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Les monnaies numériques sont une solution privilégiée pour faire parvenir des dons à l’Ukraine, même si elles ne sont pas sur le point de se substituer à la devise nationale. À l’inverse, le spectre d’un contournement des sanctions par leur biais semble pour l’instant écarté.
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Les cryptomonnaies au cœur de la guerre en Ukraine
Le spectre d’un contournement des sanctions contre la Russie en passant par les cryptomonnaies semble pour l’instant écarté.
Cihangir Stock/Adobe
Les cryptomonnaies s’invitent dans la guerre en Ukraine… et se révèlent un moyen précieux pour faire parvenir des dons aux autorités et associations locales. « Grâce à leur facilité d’usage, les cryptos ont prouvé qu’elles sauvaient des vies », affiche sur Twitter Alex Borniakov, le vice-ministre ukrainien chargé de la transformation numérique.
Environ 100 millions de dollars (91 millions d’euros) auraient été collectés par ce biais depuis le début du conflit, le 24 février. Le gouvernement ukrainien a, entre autres, créé un site dédié. Si le bitcoin est la star des donations, plus de 70 crypto-actifs sont acceptés. Les cryptomonnaies peuvent transiter à travers le globe en quelques instants, loin des procédures souvent longues et coûteuses des virements bancaires internationaux.
L’histoire ne s’arrête pas là. La semaine passée, le président Volodymyr Zelensky a donné cours légal aux cryptomonnaies dans le pays. L’intérêt ? L’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses répercussions économiques ont fait chuter la valeur des monnaies des pays belligérants tout en limitant fortement les capacités de leurs systèmes bancaires respectifs.
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« Avoir un compte bancaire, c’est détenir un crédit sur sa banque, ce qui pose problème en cas de faillite du système, explique Alexandre Stachtchenko, qui dirige la branche crypto-actifs au cabinet de conseil KPMG. Détenir un portefeuille de cryptomonnaies permet de posséder soi-même l’actif. »
Ces devises numériques agissent en dehors de tout contrôle d’une banque centrale, puisque l’authenticité des paiements est garantie grâce à la technologie de la blockchain, où une succession d’ordinateurs en réseau valide les opérations. Le cadre légal est posé en Ukraine, mais il est difficile d’imaginer régler le boulanger de quartier en bitcoin du jour au lendemain.
« La mesure a été prise dans l’urgence, il faut leur laisser le temps de s’organiser, analyse Hervé Alexandre, professeur à l’université Paris Dauphine et président de la chaire Fintech. Des technologies émergent pour en permettre l’usage de manière très simple : le bitcoin a pu être utilisé comme monnaie dans des camps de réfugiés via des téléphones basiques. L’utilisateur doit simplement avoir une clé privée. »
Alors, si l’usage des cryptomonnaies dans le cadre du conflit est si facile, pourquoi les Russes ne pourraient-ils pas y avoir aussi recours ? Dans les faits, la majorité des échanges de cryptos ont lieu sur des plateformes, Coinbase et Binance pour ne citer qu’elles, et ces dernières ont accepté d’appliquer les sanctions ciblant certains ressortissants russes. Elles ont bloqué l’accès de tous les oligarques inscrits sur la liste des sanctions à leurs portefeuilles numériques.
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Le gouvernement ukrainien voulait aller plus loin. Il a demandé aux plateformes d’interdire l’accès à tous les ressortissants russes, ce qu’elles ont refusé. En février, l’agence Bloomberg se faisait l’écho d’une estimation du gouvernement russe selon laquelle ses ressortissants possédaient l’équivalent de 200 milliards de dollars (182 milliards d’euros) de cryptomonnaies, soit 12 % du total.
Les plateformes nient toutefois pouvoir servir à contourner les sanctions : les cryptomonnaies offrent une bonne traçabilité, selon elles, puisque les opérations validées grâce à la blockchain sont publiques. En France, le ministre de l’économie Bruno Le Maire a annoncé le 2 mars vouloir prendre « des dispositions sur les cryptomonnaies qui ne doivent pas être utilisées pour contourner les sanctions ». Ce contexte a accéléré l’adoption par le Parlement européen du règlement Mica, qui vise à réguler les plateformes, désormais surveillées comme le sont les banques.
Les plateformes sont déjà sous bonne surveillance outre-Atlantique. « La grande majorité d’entre elles sont domiciliées aux États-Unis, note d’ailleurs Alexandre Stachtchenko. L’idée que les sanctions puissent être contournées via les cryptomonnaies reste très théorique. »
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