L’euro est la monnaie commune aux pays membres de la zone euro qui regroupe 19 Etats de l’Union européenne (UE) depuis le 1er janvier 2015. Mis en usage dès 1999, l’euro est apparu sous sa forme fiduciaire le 1er janvier 2002.
Comme toutes les monnaies, l’euro a un nom et un symbole :
Le nom – l’euro – a été choisi par le Conseil européen réuni à Madrid en décembre 1995, dans le cadre des préparatifs pour l’instauration de la monnaie unique.
Le symbole de l’euro – € – s’inspire de la lettre grecque epsilon (Є). Il représente aussi l’initiale du mot «Europe» dans l’alphabet latin, tandis que les deux lignes parallèles qui barrent le symbole évoquent la stabilité.
Le traité de Maastricht signé en 1992 oblige les Etats de l’UE à adopter l’euro dès lors qu’ils respectent certains critères monétaires et budgétaires, dits de convergence. Ceux-ci exigent des pays un déficit budgétaire de moins de 3 % de leur PIB, un endettement inférieur à 60 % du PIB, une faible inflation, et des taux d’intérêt proches de la moyenne de l’UE. Le Danemark a cependant obtenu des dérogations (et anciennement, le Royaume-Uni), tandis que la Suède, qui a rejoint l’UE après la signature du traité de Maastricht, a refusé d’introduire l’euro après un référendum négatif en 2003, et a contourné l’obligation d’adopter l’euro en refusant de participer au mécanisme de change européen qui est une étape préalable pour intégrer la zone euro.
Le 1er janvier 1999 à minuit, l’euro est devenu la monnaie de plus de 300 millions d’Européens. Au cours des trois premières années, il n’était utilisé que sous forme immatérielle, par exemple pour les paiements électroniques. Les monnaies nationales des pays participants ont dès lors cessé d’exister indépendamment. Leurs taux de change ont été bloqués à taux fixes les uns envers les autres. L’euro est ainsi devenu le successeur de l’unité de compte européenne. Les billets et les pièces en euros ont été introduits le 1er janvier 2002, date à laquelle ils ont remplacé, aux taux de conversion fixes, les billets et les pièces libellés en monnaies nationales (franc français, franc belge, deutsche mark,…).
Aujourd’hui, les billets et les pièces en euros ont cours légal dans dix-neuf des vingt-sept États membres de l’Union européenne, y compris les départements d’outre-mer, les territoires et les îles qui font partie de certains pays de la zone euro ou y sont associés.
Les taux de conversion ont été déterminés par le Conseil de l’Union européenne sur la base d’une recommandation de la Commission européenne établie sur les taux du marché au 31 décembre 1998. Ils ont été créés de sorte qu’une unité de compte européenne (ECU) soit égale à un euro. L’unité monétaire européenne était une unité de compte utilisée uniquement par l’UE et calculée sur la base des monnaies des États membres.
Monnaie pour 1 Euro
Date d’adoption de l’euro fiduciaire
BEF 40,3399 (francs belges)
1er janvier 2002
DEM 1,95583 (deutsche mark)
1er janvier 2002
EEK 15,6466 (couronnes estoniennes)
1er janvier 2011
IEP 0,787564 (livre irlandaise)
1er janvier 2002
GRD 340,750 (drachmes grecques)
1er janvier 2002
ESP 166,386 (pesetas espagnoles)
1er janvier 2002
FRF 6,55957 (francs français)
1er janvier 2002
ITL 1 936,27 (lires italiennes)
1er janvier 2002
CYP 0,585274 (livre chypriote)
1er janvier 2008
LVL 0,702804 (lats letton)
1er janvier 2014
LTL 3,45280 (litas lituaniens)
1er janvier 2015
LUF 40,3399 (francs luxembourgeois)
1er janvier 2002
MTL 0,429300 (lire maltaise)
1er janvier 2008
NLG 2,20371 (florins néerlandais)
1er janvier 2002
ATS 13,7603 (schillings autrichiens)
1er janvier 2002
PTE 200,482 (escudos portugais)
1er janvier 2002
SIT 239,640 (tolars slovènes)
1er janvier 2007
SKK 30,1260 (couronnes slovaques)
1er janvier 2009
FIM 5,94573 (marks finlandais)
1er janvier 2002
Les micro-États que sont Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican utilisent également l’euro, en vertu d’un accord formel conclu avec la Communauté européenne. Le Monténégro et le Kosovo font de même, mais l’utilisation de l’euro n’y est pas régie par une convention monétaire.
