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«Crevé», «fatigué», «naze»… Les expressions sont nombreuses pour définir notre fatigue et notre envie de dormir. Mais d’où viennent ces mots ? Le Figaro revient sur leurs histoires.
Les paupières sont lourdes, les maux de crâne omniprésents et les heures de sommeil en retard, résonnent dans notre tête comme les aiguilles d’une horloge… Nous sommes pour ainsi dire «fatigués», «nazes», «raplapla», «patraques»…
Les adjectifs sont légion pour qualifier notre exténuation. Mais d’où viennent-ils? Le Figaro vous propose de redécouvrir leurs histoires. Et en toute décontraction s’il vous plaît!
● Mollo, ramollo
Et rien de tel pour commencer notre article, que d’y aller «mollo»! L’expression ne vous est sûrement pas inconnue et pour cause! Si Les Visiteurs, Taxi ou encore Kaamelott vous disent quelque chose, vous l’avez déjà maintes fois entendue. Sans compter la littérature (Giono, Le Breton) et la musique (Henri Salvador), le «mollo» est bien moins «ramollo» qu’on ne le croit! Mais d’où vient-il? Dérivé de «mou», du latin mollis, le «mollo» est apparu en France au XXe siècle. Il dériverait d’une imitation des termes de musique d’origine italienne terminés en -o- tels que piano, indique le Trésor de la langue française.
Le mot «ramollo» est antérieur à «mollo». Né «ramollot» en 1883, le ramollo, jadis employé sous la plume de Zola, Barrès ou Proust, se retrouve aujourd’hui usité de deux manières: comme adjectif, dans le sens de «rendu mou» et comme substantif, pour qualifier une «personne atteinte de ramollissement cérébral, une personne dont les capacités intellectuelles sont considérablement diminuées».
● Raplapla, flagada
Le «ramollo» assistera à l’arrivée de son petit frère et synonyme «raplapla» en 1892. Probablement formé d’après le verbe «raplatir», le mot familier qualifie un individu «très fatigué», «manquant d’énergie». Ce dernier verra quant à lui la naissance du mot«flagada» en 1917.
Dérivé du verbe «flaquer» au sens de «foirer» ou du radical «flac», dialectal méridional flac «mou, faible» note Le Petit Robert, le «flagada» désigne argotiquement celui qui est «fatigué», «avachi» et «sans force». Il peut parfois se retrouver écrit sous la forme «flâ». Ainsi que l’écrivait Colette: «Comme te voilà affalée, toi! − Je suis flâ. Je n’ai plus d’os.»
● Naze ou nase
Si la fatigue ne vous a toujours pas emporté alors écoutez cette histoire qui n’a rien de «naze». Car, ne nous arrêtons pas à ce simple adjectif qui caractérise un objet «fichu» ou un état de fatigue avancé! Notre mot dérive en réalité du mot «nazi»! Rien à voir toutefois avec les sbires d’Hitler. Notre «nazi», lui, serait issu de l’allemand nase «nez». Apparu en 1830-1840, le nase désigna tout d’abord les malades atteints de la syphilis. Ce n’est qu’un siècle plus tard, que notre mot prit le sens qu’on lui connaît aujourd’hui.
Notons que si le mot «nase» est surtout employé comme adjectif, il peut également être usité comme substantif. Il signifiera alors en argot «nez». D’où l’expression «avoir quelqu’un dans le nase», c’est-à-dire «l’avoir en aversion».
● Au bout du rouleau
L’inventeur du papier toilette n’y est pour rien. Loin des lieux d’aisances et de l’expression qui signifie aujourd’hui être à bout de force, être esquinté voire déprimé, «être au bout du rouleau» trouve son origine dans la papeterie. Dérivé du mot «rôle», le rouleau était autrefois une feuille roulée dont on devait déplier l’intégralité du papier pour arriver au bout du texte inscrit. Imaginez peu ou prou un papyrus.
Au théâtre par exemple, les comédiens qui apprenaient leurs lignes devaient aller jusqu’au bout de leur «rôle» pour incarner leurs personnages. Arrivé «au bout du rouleau» signifiait donc n’avoir plus rien à dire, être à court d’arguments.
● Patraque
C’est un mot que l’on aurait pu penser débarquer de nos imaginaires, voire de nos contes de fées populaires. Il n’en est pourtant rien. Car si «patraque» s’amarra un jour dans notre dictionnaire, c’est surtout grâce à des matelots. Ainsi que l’indique le Trésor de la langue française, le mot serait arrivé en France par l’intermédiaire des marins marseillais.
Né en Italie du Nord, patraque ou patracca désigna d’abord, au XVIIIe siècle, «une monnaie de peu de valeur». Ce n’est qu’un siècle plus tard que notre terme opérera une pirouette sémantique pour qualifier «une machine vétuste» et plus précisément une «vieille horloge peu fiable» puis «une personne fatiguée, en mauvaise santé». Acception que reprendront par exemple Zola et Mérimée dans leurs œuvres.
Voilà de quoi vous «redonner la pêche»!
Hérétique
le
Cet article souligne derechef la dénaturation de la langue.
Photo73
le
Lire cet article m’a épuisé, je vais vite faire une sieste ! 🙂
Ce verbe et ses dérivés, tels qu’«impact», «impactant», constituent un appauvrissement en matière d’expression écrite et orale.
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«Flagada», «naze»… Petit lexique de la fatigue
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