Le régime de surveillance renforcée imposé par la Commission européenne à la Grèce a été levé samedi 20 août. Cette date marque la fin d’une crise qui avait mis en danger la monnaie européenne. Toutefois, pour la Grèce, le chemin pour assainir ses finances reste encore long.
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Commission européenne : la Grèce n’est plus sous surveillance, mais reste très endettée
Aujourd’hui, la Grèce revient de loin mais l’économie reste fragile. Par exemple, la dette, qui était au début de la crise à 177 % du PIB, atteint actuellement 189 %.
PETR DAVID JOSEK/AP
C’est un jour historique pour les Grecs. Après douze ans de surveillance budgétaire imposée par la Commission européenne, le pays est délivré de ce contrôle constant, qu’ils ont vécu comme une humiliation. Le premier ministre, le conservateur Kiriakos Mitsotakis, a souligné dans un message à la nation « qu’un nouvel horizon clair de croissance, d’unité, de prospérité émerge pour tous ».
Pour autant, nulle euphorie en Grèce. Deux jours auparavant, le ministre des finances Christos Staikouras relativisait : « On est contents, mais il n’y a pas d’enthousiasme. Cela ne veut pas dire que nous pourrons faire ce que nous voulons. Cela veut juste dire que nous suivrons les mêmes règles que les autres pays européens, alors que jusqu’à présent nous devions respecter des règles beaucoup plus dures que les autres pays. Mais cette levée de surveillance budgétaire est la reconnaissance des terribles sacrifices de la société grecque. »
Ce contrôle datait de 2010. À l’époque, le premier ministre grec, le socialiste Georges Papandréou, constatant que les caisses étaient vides, avait dû, dans l’urgence, et pour éviter la banqueroute, faire appel au FMI. C’était le début du cauchemar. Les créanciers du pays, FMI, EU, BCE (Banque centrale européenne) imposaient alors à la Grèce trois plans de sauvetage d’un montant total de 289 milliards d’euros, en échange de mesures d’austérité : gel des embauches dans la fonction publique, baisse des salaires et retraites, amputation des budgets de la santé et de l’éducation.
Le chômage était monté à 30 %, tout comme la part de population sous le seuil de pauvreté. Les impôts avaient augmenté de 52 % et de nombreux biens publics avaient été privatisés pour réduire la dette colossale. La colère des Grecs s’était traduite par l’entrée au Parlement du parti néonazi Aube dorée. Il y siégera jusqu’en 2019.
Aujourd’hui, le pays revient de loin mais l’économie reste fragile. L’inflation et le chômage sont à 12 %, le gaz naturel a augmenté de 174 %, l’électricité de 57 % et les loyers de 31 % sur un an. Plus grave, la dette, qui était au début de la crise à 177 % du PIB, atteint actuellement 189 %.
Aussi, pour Kostas Melas, professeur d’économie à l’université Panteion d’Athènes, cette sortie du programme de surveillance « est juste une date dans un calendrier. Rien de plus. On crée toujours des déficits alors que dès 2023 la Grèce est censée dégager 2,1 % d’excédent budgétaire, voire plus, et cela jusqu’en 2060. On en est loin ».
À ceci s’ajoutent les réformes que le pays doit encore mener d’ici à octobre pour obtenir le décaissement des bénéfices des bons d’État, d’un montant de 750 millions d’euros. Aussi les Grecs, même si l’économie du pays s’est améliorée, ont-ils surtout l’impression qu’une nouvelle crise se prépare.
Selon les agences de notation, la Grèce devrait connaître une croissance de 4 % en 2022, soit presque le double de celle de l’Union européenne. Mais, malgré une saison touristique exceptionnelle ce chiffre devra probablement être revu à la baisse, selon Kostas Melas, « à cause de la baisse de consommation prévue dès septembre ». C’est pourquoi l’humeur des Grecs n’est pas à la fête.
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