En tant que banque centrale indépendante, la BCE est l’unique instance ayant le pouvoir de fixer la quantité de billets et de pièces en circulation nécessaire au bon fonctionnement des économies de la zone euro. L’Eurosystème, qui est composé des banques centrales des Etats de la zone euro, participe à l’impression, la frappe et la distribution des billets et pièces dans tous les Etats membres. Il veille également au bon fonctionnement des systèmes de paiements au sein de la zone euro.
Les flux de billets en euros au sein de la zone euro sont très importants en raison principalement du tourisme, des voyages d’affaires et des achats transfrontaliers.
Avant l’introduction de l’euro, les billets nationaux migraient également entre les pays, dans des proportions beaucoup plus faibles, et devaient ensuite être « rapatriés », principalement par le canal des banques commerciales, vers la banque centrale qui les avait émis.
Avec l’euro, il n’est plus nécessaire de procéder à de telles opérations de rapatriement.
Toutefois, des volumes importants de billets en euros ne restent pas dans le pays où ils ont été émis et sont emportés dans d’autres pays de la zone euro où ils servent à régler des achats. Dès lors, les banques centrales doivent les redistribuer entre elles afin d’éviter une pénurie de billets dans certains pays et un excédent dans d’autres. Ces transferts à grande échelle sont coordonnés de manière centralisée et financés par la BCE.
Les billets et pièces en circulation au sein de la zone euro représentaient un total de 1 136 milliards d’euros en juillet 2018, ce qui correspond à environ 14,1 % du montant de l’agrégat monétaire M1 qui regroupe les moyens de paiement les plus liquides, c’est à dire mobilisables immédiatement et sans frais : les pièces de monnaie, les billets et les comptes courants. Ces derniers sont de loin la composante la plus importante de l’agrégat M1 de la zone euro (6 913 milliards d’euros en juillet 2018, soit 85,9 % de M1.
En avril 2001, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé que la production des billets en euros serait décentralisée et mise en commun. Dès lors, depuis 2002, chaque banque centrale nationale de la zone euro fournit une partie de la production annuelle totale de certaines coupures. La banque centrale concernée prend en charge les coûts de production au titre de la part qui lui a été allouée. Par ailleurs, les banques centrales nationales procèdent à la mise en circulation et au retrait des billets en euros par le biais du système bancaire et, dans une moindre mesure, par l’intermédiaire des commerçants.
La Banque de France produit une partie des billets les plus couramment utilisés dans la zone euro, ceux de 5 €, 10 € et 20 €. Elle dispose pour cela en Auvergne d’un véritable centre industriel employant près de 1250 salariés. Il se compose d’une papeterie à Vic-le-Comte et d’une imprimerie de billets de banques à Chamalières. Cette dernière couvre environ 20 % des commandes de billets annuelles de la BCE, ce qui fait de la Banque de France le premier imprimeur public européen.
Les banques centrales nationales disposent de stocks logistiques grâce auxquels il est possible de répondre à la demande de billets dans des circonstances normales. En particulier, ils permettent de :
remplacer les billets impropres à la circulation (en mauvais état) lorsqu’ils remontent vers la banque centrale ;
faire face à une progression de l’encours en circulation ;
et répondre aux fluctuations saisonnières de la demande.
En septembre 2002, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de mettre en place un stock stratégique de l’Eurosystème. Ce stock peut être utilisé dans des circonstances exceptionnelles, c’est-à-dire si les stocks logistiques au sein de l’Eurosystème sont insuffisants pour faire face à une hausse inattendue de la demande de billets ou en cas d’interruption soudaine de l’approvisionnement.
Les pièces sont frappées par les États membres de la zone euro en quantités approuvées chaque année par la BCE et leur production est du ressort de l’hôtel des monnaies de chaque pays.
En France, ce rôle est dévolu à la Monnaie de Paris. La Commission européenne assure, au niveau de la zone euro, la coordination de toutes les opérations relatives à la frappe des pièces.
La taille, la stabilité et la force de l’économie de la zone euro – la deuxième dans le monde après les États-Unis – confèrent aussi à l’euro un attrait croissant en dehors de ses frontières.
