C’est un peu l’effet papillon appliqué à l’électronique, ou comment la pénurie de composants dans l’industrie chinoise cause une frustration monstre… chez les gamers français. Pour n’avoir pas assez anticipé une demande qui s’est envolée, les fabricants de consoles se sont retrouvés rapidement en rupture de stock avant Noël. Mais la situation pourrait désormais perdurer à cause d’une succession de défaillances dans la chaîne de production. Plongée dans l’univers impitoyable et interdépendant de l’approvisionnement en composants électroniques…
Pour rappel, la PS5 de Sony et la Xbox Series de Microsoft font toutes les deux appel à une puce principale (SoC), un composant central qui concentre toute la puissance de calculs des consoles. Sans elle, la fabrication des appareils est totalement grippée. Reconnaissant une « demande supérieure à ce qui était anticipé », Lisa Su, la PDG de l’américain AMD, le fournisseur unique des deux fabricants de console, expliquait récemment dans une interview que tout était mis en place pour « augmenter nos capacités de production pour y remédier ».
Problème : AMD connaît de sérieux problèmes d’approvisionnement chez son propre sous-traitant, le fondeur de puces taïwanais TSMC, qui grave les « wafers » ou des galettes ultra-fines qui accueillent des circuits, des transistors et des semi-conducteurs. Ce sous-composant dépend lui-même d’autres micro-pièces, dont une denrée rare actuellement, le substrat ABF. Inventé par une entreprise japonaise, le Ajinomoto Build-up Film, c’est son petit nom commercial, consiste en plusieurs couches de micro-circuits. C’est surtout un film en résine qui est devenu l’isolant électrique incontournable de l’industrie des processeurs.
On le retrouve dans tous les ordinateurs portables, les serveurs ou encore les systèmes électroniques embarqués dans les voitures.
Or, ses fabricants chinois n’arrivent plus à suivre la demande mondiale depuis plusieurs mois. La crise sanitaire du Covid-19 ayant au passage paralysé l’activité industrielle chinoise pendant plusieurs semaines…
Comme si ce n’était déjà pas assez compliqué, cette crise structurelle s’accompagne aussi d’une pénurie conjoncturelle, liée à un bras de fer américano-chinois.
« La pénurie qui touche AMD est un dommage collatéral des commandes monstres de chipsets par Huawei l’an dernier », analyse Laurent Le Pen, patron de Omate, un fabricant chinois de montres connectées qui subit aussi ce manque de composants. Concrètement, « les Etats-Unis ont interdit au taïwannais TSMC de fournir de nouveaux processeurs à Huawei à partir de septembre dernier. Avant cette deadline, le fabricant chinois a donc commandé en urgence des millions d’unités et monopolisé les chaînes de production pendant l’été au détriment des autres clients. » Et asséché le flot des autres composants indispensables.
Puis, quand il ne pouvait plus se servir chez TSMC, Huawei s’est reporté à l’automne sur d’autres fondeurs de puces chinois. « Ce qui a fait exploser la demande de composants, comme le substrat ABF, dont les prix se sont envolés de 30 à 50 % sur certains processeurs », explique cet expatrié à Shenzhen, la capitale mondiale du composant électronique.
« Les prix de ces composants ont récemment beaucoup augmenté, cela indique bien un inquiétant manque de disponibilité », confirme le directeur marketing d’un fabricant chinois de smartphones.
Fournisseurs, sous-traitants et poids lourds de l’électronique se livrent donc depuis des semaines à une guerre économique à coups de millions de dollars de commandes et de surenchères. Avec pour ultime effet domino d’empêcher, pendant encore plusieurs mois au moins, Sony et Microsoft de constituer des stocks de PS5 et de Xbox Series pour répondre à l’impatience de leurs dizaines de millions de clients dans le monde entier.
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