C’est une chute qui fait vaciller tout le marché des cryptomonnaies : en une semaine, la plateforme FTX, considérée comme l’une des plus sûres, a fait faillite, après des révélations sur les montages financiers de son fondateur.
Depuis une semaine, et surtout depuis vendredi, le monde des cryptomonnaies tremble : l’un des géants du secteur, la plateforme FTX, s’est déclaré vendredi en faillite. Une annonce qui a déstabilisé tout le marché – le groupe FTX était évalué à environ 32 milliards de dollars.
FTX est une plateforme de transactions en cryptomonnaies. Elle permet à ceux et celles qui le souhaitent d’acheter, avec une monnaie “classique” (dollars, euros) des cryptomonnaies, puis d’y réaliser des transactions y compris entre cryptomonnaies. Implantée aux Bahamas, cette plateforme d’échanges a été créée il y a trois ans à peine, en 2019, par Sam Bankman-Fried, 30 ans, surnommé SBF.
En trois ans, FTX est devenue l’une des plateformes les plus puissantes sur ce marché : la deuxième à l’échelle mondiale, juste derrière Binance, sa principale concurrente. Sam Bankman-Fried, qui avait réussi à compter des personnalités comme le basketteur Shaquille O’Neal ou la mannequin Gisele Bundchen parmi ses investisseurs, a été acclamé ces derniers mois, y compris par la presse spécialisée comme “Forbes”, comme l’un des entrepreneurs les plus influents du moment. Sa fortune personnelle était estimée à 17 milliards de dollars.
Tout s’est joué en à peine plus d’une semaine : le 2 novembre dernier, des enquêtes dans la presse révèlent un possible conflit d’intérêt majeur visant Sam Bankman-Fried. Celui-ci a créé un fonds d’investissement, Alameda Research, qui se trouve être alimenté en grande partie par des fonds libellés en FTT : des “FTX Tokens”, qui ont la particularité d’être créés par FTX, et de ne pouvoir être utilisés que sur cette plateforme.
Dans la foulée, Binance, concurrent de FTX, a annoncé vouloir vendre tous ses actifs en FTT – avant de proposer, un peu plus tard, un sauvetage passant par un rachat. Mais ce rachat est tombé à l’eau après un audit qui a pointé du doigt une mauvaise gestion du groupe et de ses fonds. “Quand vous mélangez l’argent de clients, un manque de transparence, des emprunts contre cet argent et du courtage, les investisseurs en font les frais”, a analysé Gary Gensler, président de la SEC, l’autorité américaine des marchés boursiers.
Résultat, vendredi 11 novembre, Sam Bankman-Fried a annoncé qu’il lançait la procédure volontaire de faillite de son entreprise – dont il a démissionné par la même occasion. Faute de fonds disponibles, FTX n’a pas pu traiter toutes les demandes de ses clients qui se précipitaient pour récupérer leurs actifs.
De nombreux analystes considèrent que la faillite de FTX aujourd’hui est l’équivalent de celle de la banque Lehman Brothers en 2008, dans la crise des subprimes. Toute l’industrie des cryptomonnaies est déséquilibrée par la disparition de cette plateforme, qui était considérée comme l’une des plus sûres. L’impact sur la confiance des investisseurs pourrait avoir des conséquences lourdes et pousser des investisseurs à se retirer – d’autant plus que samedi, au lendemain de l’annonce de la faillite de FTX, un vaste piratage a touché la plateforme, pour un butin dérobé de plus de 650 millions d’euros.
FTX était elle-même évaluée à quelque 32 milliards de dollars. Sa banqueroute éclair fragilise le marché, qui s’est contracté de 200 milliards de dollars en une semaine à peine. Le cours du bitcoin, la plus utilisée des cryptomonnaies, a baissé de plus de 20% en une semaine, afin de se stabiliser ce week-end. Une déroute qui arrive dans une période déjà compliquée, cette année, pour ces actifs financiers.
Sur le moyen et le long terme, si cette faillite n’est pas synonyme de disparition des cryptomonnaies, elle pourrait bien pousser le secteur vers une plus grande régulation – ce serait l’ironie du sort, les cryptomonnaies s’étant elles-mêmes développées après la crise des subprimes et en réaction à une régulation trop forte notamment des banques centrales. Ainsi, lundi, Binance, qui se retrouve leader incontesté du secteur, a plaidé pour la mise en place d’une nouvelle régulation “stable et claire” du secteur.
Mais d’autres plateformes suscitent des doutes : c’est le cas de Crypto.com, qui a attiré les curiosités après la révélation d’un transfert de 400 millions de dollars en ether (une autre cryptomonnaie) vers une autre plateforme – le patron de Crypto.com a assuré qu’il s’agissait d’un transfert par erreur et que celui-ci avait été annulé.
Oui et non. De très nombreux investisseurs ayant misé sur les cryptomonnaies, les risques de pertes sont forts – et si les monnaies sont dématérialisées, les pertes, elles, seraient bien réelles. Mais si l’on dépasse ce côté individuel, sur le plan structurel, les risques sont limités pour la finance “traditionnelle” : les cryptomonnaies se sont développées en opposition au système bancaire. Vendredi, après l’annonce de la faillite de FTX, Wall Street a ainsi fermé… en hausse.
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