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Ce lundi 22 mars, la monnaie turque a plongé jusqu’à 17% sur les marchés des changes en Asie, avant de se reprendre un peu. La Bourse d’Istanbul a, elle aussi, été prise dans la tourmente : les cotations y ont été suspendues à deux reprises dans la matinée, après une chute de plus de 6% du principal indice. Les marchés ont réagi négativement au limogeage, ce week-end, du directeur de la Banque centrale turque, auquel le président Erdogan reprochait d’avoir trop relevé les taux d’intérêt.
La Turquie semble en proie à une crise de confiance sur la scène internationale, tant sur le plan économique que politique. En novembre dernier, lorsque Recep Tayyip Erdogan avait nommé Naci Agbal, un financier respecté, à la tête de la Banque centrale, les investisseurs internationaux s’étaient pris à espérer un retour à une gestion de l’économie plus stable, prévisible et, pour tout dire, plus rationnelle. Le limogeage de Naci Agbal, en fin de semaine dernière, a donné tort aux optimistes. Les conséquences ont été immédiates : la livre a décroché.
Ce limogeage est intervenu deux jours après un relèvement de 200 points de base du principal taux directeur de la Banque centrale. Cette mesure destinée à lutter contre l’inflation (15,6% en février en rythme annuel) été saluée par les marchés. Sauf que cette hausse des taux n’a pas plu au président Erdogan. Ce dernier défend la théorie d’une forte croissance économique financée par des crédits bon marché, il est donc hostile aux taux d’intérêts élevées.
Les milieux d’affaires inquiets
Ce limogeage inquiète les investisseurs qui doutent sur l’indépendance future de la Banque centrale. Le remplacement du gouverneur inquiète surtout les milieux d’affaires et les économistes du pays. Ces derniers estiment que la banque centrale ne peut plus intervenir sur le marché pour acheter des livres afin d’arrêter sa volatilité car l’institution a très peu de réserves en devises.
« On ne peut plus faire de prévisions, j’ai l’impression que la Turquie ne suit aucune règle économique. La seule voie qui reste maintenant pour arrêter cette volatilité de la livre c’est l’instauration d’un régime de taux de change fixe, ce qui serait contraire au principe du marché de libre échange », estime Seyfettin Gürsel, professeur d’économie à l’université Bahçesehir d’Istanbul, interrogé par Altin Lazaj.
Pour rassurer les investisseurs, le ministre turc des finances Lütfi Elvan a affirmé lundi que le gouvernement maintiendra un régime de changes libres.La chute de la livre inquiète également de nombreuses entreprises turques endettées en devises, plus particulièrement celles qui vendent leurs produits en Turquie. Car une dévaluation de la monnaie locale alourdit le fardeau de leur dette. La situation est d’autant plus compliquée avec la crise sanitaire que celle-ci prive le pays des touristes étrangers, source importante de devises.
Cette situation illustre non seulement le mode de gouvernance aujourd’hui en Turquie, toutes les institutions étant sous le contrôle du président, y compris la Banque centrale prétendument indépendante. Mais aussi la marge de manœuvre extrêmement limitée dont dispose Recep Tayyip Erdogan, qui consacre toute son énergie à se faire réélire en 2023.
Dans le domaine économique, d’un côté, Recep Tayyip Erdogan dévoile un vaste programme de réformes visant à rassurer les marchés. De l’autre, il sape leur confiance en limogeant un directeur de la Banque centrale qui appliquait une politique de hausse des taux pour lutter contre l’inflation.
Sur le plan politique, Recep Tayyip Erdogan tend certes la main à l’Europe et annonce des réformes pour améliorer les droits de l’homme. Mais les arrestations d’opposants se multiplient. Le parti pro-kurde est menacé de fermeture et la Turquie se retire de la convention du Conseil de l’Europe pour lutter contre les violences faites aux femmes, pour ne citer que les développements survenus la semaine dernière.
La Turquie apparaît de plus en plus comme un pays imprévisible, à la fois aux yeux de l’étranger, mais aussi pour les Turcs eux-mêmes, pointe notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer.
Reportage: les nouveaux déboires de la livre suscitent la colère d’une partie des Turcs

 
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