Langue sauce piquante
Le blog des correcteurs du Monde.fr
Ah ! les légendes ! un des points délicats de la correction, et le lecteur/la lectrice qui connaît bien un coin de France dont une photo est publiée dans Le Monde ne manquera pas de faire savoir son désarroi si une erreur s’y glisse.
Ainsi dans cette légende attrapée par un lecteur dans Le Monde.print daté 31 juillet (cliquer sur la photo) :
Délaissant la coquille d’amour dans les “Côtes d’Amor”, le lecteur tique (et il a bien raison de le faire) sur la supposée arrivée de ces touristes
à la “pointe de l’Arcouest”.
Diantre non ! ces voyageurs amenés en vedette lui tournent carrément le dos à la pointe de l’Arcouest, qui se trouve sur le continent, à quelques kilomètres de Paimpol. Là, nos voyageurs s’apprêtent à débarquer sur l’île ; et plus précisément, ainsi qu’on le dit couramment dans le langage îlien, “à la première cale” (l’île en compte trois, et suivant la marée, on débarquera à Bréhat sur la première cale, la deuxième ou la troisième). C’est légendaire !
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* Erreur initiale de l’agence qui a fourni la photo, manque de temps pour vérifier l’exactitude de ce que dit la légende, pas de passage sous les yeux des correcteurs…., les aléas de la légende…
Ah, les légendes !
Prenez la légende du garage : on sait que tout milliardaire ail-teck (ou high tech si vous préférez) se doit d’avoir modestement démarré sa carrière dans un garage californien ; humble début dans une étable : le modèle est bien connu même si certains accessoires, le bœuf et l’âne par exemple, n’existent pas dans la version moderne.
Le magazine du Monde (le truc qu’on reçoit de force quand on est abonné) s’est fendu récemment d’un articulet sur la Silicon Valley avec une belle photo du garage-de-Steve-Jobs illustrant cette légende.
Hélas, erreur de photo, c’était le garage-de-Bill-et-Dave, donc faute de légende par quelque bout qu’on prenne l’affaire : pas la bonne histoire ou pas la bonne description sous la photo.
Le garage-de-Steve est sur Crist Drive, quel dommage qu’il manque un h !
Le garage-de-Bill-et-Dave, HP pour ceux qui ne connaissent pas bien leurs Contes et Légendes du Silicium, est d’ailleurs un faux, reconstruit (en 2000 je crois) pour les besoins de la com’ à l’adresse de l’ancien qui avait disparu.
erreur, correcteurs : Il s’agit de : « les gens de La Côte des Maures » dans le Var (photo de photographes vus de dos lors de l’amerissage à la maison des curiosités à l’étalage pendant l’amarsissage de la mission Curiosity à la télé de halage).
Il est vrai que les légendes sont très présentes en Bretagne. Et quand on aime, on conte beaucoup.
il est frais le lait Gendeson que très près, Zanthe ambré stagne. Et quand on me hait on pense au cou du comte mais on dépense sans compter du tout
Les correcteurs et les légendes urbaines, voilà un bon sujet. Ces fichues légendes urbaines qui remplissent le moindre interstice de blog. Au temps pour moi et autant pour moi, les esquimaux qui ont cent mots différents pour designer la neige, écrire le mot nègre envoie aux oubliettes, le pape qui serait infaillible, l’échelle de Scoville qui mesure la force des différents piments, etc. Mais je ne vais pas en raconter plus, c’est contraire à mes principes de propager des légendes urbaines.
Quelle aubaine cette légende d’Ur.
Sucer un esquimau en pleine canicule.
Bien dit Lamidautant.
oh pardon, je voulais dire un exquis mot !
J’aurais une question pour MM. les correcteurs (elle n’a rien à voir avec le présent article, désolé) : vous conviendrez avec moi que les articles en ligne du Monde.fr contiennent encore une quantité impressionnante de fautes d’orthographe, de formulations incorrectes, de ponctuations hasardeuses, etc. Cela ne vous désespère-t-il pas ? Il y a dix ans encore, le Monde se distinguait par une excellente syntaxe… comment est-on tombé si bas ???
(j’écris avec un clavier étranger, certains accents manquent…)
Un lecteur breton nous dira-t-il si l’on prononce le « s » de L’Arcouest?
à mon avis oui mais pas le t.
breton, vous voulez parler de la petite ou de la grande Bretagne ?
parce que si « certains accents manquent » alors qu’on tape sur un clavier étranger, ce n’est même plus la peine d’articuler quoi que ce soit dans la langue parlée autre que la maternelle dès lors que les accents sont systématiquement escamotés ou tronqués
Portraits légendés.
Récemment, j’ai vu une photo de deux messieurs à la mine grave.
Légende : « De gauche à droite, le Président du T…kistan et le Chef du gouvernement ».
Bien, me dis-je. Avant de constater que la photo avait été inversée, comme en témoignait, derrière eux, une inscription murale.
Alors, me redis-je, le Président est-il à gauche ou à droite ?
Vous me direz que cela a bien peu d’importance, qu’on n’est pas tenu de connaître les hommes politiques de tous les États du monde…
Mais si cela n’a pas d’importance, pourquoi passer la photo ?
Deckard : nous ne désespérons jamais !
@ Morave et trenet : tant le s que le t se prononcent (comme dans arc ouest, mais n’y voir nulle étymologie).
@ correcteurs : et combien de remarques la semaine passée, suite au « clavecin » donné comme contenant à vin jaune ? Vérification par stagiaire confiant(e) dans le correcteur automatique ?!
« Un lecteur breton nous dira-t-il si l’on prononce le « s » de L’Arcouest? »
Ah l’orthographe française des toponymes bretons, le joli sujet casse-gueule ! Et la prononciation française des mêmes ! Casse-gueule parce que jamais satisfaisant, les dés étant largement pipés par le passage acrobatique et approximatif d’une langue à l’autre, et parfois de l’autre à l’une au cours de l’histoire.
Faisons bref :
En français, Pointe de l’Arcouest, et tout se prononce !
En breton, Beg an Arc’houest, avec un c’h qui se prononce ici grosso modo [x] comme le ch de Johann-Sebastian. s et t se prononcent, mais si vous faites suivre d’un mot commençant par une voyelle, le t aura une très légère tendance à s’adoucir en [d]. Accent tonique sur la 1ère syllabe.
Et puis tiens ne soyons pas avare, je vous le traduis : arc’houest, nom commun, = veillée des morts. Ah, ça donne tout de suite moins envie d’y dormir dans son camping-car, hein !
Mise au point très claire et irréprochable..Un tout petit complément, rappeler que « an » doit se prononcer en nasalisant, soit « AN-NE » et non pas « A-NE ».
Son extrêmement courant en breton, rare en français, mais que l’on trouve dans « enivrer » par exemple.
Bien à vous,
>Sergio : AN-NE son rare en français ? Ça dépend où.
Allez écouter le français tel qu’on le parle dans le Sud-Ouest : an-née, an-nuaire, an-niversaire, etc.
Des mots sur des images ? C’est le moment de faire un petit signe à Chris. Marker, parti bien au-delà de la pointe de l’Arcouest.
http://www.youtube.com/watch?v=rIu0XglXfzw
►laplumequivole à propos de la signification d’Arcouest.
De récentes recherches à propos des minerais dans la toponymie m’ont fait voyager en Bretagne où j’ai trouvé un chevalier d’Arcouët dont le nom semble être issu de Hoiarn-Scit ou Scoet (attesté dans le Cartulaire de Redon) ou Harscoed (dans le Cartulaire de Quimperlé) qui correspondent à « bouclier de fer » . *
On se sent tout de suite mieux dans son camping- car, hein ?
J’ajoute aux excellentes précisions de laplumequivole et de Sergio que certains bretonnants tendent à chuinter le « st », ce qui donnera, pour la forme bretonne Arc’houest, une prononciation : arrh-ouecht (minoritaire par rapport à arrh-ouest). Mais la forme française Arcouest, de toute façon, est française et se prononce comme ça s’écrit.
Et j’insiste sur le fait qu’en breton, an impose à la fois de nasaliser ET de prononcer le « n ». Ce n’est ni « an » à la française, ni « ane » comme dans beaucoup de langues, mais… les deux à la fois. Mais attention : s’il y a un tilda sur le « n », alors il y a seulement nasalisation sans prononcer ledit n. Ainsi, Yann-Fañch se prononce Yan-ne Fanche (Yann se nasalise et articule le n, Fañch se lit comme un « an » français).