Les secteurs publics et privés des pays tiers achètent et utilisent l’euro pour les échanges commerciaux ou comme réserve de change. Pour cette raison, l’euro est aujourd’hui la deuxième devise internationale en ordre d’importance derrière le dollar américain.
L’usage de l’euro est ainsi très répandu dans le système financier et monétaire international :
L’euro est de plus en plus utilisé pour émettre des emprunts publics et privés dans le monde.
L’euro se classe en deuxième position (derrière le dollar) parmi les devises le plus activement négociées sur les marchés des changes ; il sert de contrepartie dans environ 40% des transactions journalières.
L’euro est très souvent utilisé pour les factures et les paiements dans le commerce international, non seulement entre la zone euro et des pays tiers, mais aussi, dans une moindre mesure, entre des pays tiers.
L’euro est largement employé comme monnaie de réserve dans l’éventualité de crises monétaires. À la fin 2017, environ 20 % des réserves de change mondiales étaient détenues en euros. L’euro est la deuxième monnaie de réserve, loin derrière le dollar américain qui représente environ de 62 % des réserves de change.
L’euro s’échange librement sur le marché des changes et son cours vis-à-vis des autres devises évolue donc en fonction des quantités achetées et vendues par les opérateurs.
La BCE ne pratique pas de politique de change, la défense de la parité de l’euro ne figure pas parmi les objectifs qui lui sont assignés par son mandat. Ceci signifie qu’elle n’intervient pas pour acheter ou vendre des euros sur le marché des changes et qu’elle laisse la monnaie unique s’apprécier ou se déprécier au gré des mouvements orchestrés par les opérateurs sur ce marché.
Pourtant, le cours de l’euro par rapport aux autres devises, et plus particulièrement par rapport au dollar qui est la principale monnaie de facturation dans le commerce mondial, joue un rôle important pour l’économie de la zone euro :
Le cours de l’euro influence directement la compétitivité-prix des produits européens sur les marchés mondiaux. Plus le cours de l’euro est élevé par rapport aux autres devises, plus les produits européens sont chers comparativement aux produits américains et plus ils sont difficiles à vendre. Un euro « fort » pénalise alors les exportations européennes au profit des importations en provenance du reste du monde, ce qui est défavorable à la croissance et à l’emploi.
Le cours de l’euro influence également les prix des produits importés : une appréciation de l’euro se traduit ainsi par une baisse des prix du pétrole payé par les pays de la zone. Plus généralement, l’appréciation de la monnaie a un effet désinflationniste sur le niveau général des prix qui, en redonnant du pouvoir d’achat aux consommateurs, atténue son impact négatif sur l’activité économique.
Après avoir été fort par rapport au dollar jusqu’en 2014, l’euro s’est déprécié depuis, notamment du fait de la progressive remontée des taux d’intérêts aux Etats-Unis, ce qui a incité les investisseurs à placer en dollar (donc à acheter du dollar ce qui conduit à son appréciation).
La croissance en zone euro a été plutôt décevante sur la décennie écoulée. Les pays européens ont été, comme les Etats-Unis, frappés par la crise des « subprimes » de 2008-2009.
Cependant, à la différence des Etats-Unis, la zone euro a connu une seconde récession en 2012-2013 suite à la crise des dettes publiques et aux politiques d’austérité qui ont déprimé l’activité économique.
Intervention de Christian Noyer, gouverneur honoraire de la Banque de France, lors du colloque « L’euro vingt ans après, bilan et perspectives » en mai 2019.
bonjour
pourquoi et comment pouvez vous expliquer que l’euro nous dessert (France) car il est sur évalué et sert l’Allemagne car il est sous évalué pour eux ? Je ne comprends pas ce rapport… L’euro est évalué par rapport à quoi ?
Bonjour,
Il s’agit d’une expérience de pensée : quel serait le taux de change de la France ou de l’Allemagne en fonction des fondamentaux propres à chacune des deux économies ? En calculant ce taux de change, les économistes font comme s’il était possible d’avoir un taux de change spécifique à la France et à l’Allemagne, ce qui n’est pas le cas avec la monnaie unique. Ainsi, l’euro peut apparaître comme sur-évalué par rapport aux autres devises pour la France, qui connaît régulièrement des déficits extérieurs, et sous-évalué pour l’Allemagne où le solde commercial est excédentaire depuis plusieurs années.
Meilleures salutations,
L’Equipe de Lafinancepourtous.com
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