Depuis quelques années, les concepts mettant en vedette des célibataires pullulent. Ces monsieur-madame Tout-le-monde acceptent de prendre en quelque sorte part à une expérience sociologique. En quête d’amour ou de visibilité, ces âmes seules nous divertissent, alimentent nos conversations, ouvrent la porte à divers scénarios. Certaines de ces émissions rallient aussi un public plus jeune. Coup d’œil sur un phénomène qui ne s’essouffle pas. 
«Les émissions de téléréalité permettent de rajeunir les auditoires, observe Luc Dupont, professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa et chercheur associé à l’Observatoire des médias sociaux en relations publiques et au CEFRIO. Les annonceurs veulent rejoindre une cible qui s’est déplacée vers Netflix. La marmite de l’amour avec des gens ordinaires qui s’expriment comme nous et le sentiment de voir du vrai, même si on sait que ça n’en est pas, contribuent à la popularité de ces émissions. L’amour est un sujet éternel et rassembleur.»

Sylvie Lavallée est sexologue, psychothérapeute, auteure et conférencière. « Ce qui est fascinant pour les téléspectateurs, c’est qu’on nous donne accès à quelque chose qui se passe normalement secrètement : l’intimité, constate-t-elle. Certaines personnes vont s’identifier à des personnalités, d’autres, qui ont moins d’habiletés relationnelles vont apprendre des choses. On n’est pas dans la fiction, ce ne sont pas des acteurs. Ça peut être un exercice de croissance personnel. Leur démarche fascine, intrigue, interpelle. L’attachement est une thématique universelle. » 
« Ce que la plupart de mes patients célibataires expriment, c’est qu’ils sont incomplets. La société n’est pas faite pour être seuls. Ils ont une impression de pression sociale, que le standard est d’être en couple. » Ce qui explique sans doute la popularité de ces émissions qui se déploient tant en téléréalité qu’en docu-réalité.
Voir ou être vu
Pour les téléspectateurs, ces émissions posent des paramètres auxquels on peut tous se référer. « Il y a trois sortes de célibataires, explique Sylvie Lavallée. Les solitaires qui s’assument, s’accomplissent, s’appartiennent. Ceux en quête désespérée de l’amour. Aimer et être aimé. Être la personne qui fait la différence pour l’autre. Être celle choisie. En regardant ces émissions, ces personnes essaient d’apprendre pour ne pas faire les mêmes erreurs. Puis, ceux qui sont bien seuls sans être solitaires. Ils trouvent que c’est difficile de rencontrer pour vrai, à l’ancienne. Internet ayant révolutionné notre façon de rencontrer des gens. » Pour certains, la télévision peut devenir un outil.
« Il faut vouloir s’exposer et accepter d’être critiqué, admet-
elle. Là-dedans, il y en a qui se disent que ça ne peut pas être pire que ce qu’ils vivent déjà. Chacun a aussi ses intentions, un but ultime : le désir de former un couple, une famille, ou de mousser son marketing, qui est sérieux, qui ne l’est pas. » 
« Ces émissions reflètent un environnement dans lequel on baigne, note Luc Dupont. La notion d’identification y est forte. On y aborde des émotions primaires qui ont toujours existé. Elles comblent aussi un côté voyeur en permettant d’observer les réactions, les vulnérabilités. On aime voir qu’une telle se fait avoir. Il y a un plaisir coupable, un sentiment d’être dans le coup, car on en sait plus. Puis, il y a la question de la célébrité très présente dans notre culture. » Une célébrité palpable et accessible.
Les jeunes
Une notion qui plaît particulièrement aux jeunes tout comme la tension amoureuse et l’aspect compétitif. « La tension érotique et le désir fascinent, fait valoir Sylvie Lavallée. Certaines émissions offrent une expérience de compétition. Il y a des stratégies et un prix à la fin. Les candidats sont beaux. On se demande qui on va détester, comment on aurait réagi dans telle circonstance. C’est un petit écosystème. » 
« C’est en général toujours la même structure, les personnalités sont bien campées dans des stéréotypes. Une recette que l’on décloisonne pour surprendre le téléspectateur, observe Luc Dupont. Les critères et attributs physiques jadis associés aux femmes s’appliquent désormais aux hommes. Ce qui est toujours étonnant est de constater que plusieurs ont l’impression de vivre quelque chose de vrai parce qu’ils ont vu une fille pleurer ou assisté à une conversation entre deux gars qui se rasent la poitrine. »