Tiens, je vais aller y faire un tour demain matin, par solidarité paréale avec LSP : il faut bien que je profite de la coïncidence qui me fait être justement à quelques kilomètres de l’Arcouest ces jours-ci.
J’aime beaucoup « Côte d’Amor » qui est moins ridicule que le pléonasme « Côte d’Armor »
Les correcteurs du Monde-print ne sont ni les premiers ni sans doute les derniers à se tromper sur l’identité des lieux, puisqu’un des hameaux d’Arcouest s’appelle précisément Launay-Mal-Nommé. Quelqu’un sait-il l’origine de ce curieux surnom?
Pour une autre photo de la cale à marée basse (4e de la 2e ligne):
http://www.iledebrehat.fr/fr/ile-de-brehat-vie-quotidienne/album-photos-de-lile.html
Anoup
Le nom de Launay vient du latin alnus, « aulne » et suffixe collectif etum , soit une « aulnaie », forme qui a donné de nombreux Aulnay ( dont le célèbre A.-sous-Bois). Avec agglutination de l’article, « l’aulnaie » a donné son nom à de nombreux Launay ( Lannois, Launois, etc.).
Le déterminant Mal-Nommé , qui distingue notre Launay des autres, date d’après 1790 ( date des relevés effectués pour la carte 156 de Cassini publiée en 1815 où n’apparaît que le nom Launay sans ce déterminant ) et d’avant 1832 ( où il apparaît alors sur un cadastre). Il se pourrait qu’il soit dû à quelque érudit botaniste qui, n’ayant pas vu d’aulnes dans la région, en a conclu que le hameau ne portait pas un nom adéquat.
Autre hypothèse toute personnelle: la ferveur républicaine a fait que de nombreuses villes ont changé de nom à cette époque-là ou ont été affublées de qualificatifs dévalorisants. Il se pourrait qu’on ait perçu Launay comme un nom trop aristocratique ( peut-être celui d’un noble local ?) et qu’on ait décidé de le ridiculiser …
P.S.: Ce nom a permis à Jean Echenoz de faire atterrir son héroïne Gloire Abgrall dans un .hameau où « l’on est mal nommé».
@ leveto. Merci pour vos précisions. Le village de Launay n’aurait-il pas souffert de son homonymie avec le marquis Bernard-René Jordan de Launay, gouverneur de la Bastille, décapité le 14 juillet 1789? Un édile zélé aurait donné au village un nom un peu plus révolutionnaire qui serait à son tour devenu indésirable par la suite, avant d’être remplacé par le surnom actuel.
Comment est-on passé du sens des contes et légendes du Poitou à celui de la légende sous la photo ? Le TLFI mentionne :
A Récit de la vie du saint du jour, lu au réfectoire et à l’église.
C Inscription sur une médaille, une monnaie, un emblème ou un monument (1579) puis « Titre ou note explicative accompagnant une image » (1598).
Le lien entre ces deux sens n’est pas si évident ; comment est-on passé de l’un à l’autre ?
En revanche, l’étymologie, « legenda (…) proprement « ce qui doit être lu » gérondif (neutre plur.) de legere, v. lire » éclaire parfaitement le sens : ce qui doit être lu, pour comprendre la photo.
Si la photo est bonne,
Juste en deuxième colonne,
Y a le voyou du jour,
Qui a une petite gueule d´amour,
Dans la rubrique du vice,
Y a l´assassin de service,
Qui n´a pas du tout l´air méchant,
Qui a plutôt l´œil intéressant,
Coupable ou non coupable,
S´il doit se mettre à table,
Que j´aimerais qu´il vienne,
Pour se mettre à la mienne,
« Il se pourrait qu’il soit dû à quelque érudit botaniste qui, n’ayant pas vu d’aulnes dans la région, en a conclu que le hameau ne portait pas un nom adéquat. »
En se référant à des photos de 1935 on se rend compte de la présence d’importants lieux humides sur le site. Il en reste d’ailleurs encore. Or en breton le terme « gwern » (« ar gwern », collectif) désigne les aulnes, croissant particulièrement bien en terre humide, mais aussi sous la forme « ar wern » (féminin singulier) le marais ou le marécage.
http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sdx/api-url/getatt?app=fr.gouv.culture.sdx.sribzh&doc=MERIMEEIA22010937&id=IVR53_20082207454NUCB_V.jpg
Comme les paysages naturels évoluent jusqu’à parfois perdre totalement la caractéristique qui leur avait valu leur nom, peut-être 200 ou 300 ans auparavant, l’hypothèse de leveto me parait tout à fait plausible. Surtout qu’on est dans une zone où les 2 langues se sont très tôt mêlées.
