Le fardeau de l’endettement public est là, pour longtemps. Comme les Français, la dette a pris du poids pendant le confinement. En quelques mois, notre ardoise a explosé, passant de moins de 100 % du PIB à 120,9 %, selon les dernières prévisions de Bercy. Car pour financer les aides aux entreprises et le chômage partiel, le gouvernement a emprunté des milliards d’euros en urgence.
« C’était un choix de solidarité, il ne faut pas le regretter, malheureusement il a un coût », a rappelé ce mardi matin sur France Info François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la banque de France. Mais comment se libérer d’un tel boulet à moyen et long terme sans augmenter les impôts? « Il est souhaitable qu’il n’y ait pas de hausse d’impôts et que nous différions dans le temps son remboursement », a préconisé le gouverneur de la Banque de France.
Mais il y a une autre option sur la table. A la différence d’un ménage, un pays lourdement endetté dispose d’une solution « joker » pour alléger ses remboursements : l’inflation. Faire flamber les prix et les salaires, comme la France l’a fait durant l’après-guerre, serait-il une solution miracle? « S’il y a beaucoup d’inflation, la dette perd de la valeur, reconnaît Marion Amiot, économiste, spécialiste du suivi de conjoncture et membre du think tank BSI Economics. En théorie, cette piste est donc possible. » Et même mécanique. Exemple dans les années 70 et 80, lorsqu’une inflation à deux chiffres a permis à nombre de Français de rembourser leur emprunt immobilier en monnaie de singe et de gonfler leur pouvoir d’achat. L’Etat, qui se désendette à bon prix, y gagne aussi.
Sauf que le contexte actuel est loin d’être le même. « Dans la réalité, nous ne sommes pas dans un environnement favorable à l’inflation, poursuit l’économiste. Après la crise sanitaire et économique que nous traversons, il est peu probable que les entreprises augmentent les salaires et donc, si les prix augmentaient, les ménages ne pourraient pas suivre et la consommation baisserait. »
Depuis plus de dix ans, d’ailleurs, l’inflation ne décolle plus et se maintient autour de 1 %. « En fait, si demain nous voulions faire de l’inflation, nous ne saurions pas comment faire, estime Anne-Sophie Alsif, chef économiste au Bureau d’information et des prévisions économiques (BIPE), également membre du think tank BSI Economics. » La preuve : la Banque centrale européenne a une cible d’inflation officielle à 2 %… qu’elle n’arrive pas à atteindre !
« Aujourd’hui, l’existence de prix mondiaux et non plus domestiques rend plus difficile une augmentation des prix, décrypte Anne-Sophie Alsif. Ensuite, pour ce qui est des hausses de salaires, le nombre réduit de personnes syndicalisées, et des combats sur les rémunérations qui vont avec, ainsi que le rôle prépondérant de la technologie – il est plus difficile de réclamer une promotion si on peut-être remplacé par une machine – limitent les possibilités de faire de l’inflation. »
Et quand bien même la France réussirait à surmonter toutes ces contraintes, il faudrait tordre le bras… d’Angela Merkel. L’Allemagne, dont la dette est quasiment deux fois moins élevée que la nôtre, est une farouche adversaire de la planche à billets.
Mais alors, comment se débarrasser de notre ardoise, alors que la dette était déjà devenue – avant la crise – le 2e poste budgétaire de l’Etat ? Et est-ce si grave, docteur, de comptabiliser un endettement aussi colossal ? « Pas vraiment, analyse Anne-Sophie Alsif, car la dette française affiche une bonne soutenabilité. A titre de comparaison, la dette japonaise est à 200 % du PIB. Par ailleurs, notre pays offre de solides garanties aux yeux des créanciers : il dispose d’une excellente capacité à lever l’impôt, ce qui signifie que l’Etat aura la capacité à honorer ses engagements. Et le taux d’épargne des investisseurs privés – qui achètent de la dette tricolore via le livret A et l’assurance-vie – est élevé. »
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