Docu-réalité qui suit des hommes et des femmes en quête d’une relation sérieuse. Leurs démarches sont analysées par Louise Sigouin, experte en accompagnement relationnel afin de comprendre leurs patterns et leur permettre d’apprendre à mieux aimer. Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin mènent les entrevues. Une 2e saison est prévue à TVA.
Saison 1 disponible sur illico ou en VSD 

Téléréalité désormais mythique dans laquelle les célibataires tentent de conquérir le cœur d’un homme que l’on dit riche (ce qui n’est pas toujours le cas). Cette compétition amoureuse a aussi donné naissance à une version féminine. Pour la première fois, la prochaine saison mettra en vedette un célibataire afro-américain.
25e saison en 2021 sur ABC 

Franchise japonaise qui a connu 5 saisons où six inconnus doivent vivre ensemble et apprendre à se connaître. On associe cette émission aux téléréalités mettant en vedette des célibataires.
Disponible sur Netflix 

Katherine Levac se joint à l’animation de la 9e saison de cette téléréalité où des agriculteurs tentent de trouver l’amour. Chacun se fait présenter trois prétendantes prêtes à vivre l’expérience de la ferme pour trouver le grand amour. La prochaine saison prendra l’affiche sur Noovo cet hiver. Plusieurs familles sont issues de ces unions télévisuelles, mais bien réelles. Elles font l’objet d’un docu-réalité.
La dernière saison de L’amour est dans le pré est disponible sur noovo.ca ou en VSD. 
La famille est dans le pré dès le jeudi 8 octobre 19 h 30 à Canal vie 

Docu-réalité qui suit des couples qui ont fait une demande de Visa K-1 destiné aux fiancés étrangers pour avoir leur citoyenneté américaine. Ils ont rarement vécu ensemble, se connaissent souvent peu et doivent se marier dans les 90 jours. Le concept a fait l’objet de plusieurs séries qui documentent les couples avant leur rencontre et après leur mariage.
Disponible sur tlc.com ou en VSD 

Série documentaire qui suit cinq femmes célibataires qui cumulent les rencontres avec espoir, mais sans grand succès. La spécialiste en relations interpersonnelles Olenny Pelletier analyse les enjeux du célibat.
Dès le mercredi 23 septembre 20 h 30 à Canal vie 

Un groupe de célibataires se retrouvent parachutés dans une villa sur une île sans contact extérieur. Ils sont constamment scrutés. Pour rester dans le jeu, ils devront faire des alliances et former des couples, d’abord sur une première impression. Une importante cagnotte est en jeu.
Tous les jours 21 h à CBS 

Des célibataires ont droit à cinq rencontres « à l’aveugle » (blind date) afin de choisir celui ou celle qui aura droit à un deuxième rendez-vous.
Disponible sur Netflix 

Téléréalité animée par Jay Du Temple dans laquelle des célibataires tentent de trouver l’amour. Ils sont soumis à différents revirements, prennent part à des voyages et activités ainsi qu’à des soirées arrosées pour mieux se connaître. Chaque semaine, il y a une élimination. Le couple gagnant remporte de nombreux prix, dont une maison.
Lundi au jeudi et dimanche 18 h 30 sur Noovo

Première émission de « dating » de la plateforme. On y suit une trentaine de célibataires qui, pendant 10 jours, se donnent rendez-vous pour parler sans se voir. S’il y a des étincelles, une demande en mariage leur permet de se rencontrer pour la première fois. Les nouveaux fiancés prennent part à un voyage pour solidifier leur lien et cohabiter jusqu’au grand jour…
Disponible sur Netflix
Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter
Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d’utilisation.

source

Catégorisé: