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Par Mirabela Lupaescu | 31 décembre 2007Piégée entre les cimes des Carpathes, le littoral de la mer Noire et les rives du Danube avec son vaste Delta, la Roumanie se situe au carrefour des influences orientales et occidentales du continent européen. Peuple de langue latine au milieu de ses voisins slaves, les Roumains sont dépositaires d’une histoire millénaire qui remonte au moins au Ier siècle avant J. C.
Piégée entre les cimes des Carpathes, le littoral de la mer Noire et les rives du Danube avec son vaste Delta, la Roumanie se situe au carrefour des influences orientales et occidentales du continent européen. Peuple de langue latine au milieu de ses voisins slaves, les Roumains sont dépositaires d’une histoire millénaire qui remonte au moins au Ier siècle avant J. C.
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Les ancêtres des Roumains, les Daces (pour les auteurs latins) ou les Gètes (pour les auteurs grecs) étaient des Thraces septentrionaux, une population indo-européenne de langue iranienne.
Le premier roi Dace qui unifie les confédérations de tribus, Burebista, est aussi celui qui établit la capitale à Sarmisegetusa. Décébale, le deuxième roi, centralise le pouvoir mais se voit confronté à la puissance romaine. Le nouvel empereur Trajan décide d’anéantir le nouvel État formé au-delà du Danube et d’étendre ses territoires. En 101 après JC, il commence ce qu’on appelle aujourd’hui, « la première guerre dace » qui aboutit en 105 à la soumission du roi dace et à la création d’une nouvelle province romaine : Dacia Felix.
Les invasions germaniques venues du nord déterminent l’empereur Aurélien en 271 à se retirer de ce territoire devenu difficile à défendre et de reconstituer la province au sud du Danube. La courte occupation romaine de la Dace va laisser son empreinte sur la population habitant ce territoire, héritant ainsi d’une langue latine.
Ces invasions ne purent empêcher la création au milieu du XIVe siècle de la Tara Romaneasca (Valachie) et de la Moldavie : deux principautés indépendantes, orthodoxes et de langue roumaine. Une troisième, la Transylvanie, sera âprement disputée par la Hongrie tout au long de son histoire. C’est pourquoi demeurent encore dans cette région de fortes minorités Magyars, mais aussi Allemandes, venues avec les Chevaliers Teutoniques fortifier, pour les Hongrois, les villes de Brasov, Sibiu et Timisoara. Mais à peine ces États se sont-ils formés au XIVe siècle que les Ottomans arrivent, faisant payer à la Moldavie et la Valachie un tribut aux sultans pour sauvegarder leur autonomie.
Entre le tsar et le sultan
Au XVIIIe siècle, l’espace des principautés roumaines est aux confins des trois empires : Habsbourgs à l’Ouest, Russie tsariste à l’Est et empire Ottoman dans les Balkans. Cette situation géopolitique délicate a déterminé un morcellement du territoire peuplé par les Roumains.
Ce qui restait du territoire des principautés moldave et valaque, bien qu’indépendantes, était désormais sous l’autorité des aristocrates byzantins. Plusieurs révoltes vont agiter la vie politique des principautés durant cette période dans des tentatives d’émancipation de la suzeraineté turque, dont celle conduite par Tudor Vladimirescu en 1921 qui réussira à réinstaurer des dirigeants autochtones.
Naissance de la Roumanie
Suite à l’échec des révolutions et devant ces invasions à répétition, les réformateurs de Valachie et de Moldavie décident de former une union politique durable, et les deux assemblées choisissent en 1859 le même candidat, un militaire de carrière, Alexandre Jean Cuza. Celui-ci réalise l’union des deux principautés, sous le nom de “Principautés de Roumanie”.
Mais un prince autochtone n’a pas un soutien international suffisant pour faire entendre la voix d’un petit pays au carrefour de grands empires. La classe politique roumaine cherche alors un candidat lié aux grandes maisons régnantes en Europe et leur choix se tourne vers les princes allemands de la famille des Hohenzollern-Sigmaringen. Ainsi, Charles I de Roumanie est proclamé (mai 1866) prince régnant de Roumanie, dans laquelle une monarchie constitutionnelle est installée.
La Roumanie poursuit toujours son but : s’émanciper totalement de l’Empire ottoman. Lorsque la Russie entre à nouveau en guerre contre les Ottomans, à la suite de massacres en Bulgarie, la Roumanie se range aux côtés des Russes. La campagne militaire est victorieuse et l’indépendance du pays est enfin reconnue au Congrès de Berlin en 1878, en même temps que celle de la Bulgarie.
Époque moderne
Après l’indépendance, la monarchie roumaine vise à la modernisation d’un pays essentiellement rural mais aussi à récupérer deux territoires peuplés principalement par des Roumains : la Bessarabie sous occupation russe et la Transylvanie sous l’empire Austro-Hongrois.
Ainsi, en 1916, le roi Ferdinand Ier se joint aux Alliés qui lui promettent la Transylvanie pour son ralliement. La guerre fut dure sur le front de l’Est, l’éclatement de la Révolution russe en 1917 laissant l’armée roumaine seule sur le front. Encerclée par les Allemands en Moldavie, les autorités roumaines signent leur capitulation par le Traité de Bucarest quelques mois avant la fin de la guerre.
Pourtant la paix de Versailles reconnaît l’effort de guerre roumain et la création de la Grande Roumanie. La république démocratique de Moldavie décide en avril 1918 de s’unir à la Roumanie. La Bucovine et la Transylvanie votent également leur rattachement. Le 1er décembre 1918, à Alba Iulia, le roi Ferdinand et la reine Marie sont couronnés rois de tous les Roumains. Cette date est célébrée aujourd’hui encore en tant que fête nationale.
Le mouvement d’extrême droite « la Garde de fer » prend le pouvoir en 1938 sous la direction du Maréchal Antonescu et signe une alliance avec l’Allemagne d’Hitler. Bien que les soldats roumains participent à l’invasion de l’URSS le 31 août 1944, le roi Michel parvient, par un coup d’état, à faire changer de camp la Roumanie. A la conférence de paix de Versailles, la Roumanie récupère la Transylvanie mais se retrouve bientôt sous le pouvoir soviétique.
La période communiste
Suite à des fraudes électorales, les communistes soviétiques prennent le pouvoir. La « République populaire » est proclamée le même jour que le départ du roi. Le pouvoir communiste sous Gheorghe Gheorghiu Dej commence alors une période d’épuration (1945-1953). Après la mort de Staline en 1953, Dej décide d’une déstalinisation limitée. A sa mort en 1965, il laisse sa place à Nicolae Ceausescu qui ouvre la période du « national-communisme ». Celui-ci réussi à cumuler toutes les fonctions de la nouvelle « République socialiste de Roumanie » : celle de Secrétaire général du parti Communiste et de Président de la République.
Ceausescu réussit à se faire une réputation de bon patriote et se démarque de la politique de Moscou. En 1968, il refuse de participer à la répression de la révolution de Prague et entretient des relations diplomatiques et économiques avec les Etats-Unis. Pourtant, à partir des années 1970, s’inspirant du communisme asiatique, il instaure le culte de la personnalité, bannit toute liberté personnelle sous la surveillance de la Securitate et impose des restrictions économiques dures à la population.
Ainsi, en 1989, alors que Gorbatchev lance la perestroïka et la glasnost, Ceausescu s’accroche à une stricte orthodoxie communiste. Le 17 décembre, une révolte populaire éclate à Timisoara, réprimée par l’armée. Le 21, Ceausescu est huée dans un meeting à Bucarest. Il essaye de fuir le pays mais est attrapé et exécuté après un procès sommaire la veille de Noël.
Démocratie et construction européenne
Le déroulement de la Révolution roumaine a gravement ébréché la crédibilité du nouveau régime dans lequel s’impose un ancien aparatchnik. La décennie qui suivra la libération communiste sera indiscutablement dominée par la personnalité de Ion Iliescu. Celui-ci, symbole de la continuité avec l’ancien régime réussit à se faire élire président par trois fois. De l’autre côté de la scène politique se placent les candidats des partis historiques qui se reconstituent : le PNL (Parti National Libéral) et le PNTCD (Parti National Chrétien Démocrate). La « Convention Démocratique » en opposition à Iliescu gagne les élections de 1996 et réalise l’alternance au pouvoir.
Malgré les efforts de Constantinescu, les luttes intestines de la coalition vont retarder les réformes promises. La promesse d’intégration européenne faite pendant la campagne électorale a du mal à se concrétiser, la Roumanie commençant les négociations d’adhésion seulement en 2000. En 2002, la Roumanie est acceptée dans l’OTAN. En 2004, presque tous les chapitres de négociations seront provisoirement fermés, excepté celui concernant la Justice et les Affaires Intérieures à cause de la corruption endémique qui paralyse le pays.
Le nouveau président roumain, Traian Basescu, chef du Parti démocrate (PD) issu du FSN, et allié du Parti national libéral, sera celui qui signera, en 2005 à Luxembourg, le Traité d’adhésion de la Roumanie, qui deviendra effective le 1er janvier 2007.