Le 27 octobre 2014, la Station spatiale internationale (ISS) n’est pas passée loin de la catastrophe. En quelques heures, l’énorme vaisseau de 420 tonnes a été contraint de se dégager de son orbite pour éviter un projectile d’un diamètre inférieur à 10 centimètres qui fonçait droit sur lui. Porté par sa vitesse ahurissante (28 800 km/h), ce petit débris d’un ancien satellite russe aurait probablement détruit l’ISS. Si le pire a été évité ce jour-là, ces manoeuvres sont devenues monnaie courante, dans un ciel de plus en plus encombré.
« On trouve de tout dans l’espace : de vieux satellites inactifs, des morceaux de fusées, des panneaux solaires détachés, des écailles de peinture… », énumère Christophe Bonnal, spécialiste de la pollution de l’espace au Centre national d’études spatiales (Cnes). Chaque morceau, même petit, représente un danger puisque sa vitesse est plus de dix fois supérieure à celle d’une balle tirée par un fusil d’assaut. Et lorsque deux gros objets se rencontrent, c’est la catastrophe. Ce fut le cas le 10 février 2009, lorsque le satellite de télécommunications russe Kosmos-2251 percuta son homologue américain Iridium-33. « Un gramme de débris provoque 100 grammes de nouveaux », alerte Christophe Bonnal. Dans ce chaos, près de 600 nouveaux petits ont été créés, et c’est l’un d’eux qui a menacé l’ISS en 2014. « Aujourd’hui, nous avons l’équivalent de la tour Eiffel éparpillé au-dessus de nous, soit 7 000 tonnes », précise le chercheur. Ce n’est qu’un début. Environ 1 450 satellites devraient être lancés dans la période 2016-2025, selon une étude du cabinet Euroconsult. Ils vont créer des embouteillages dans les deux principales orbites utilisées : la première, à 36 000 kilomètres de la Terre, qui regroupe des satellites de télécommunications ; et la seconde, qui ne dépasse pas 1 000 kilomètres d’altitude et est très encombrée avec les satellites météo et les nouvelles générations de satellites de télécommunications. Pour éviter d’autres dégâts, les agences et l’industrie spatiale veulent faire le ménage. Le premier test a été mené en début d’année par l’agence spatiale japonaise Jaxa. Il s’agissait de tirer depuis une sonde un long câble d’aluminium, qui devait, tel un aimant, attirer les débris. Malheureusement, la tige ne s’est jamais déployée. Des équipes concurrentes sont mobilisées, comme celle de l’Agence spatiale européenne (ESA). Ses chercheurs planchent depuis 2016 sur un véhicule capable d’attraper de gros objets pour les sortir de l’orbite, en déployant un bras mécanique ou en lançant un gros filet. La mission, baptisée e.Deorbit, commencera en 2023 et aura pour but principal de récupérer l’énorme satellite d’observation européen de 8 tonnes Envisat, en panne depuis 2012. Le groupe Airbus Defence and Space, spécialisé dans la production de satellites, réfléchit aussi à une sonde qui pourrait collecter les gros débris pour les désorbiter ou les envoyer vers la Terre, afin qu’ils se détruisent en entrant dans l’atmosphère et terminent leur course en toute sécurité dans les océans. En décembre prochain, un microsatellite d’Airbus sera envoyé dans l’espace pour tester plusieurs options possibles, comme le bras mécanique ou le filet de capture.
Pour Christophe Bonnal, ces spectaculaires opérations de nettoyage ne mèneront à rien si les mentalités ne changent pas. « Nettoyer l’espace est très coûteux et, surtout, inutile si on continue à y envoyer des débris chaque année », estime-t-il. Des règles internationales existent, mais elles ne sont pas assez contraignantes. Pour éviter que les satellites en fin de vie ne deviennent des poubelles volantes, il faudrait donc accepter de les sacrifier en les redirigeant vers une orbite moins encombrée ou en les envoyant se désintégrer dans l’atmosphère avant que leur moteur ne s’arrête. Difficile à accepter pour les industriels, qui veulent exploiter au maximum ce matériel onéreux. Les chercheurs imaginent donc des systèmes autonomes pour détourner les vieux satellites. Airbus Defence and Space, en partenariat avec une dizaine d’entreprises et de centres de recherche, développe ainsi le projet TeSeR, des kits installés sur les satellites qui auraient suffisamment d’énergie pour les extraire de leur orbite quand ceux-ci seraient devenus inactifs. Un prototype est prévu pour 2020. En attendant, il faudra Sgarder un oeil sur l’espace pour éviter les carambolages.
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