Pardon, je ne connaissais que le coït a tergo. Ma femme ne m’en avait pas appris d’autre. Je comprends enfin pourquoi aucun de mes enfants ne me ressemble.
On comprend ce qu’il appelle « vrai viol », il a essayé et ça n’a jamais rien donné.
(désolé)
@ leveto : si Arcouët peut donner Arcouest, alors l’étymologie pourrait tout aussi bien, et plus simplement, être ar coat, le bois. Aux confins des aires bretonnante et gallèse, coat donne aisément coet, couet, ainsi de Plancoët. Avec une pensée pour Velleda et Chateaubriand.
Désolé, je suis normand.
@ laplumequivole : voici dix lustres ou plus, je connaissais un champ nommé ar gwaremm où ne courait pourtant nul lapin. Et pour cause : lessivée par un ru, cette prairie était trop humide pour l’animal aux longues oreilles. Puis la pie noir a cessé d’y brouter, et les arbrisseaux ont envahi l’espace. J’aurais dit des saules, mais peut-être y avait-il des aulnes ? Quoi qu’il en soit, un ancien ar gwern serait-il devenu ar gwaremm quand l’herbe eut remplacé le bois, évolution du paysage qui fait perdre leur sens aux noms ? L’étape suivante fut le drainage de la parcelle, pour la construction d’une maison néo-bretonne comme il y en a temps autour de Brest (ici aussi, prononcer le s et le t, sauf si vous êtes du coin : Bresse, même !). Et je doute fort que ceux qui y logent donnent encore à leur lieu un quelconque nom breton.
Mesdames et messieurs les ju’és, je me vois dans l’obligation de quitter une cliente n’ayant plus toute sa tête, et qui devrait la perdre complètement si on « désabolit » la peine d’amor, à moins qu’elle soit acquittée …
Enfin, le pretium doloris sera encore pour moi, elle ne voudra jamais payer la douloureuse…
Bref !…
Revenons à notre affaire.
Qu’entends-je, qu’ois-je ?
C’est inc’oyable ou me’veilleux, on reprocherait à ma cliente Cécile P. un grasseyement affecté à l’écrit ! Et pourquoi pas une inflammation uvulaire de la plume ?
J’amorce la défense et même arme au nez, aucun marmot ne saura me faire amortir, ce cri déchirant devant l’iniquité de l’accusation. On veut nous rouler comme un
R apical, mais nous ne nous laisserons pas faire !
Quant à la photographie, il s’agit bien d’une arrivée
à la pointe de l’Arcouest
, je tiens cette information du formateur du capitaine de la nef, monsieur Costa Sotcordia, qui lui a appris à ne faire les traversées qu’en marche arrière, ce que l’image statique n’indique pas.
Aparté avec ma cliente : te bile pas ma loute, c’est pas un casier à jurés qui va nous empêcher notre courrier du coeur sous les diapositives, ou nous appairer, même contre la volonté de ton père Charles et sa petite maison dans la pairie.
… Maître Chaucoert de Cicisbée
> Lebanni, lien vers le grasseyement affecté
« Evolution naturelle et �volution dirig�e » : peut-être banal, mais bien nommé (« libre » serait plus logique ?).
Cependant (ma source : Peyo, Schtroumpf vert et Vert Schtroumpf, Bruxelles?, 1973) n’est-il pas naturel de recourir au Grand Schtroumpf lorsque les choses ne se fixent pas d’elles-mêmes ? et risquent de provoquer des cataclysmes locaux ?
Évidemment, on peut préférer le flottement (c’est mon cas); mais c’est comme supporter le silence, ça ne se commande pas.
Alors, à l’aniss ou à l’ani ?
Je m’étonne que personne n’ait signalé, outre cette jolie coquille (logique quand on est au bord de la mer) et cette fâcheuse confusion entre île et continent, l’absence fautive de div à « Côtes-d’Armor »! À moins qu’un lecteur avisé l’ait fait et que son commentaire m’ait échappé?
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