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Le pont de Peljesac est ouvert au trafic ce mardi 26 juillet. Il relie la région de Dubrovnik, dans l’extrémité sud, au reste du pays, contournant l’enclave bosnienne de Neum.
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En Croatie, le pont de la réunification
Le pont de Peljesac, long de 2,4 km et haut de 55 mètres, permet de réunir le territoire croate.
Elvis Barukcic/AFP
La Croatie célèbre aujourd’hui la « réunification » de son territoire avec l’inauguration du pont de Peljesac. Après plus de vingt ans de discussions, faux départs et travaux de construction retardés, on pourra désormais parcourir l’ensemble de la côte croate sans passer par la Bosnie-Herzégovine pour rejoindre Dubrovnik, dans l’extrémité sud du pays. « C’est un acte souverain de réunification de notre territoire », a déclaré le premier ministre croate Andrej Plenkovic, qui voit aussi cette nouvelle infrastructure s’inscrire dans la liste des accomplissements de cette « grande année » : Zagreb a reçu le feu vert de l’Union européenne pour l’adoption de l’euro dès le 1er janvier prochain et devrait aussi rejoindre l’espace Schengen courant 2023. Parmi ces réalisations, le pont est le projet qui fait le plus fait parler.
La côte croate est coupée en deux depuis l’indépendance du pays en 1991. La Bosnie-Herzégovine dispose en effet d’un seul accès à la mer : le port de Neum, sur le littoral entre les villes croates de Split et Dubrovnik. Si dans cette petite ville flotte aujourd’hui le drapeau bosnien, c’est à cause d’une décision prise il y a plus de trois siècles. « À la suite de l’échec du siège de Vienne en 1683, les forces chrétiennes d’Europe mènent une efficace contre-attaque contre l’Empire ottoman, qui s’achève en 1699 avec le traité de Karlowitz », explique Emir Filipovic, professeur d’histoire médiévale à l’université de Sarajevo. « Lors de cette conférence de paix, la République de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik, NDLR) exige qu’un petit bout de territoire soit laissé à l’Empire ottoman, pour éviter qu’il y ait une frontière commune entre Raguse et sa rivale, la République de Venise. » Sa décision aura eu des conséquences sur l’isolement de Dubrovnik jusqu’à nos jours.
Depuis les années 1990, Zagreb et Sarajevo ont cherché une solution commune à la « question de Neum », notamment pour éviter les embouteillages à la frontière durant la saison touristique. Mais, après avoir envisagé plusieurs options (un service de ferry, un tunnel, un couloir autoroutier « étanche » à travers la Bosnie…), la Croatie a tranché pour la construction d’un pont, malgré l’opposition des Bosniens, préoccupés de perdre leur unique accès à la mer.
Les travaux ont démarré en 2007, mais le projet a été abandonné en 2011 faute de fonds. Après de nouvelles études de faisabilité, la situation est débloquée en 2017, lorsque la Commission européenne a attribué à la Croatie une enveloppe de 357 millions d’euros pour la construction de l’infrastructure routière (soit 85 % du coût du pont). L’année suivante, l’appel d’offres publié par Zagreb est remporté par l’entreprise chinoise China Road and Bridge Corporation et le chantier repart en 2019.
La réalisation du pont de Peljesac, long de 2,4 km et haut de 55 mètres, n’a pas été exempte de polémiques, mais avec son ouverture le quotidien des habitants sera plus facile. « À chaque fois que j’envoie mon vin dans une autre ville de la Croatie, il faut que je remplisse des papiers pour que la marchandise puisse quitter l’Union européenne et y rentrer à nouveau. C’est comme si on habitait dans un autre pays », se lamente Anto Grgurevic, viticulteur dans la péninsule de Peljesac. Dès ce soir, assure-t-il, il se sentira un peu plus proche du reste du pays.
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