La diffusion de la 32e saison de « Fort Boyard » a débuté samedi 19 juin sur France 2. Tous les épisodes en boîte, ce pourrait être le temps des vacances pour l’équipe d’Adventures Line Production. Tout faux ! « Je reprends la route de la Charente-Maritime ce mercredi. Nous commençons à tourner lundi », s’amuse Antoine Weber, producteur exécutif de l’émission. Les invités ? Une équipe venue du Danemark. Car le fort Boyard, décor de film dans les années 1960, symbole de l’inutile le reste du temps, s’est forgé en trois décennies une stature d’icône mondiale. Une franchise qui résiste à l’usure du temps. Et du Covid.
Y a-t-il toujours eu des tournages d’émissions destinées au marché étranger sur le fort ?
Cela fait partie de l’ADN de « Fort Boyard ». 2020 a été l’exception, à cause de la pandémie. En 2000 ou 2001, il n’y en avait eu qu’une, la Grèce, une saison assez courte. Sinon, chaque année, nous accueillons cinq ou six nations étrangères en moyenne. C’est le symbole de ce succès. « Fort Boyard » est le format français le plus exporté dans le monde. On a fait en tout, toutes nationalités confondues, plus de 1 800 émissions. C’est énorme…
Combien de nationalités différentes ont-elles été représentées dans l’histoire du jeu ?
Le chiffre est un peu faussé car en 2019, nous avons réalisé une version panafricaine de « Fort Boyard », dans laquelle étaient réunis tous les pays d’Afrique francophone. Si on compte cette émission pour un seul pays, nous en sommes à 34 nations.
Quels pays participent cette année ?
Il y a donc le Danemark, qui fait partie de ces pays qui ont fait plusieurs allées et venues sur le fort. Le format a plus de vingt ans chez eux. Ils sont revenus en 2018, après huit ans de pause, avec un nouveau diffuseur et une nouvelle formule. Cela a fait un carton absolu. Face à ce succès, les mêmes producteurs, un groupe de chaînes implanté dans plusieurs pays, vont tourner des émissions pour la Pologne, qui n’était pas revenue depuis 2009, et la Norvège, absente depuis 2001. Il y aura enfin les Russes, pour lesquels, un peu comme en France, le format a un goût particulier.
Dans quelle mesure ?
L’émission est cultissime chez eux aussi. Ils ont produit comme nous des émissions dans les années 1990. Ils ont aujourd’hui une double génération de fans, parents et enfants. Le programme avait été interrompu en 2012 sur la première chaîne russe. Il a été relancé en 2019 sur la chaîne STS, par une productrice qui connaît extrêmement bien l’émission. Ils ont élaboré un format un peu plus court que le nôtre en se rapprochant le plus de la version française. C’est l’émission qui a eu le plus de succès en Russie en 2019, toutes chaînes confondues. Il y a une énorme attente pour la saison 2. Et c’est bien parti, même s’il y a encore un doute lié à la situation sanitaire, la Russie ne faisant pas partie de l’espace Schengen.
Les incertitudes perdurent ?
Hélas oui. Beaucoup de pays ont dû renoncer à cause du Covid. Je pense notamment au Maroc, fidèle depuis six années maintenant, mais qui ne peut pas organiser sa venue pour le moment. Je pense aussi à la version panafricaine, qui avait très bien marché sur Canal+ Afrique, dont on n’arrive pas à produire la saison 2 pour les mêmes raisons. Il y a une coordination sur plusieurs pays, c’est très compliqué… Les Ukrainiens également ont du mal à mettre en place un protocole, les contraintes étant drastiques, et pour ne pas se le cacher, très coûteuses. La Suède, enfin, voulait tourner juste après la France, mais il y avait encore un trop grand nombre de cas par jour. C’est partie remise, comme pour d’autres pays qui ont manifesté une intention…
Certaines nations sont réputées plus « guerrières » dans leur culture du jeu. Il y a vraiment une différence ?
Absolument. La grande force de « Fort Boyard » est son énorme variété d’épreuves. Cela permet à chaque pays de se l’approprier en fonction de sa culture et du public visé. Il existe deux formats à la base : la version française avec une seule équipe qui enchaîne les épreuves pour trouver les clefs, les indices, le mot code et un maximum de boyards (monnaie du fort, NDLR) ; et une version, prisée des pays nordiques, où deux équipes s’affrontent, beaucoup plus compétitive. En Suède et au Danemark, l’émission est sous-titrée « les Prisonniers du Fort », ce qui en dit beaucoup. C’est très physique. Les Russes sont plus dans l’ADN de la version française, avec du fun, des effets tartes à la crème. Mais avec un goût marqué pour les émotions extrêmes.