsi qu’en 1792, Robespierre l’employa à la place de «factieux».
Autre conséquence de ce phénomène d’«aller-retour linguistique»: «il arrive que le français emprunte un mot qu’il possède depuis belle lurette parce que, outre-Manche, celui-là a développé un sens tout à fait différent». Prenons par exemple le terme «standard». Nous lisons dans Le Trésor de la langue française qu‘il vient de l’ancien français estandart, estandard, «enseigne de guerre», qui a donné «étendard». En 1154, précise Marie Treps, le mot passe en anglais et prend un nouveau sens: «modèle, étalon de mesure (d’abord de monnaie ou de poids)». Il faut attendre le XVe siècle pour que «standard» devienne le synonyme de «modèle, exemple».
Évoquons également la «pollution». «Emprunté au latin au XIIe siècle, le mot fait carrière en français au sens de ‘‘souillure’’, notamment dans des contextes religieux», analyse Marie Treps. En effet, pollutio doit se comprendre au sens de «profanation» en latin chrétien, précise le Trésor de la langue française. Vers 1960, «pollution endosse son sens moderne (‘‘souillure d’un milieu naturel par une action humaine’’) sous l’influence de l’anglais pollution, lui-même emprunté postérieurement au français», conclut l’auteur.
Les Français, entre 1680 et 1690, furent environ 8000 à rejoindre l’Angleterre, «berceau du parlementarisme». Vu de France, les «institutions politiques anglaises sont considérées comme un modèle que la Révolution s’efforcera, au siècle suivant, d’imiter». Ainsi, l’on emprunta peu à peu un vocabulaire parlementaire élaboré par les Anglais. C’est alors que certains mots connurent un second souffle.
C’est le cas de «motion» qui signifie, en ancien français «action de mouvoir». Au XIVe siècle, les Anglais nous l’empruntèrent «pour combler une lacune dans leur vocabulaire: ils l’utilisent avec le sens d’incitation». En France, le mot disparut. Mais de l’autre côté de la Manche, sa sémantique évolua jusqu’à revêtir une couleur politique. C’est ainsi qu’en 1775, le français accueillit de nouveau le mot, «dans l’effervescence des débats qui précèdent la Révolution: dans une assemblée délibérante, un des membres peut faire une proposition… On utilise toujours motion en ce sens».
Il faut également mentionner le terme «vote» qui vient du latin votum qui a donné en français «vœu» et «vote» en anglais. Cela montre bien que c’est «par l’anglais que nous arrive le terme politique, en 1702», poursuit Marie Treps. Il faut attendre la Révolution pour que le mot se popularise réellement. Enfin, mentionnons la «convention» qui, en français, n’avait «pas survécu au-delà du XVIe siècle», nous apprend l’auteur. «Réacclimaté au début de la Révolution, après avoir été engraissé sur le terreau anglo-américain, il a désigné, agrémenté d’une majuscule, l’Assemblée qui a dirigé la France de 1792 à 1795.»
» Dictée du Figaro: Bernard Werber s’impose en maître de l’orthographe
Dictée du Figaro : Bernard Werber s’impose en maître de l’orthographe – Regarder sur Figaro Live
» Vous pouvez également suivre Figaro Langue française sur Twitter.
» Posez toutes vos questions sur la langue française grâce à notre Forum.
» Retrouvez notre rubrique langue française sur Le Figaro Store.
» Passionné de jeux de lettres? Téléchargez notre application Figaro Jeux.
COMMUNE
le
Excellent.
A propos de l’évolution du mot “mouvoir”, celui-ci est encore utilisé ,jusqu’en Amérique. En effet lors de débats solennels, les Américains ont gardé un conformisme, sans doute hérité des Anglais, qui est celui de notre duel au Moyen-Age. Selon ce conformisme, lors de débats il y a un prétendant, celui qui accroche le grelot et propose quelque chose, et un ou plusieurs opposants (“challengers”) qui le contestent. Le rôle du Président (comme au Moyen-Age) est de contrôler le débat, en donnant ses chances à l’un ou l’autre camp. Lorsque le “prétendant” s’est exprimé, le Président demande s’il y a un avis contraire. Dans l’affirmative, le Président demande, que l’opinion soit clairement précisée. Et ensuite, ” … qui soutient cette opinion ?”. Les mains qui se lèvent, le font en disant ” I move”, [de, “se mouvoir”], ce qui veut dire, “je bouge, je me mobilise”. S’il y a plusieurs mains (et non une seule, ce qui ne vaut pas débat public), le Président déclare, ” …There is a motion on the floor”, il y a un défi (“challenge”). C’est le formalisme du Moyen-Age, la provocation en duel, c’est-à-dire au Jugement de Dieu. Car cette provocation se faisait avec un gant jeté par terre, “on the floor”. Donc “motion”, “move” (de “mouvoir”), sont encore utilisés chez les Anglo-saxons, de façon tout à fait officielle.
Oumplatichotte
le
Drôle d’exemple de progrès, où le mot “standard” est maintenant employé à la place de “norme”. Faut-il se réjouir de multiplier les anglicismes et de réduire le sens de ce qu’on dit ? De même avec “impact”, qu’on utilise désormais à tort et à travers pour tout dire, en déclinant avec des impacter / impactant, etc… alors que nous avons des mots tout à fait adéquats, genre “perturbé”, affecté, etc…
Clo de Zur.
le
N’oublions pas Budget venant du français Bougette qui était un porte-monnaie au moyen âge, une bourse accrochée au pommeau de la selle des chevaux et qui donc bougeait au rythme de l’animal. Les anglais nous l’ont emprunté, modifié et renvoyé sous forme de budget. Celui-là est mon préféré !
À l’occasion de la «fête des chandelles», durant laquelle il est coutume de déguster des crêpes, Le Figaro revient sur les expressions nées de ce mets.
À l’occasion de la sortie du film Astérix et Obélix: L’Empire du Milieu, Le Figaro vous propose de revenir sur ces termes qu’employaient les contemporains de nos deux héros.
Les deux formes s’observent, sans pour autant posséder la même signification. Quelles sont les particularités de l’une et de l’autre?
À tout moment, vous pouvez modifier vos choix via le bouton “paramétrer les cookies” en bas de page.
Cinq mots français dont le sens s’est enrichi grâce à l’anglais
Partager via :
10 commentaires
10
Le Figaro
Les articles en illimité à partir de 0,99€ sans engagement

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,