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L’envolée de l’inflation en Turquie semble inarrêtable. Alors qu’elle avait atteint 73,5% en mai en rythme annuel, elle culmine désormais à 78,5% sur un an en juin, selon les chiffres officiels publiés ce lundi. C’est le taux le plus haut jamais connu par le pays depuis 1998. Et il pourrait bien être en dessous de la réalité. C’est ce qu’affirme le Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), composé d’économistes turcs indépendants, ce même jour. Selon eux, l’inflation atteindrait en réalité 175,5% sur un an, soit plus de deux fois que le taux communiqué par l’Office national des statistiques (Tüik). Une donnée officielle qui est mise en doute par la population : moins d’un quart des Turcs disent se fier au chiffre officiel de l’inflation, selon un sondage réalisé la semaine dernière par l’institut Metropoll. D’autant que le président Recept Tayyip Erdogan a limogé quatre directeurs du Tüik depuis 2019, alimentant ainsi la défiance envers ce dernier.
La hausse des prix incessante contredit, de nouveau, la stratégie d’Erdogan qui n’a de cesse d’affirmer qu’une hausse des taux directeurs de la Banque centrale turque ne ferait qu’alimenter l’inflation. C’est pourtant le choix fait par bon nombre d’institutions monétaires à l’instar de la Banque centrale européenne (BCE) qui relèvera ses taux de 25 points de base en juillet avant une nouvelle hausse en septembre, ainsi que de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a déjà opéré ce resserrement monétaire. Mais le président turc, au pouvoir depuis 2003, s’obstine à aller contre les théories économiques classiques, annonçant en juin sa volonté d’abaisser une nouvelle fois les taux d’intérêts. Pour l’instant, le taux directeur de la Banque centrale turque reste stable à 14% depuis décembre.
« Le processus de désinflation débutera avec le rétablissement d’un environnement de paix dans le monde et la disparition des effets de base de l’inflation », justifie ainsi l’institution monétaire.
« Nous n’avons pas de problème d’inflation. Mais un problème de cherté de la vie », a pour sa part affirmé, Erdogan à qui ce problème d’inflation pourrait bien coûter la victoire à la prochaine élection présidentielle en juin 2023. Le chef de l’Etat a, en effet, bâti ses succès électoraux des deux dernières décennies sur ses promesses de prospérité. De son côté, le ministre turc de l’Économie, Nureddin Nebati, a affirmé, vendredi dernier, que l’inflation commencerait à ralentir seulement à partir de décembre.
Mais les chiffres communiqués ce lundi laissent peu d’espoir à ce scénario qui pourrait être alimenté par une spirale inflationniste. L’inflation, encore plus élevée dans les grandes villes du pays comme Istanbul et pour certains postes de dépenses comme l’alimentation (93,3%) et les transports (123%), a en effet contraint le gouvernement à annoncer vendredi une nouvelle hausse de 25% du salaire minimum, après celle de 50% mise en œuvre au 1er janvier.
Or, augmenter les salaires en temps d’inflation peut entraîner une boucle prix-salaire, ou « courbe de Phillips » : les entreprises revalorisent la rémunération de leurs employés ce qui augmente leurs coûts de production. Une charge supplémentaire qu’elles sont ensuite contraintes de répercuter sur leurs prix de vente pour ne pas réduire leurs marges de manière trop importante. Cela entraîne donc, de nouveau, les prix à la hausse. Actuellement, 48% des salariés perçoivent le salaire minimum, qui s’élève désormais à 5.500 livres turques, soit moins de 330 dollars, selon les données de la Sécurité sociale turque.
Si la guerre en Ukraine fait craindre de nouvelles hausses de l’inflation avec la flambée des prix de l’énergie mais aussi des matières premières, c’est principalement l’effondrement de la livre turque qui explique la situation inextricable dans laquelle la Turquie se retrouve plongée depuis plusieurs mois. La devise nationale a, en effet, perdu 44% face au dollar en 2021.
(Avec AFP)
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