Steam, la plateforme d’achat la plus répandue dans le milieu du jeu vidéo PC, veut mettre un coup d’arrêt aux abus. Présente dans le monde entier, la boutique en ligne – propriété de Valve – gère en effet un total de 39 devises différentes.
En pratique, les développeurs doivent donc saisir 39 prix différents lorsqu’ils commercialisent un jeu. Alors afin de faciliter la vie des studios de jeux vidéo, Steam propose aux créateurs de fixer le tarif de leurs titres en dollars. Une conversion est ensuite proposée par la plateforme de vente pour éviter aux entreprises de calculer un prix en fonction de l’ensemble des marchés et devises.
Mais depuis plusieurs semaines, un phénomène semble se généraliser: de nombreux joueurs ont tendance à faire leurs emplettes à l’étranger, notamment à travers le recours à un VPN pour localiser leur appareil dans un pays spécifique.
Ainsi, un Européen voudra éviter de payer un jeu en euro et un Britannique préférera une autre monnaie que la livre. Avec cette méthode, les acheteurs cherchent une conversion avantageuse. L’idée est de payer un même jeu moins cher en passant par une autre monnaie.
Car certaines devises se sont écroulées en quelques mois, faisant fondre mécaniquement le prix réel. A ce jeu là, l’Argentine et la Turquie s’affichent comme des pays à soldes permanentes, comme le souligne Eurogamer. Les devises argentine et turque ont totalement sombré depuis le début de l’année.
Cet été, le studio de développement français Motion Twin avait d’ailleurs revu les prix de son jeu phare Dead Cells à la hausse sur ces deux marchés. “Une part significative des ventes de la dernière année provenait de ces deux pays, sans correspondre à une hausse des joueurs sur place”, détaillait le studio dans une note d’information.
Dans la majorité des cas, le pourcentage de vente dans un pays correspond au pourcentage de personnes jouant depuis ce pays. Or, l’entreprise française constate un pourcentage de vente en Argentine et en Turquie trois à quatre fois supérieur au pourcentage de joueurs dans ces pays.
Baptisée le “Region hopping” (ou “Saut de région” en français), cette pratique ne se cantonne pas à Steam. Elle a récemment fait les belles heures d’un jeu indépendant sur le Nintendo eShop. Sorti en novembre 2021 sur PC, Let’s Build a Zoo a bénéficié d’une version physique en septembre 2022. A l’occasion de ce nouveau lancement, l’éditeur s’est réjoui de l‘important nombre de précommandes sur le magasin en ligne de Nintendo, explique Eurogamer.
La joie a été de courte durée. Mike Rose, le fondateur de No More Robots, l’éditeur du jeu, s’est rapidement rendu compte que 85% des réservations provenaient d’Argentine. Dans une série de tweets, il explique avoir dans un premier temps regretté l’achat massif de Let’s Build a Zoo à un prix de 1,50 dollar grâce à une conversion très avantageuse. Contre 15,49 livres sterling au Royaume-Uni.
L’engouement a été perçu par les algorithmes de la boutique en ligne. Avec pour conséquence directe de propulser le jeu au sein des recommandations d’achats. Par ce biais, Let’s Build a Zoo a même atteint le top 100 des meilleures ventes sur le marché américain.
Mais c’est bien parce que les dénouements ne sont pas toujours heureux pour les développeurs que Valve a décidé de durcir le ton. Pour lutter contre le “Saut de région”, l’entreprise a décidé de mettre à jour son outil de tarification – bien qu’il ne s’agisse que d’une recommandation. Logiquement, l’Argentine et la Turquie voient leur conversion corrigée. Désormais, pour un jeu vendu 59,99 dollars, il faudra débourser 3800 pesos argentins ou 510 livres turques, soit une augmentation respective de 485% et 454%.
Seul problème, cette nouvelle tarification pourrait pénaliser l’ensemble des joueurs. Si les studios de développement et éditeurs de jeux vidéo se laissent guider par Valve, l’Europe verrait ses prix grimper de 15 à 25%.
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