Cet effondrement, qui s’exprime particulièrement sur le marché noir où le dollar s’échangeait pour 9900 à 10 000 livres, suscite la colère de la rue dans un pays en plein effondrement économique
La livre libanaise a atteint, mardi, un plus bas historique sur le marché noir, frôlant les 10 000 livres pour un dollar, ont indiqué à l’Agence France Presse (AFP) plusieurs changeurs. Officiellement, la monnaie locale reste indexée sur le billet vert au taux de 1 507 livres pour un dollar, observé depuis plus de deux décennies. Mais sur le marché noir, elle connaît depuis l’automne 2019 une dégringolade sans précédent.
«C’est fou ce qui se passe», a déclaré l’un des changeurs sous couvert d’anonymat. Le billet vert évoluait ces dernières semaines autour de 8 000-9 000 livres. En juillet 2020, il avait déjà atteint les 9 800 livres.
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Le Liban est englué dans sa pire crise économique, aggravée par une impasse politique et la pandémie de Covid-19.
Ce plus bas de la livre libanaise a provoqué la colère de la rue. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, y compris à Beyrouth, à Tripoli (nord), Saïda (sud) et dans la Békaa (est). Des dizaines de manifestants en colère ont bloqué des routes, parfois à l’aide de pneus incendiés et de bennes à ordures renversées.
Certains ont repris des slogans de la «révolution» du 17 octobre 2019, date du début d’un mouvement de contestation inédit contre une classe dirigeante inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d’incompétence.
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«J’appelle tout le monde à descendre dans la rue, la situation est devenue insoutenable», a lancé une manifestante au micro d’une chaîne locale sur la place des Martyrs à Beyrouth. «Nous resterons ici jusqu’à faire tomber cette classe (politique) corrompue avec à sa tête (le président) Michel Aoun», a renchéri un autre, un keffieh enroulé autour du cou.
La chute de la livre intervient au moment où la Banque centrale (Banque du Liban, BDL) a commencé à évaluer la situation financière des banques, sur fond de pressions internationales pour une restructuration du secteur bancaire. Les banques libanaises avaient jusqu’à dimanche pour augmenter leur capital de 20%, une des mesures réclamées par la BDL.
Selon le quotidien Al-Akhbar, la chute de la livre est partiellement liée au retrait de dollars du marché par les banques pour satisfaire les demandes de la BDL.
La dépréciation a déjà entraîné depuis 2020 une hausse drastique des prix et la pauvreté touche désormais la moitié de la population. «La livre du #Liban s’effondre davantage – l’impasse politique se poursuit et aucune politique pour enrayer l’effondrement», a déploré sur Twitter l’analyste Maha Yahya, du centre Carnegie Moyen-Orient.
Meanwhile #Lebanon ‘ s Lira collapses further – political deadlock continues and no policies to stem the collapse! Support for the swelling ranks of poor #Lebanese is insufficient and part of political bickering amongst so called leadership! #لبنان_ليس_بخير #لبنان #الدولار pic.twitter.com/iyADx6yL3I
La crise économique au Liban affecte aussi la Syrie, où la livre syrienne a atteint un plus bas historique mardi, les banques libanaises ayant longtemps servi de base arrière pour l’approvisionnement en dollars du pays, étouffé par des sanctions occidentales et ravagé par dix ans de guerre.
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