Ecrit par Soubha Es-Siari |
En matière de politique de change, le Maroc est-il sur la bonne voie pour se prémunir contre le risque de volatilité des monnaies notamment l’Euro et le Dollar, deux composantes du panier ? Le spectre de l’inflation avec pour toile de fond la hausse des cours des matières premières expose l’économie nationale à des zones de turbulences aiguës. Eclairage de Omar Bakkou.
Pour y voir un peu plus clair, l’économiste et spécialiste en politique de change, Omar Bakkou, a apporté des éléments de réponse.
D’emblée, l’économiste invité de Medi1 TV, a tenu à faire une radioscopie du contexte actuel, notamment international, marqué par une hausse spectaculaire de la monnaie américaine et son éventuel impact sur le marché de change international.
Omar Bakkou explique à ce titre que cette forte volatilité de la monnaie américaine n’est pas une première, notamment par rapport à l’Euro. « Depuis la mise en place de la monnaie européenne, il y a eu une hausse spectaculaire puisque le taux de change de l’euro est passé en 2007-2008 de 0,8 à 1,6 % ».
S’agissant de cette forte volatilité qui marque le contexte actuel, Omar Bakkou rappelle qu’en période de crise, le critère prépondérant de l’évolution du taux change est celui de la valeur refuge. Aujourd’hui, le Dollar est cette meilleure valeur refuge.
Dans un horizon court-termiste, la monnaie américaine continuera à être appréciée par rapport à l’Euro étant donné que dans des circonstances pareilles, le facteur monétaire qui se veut déterminant n’est que le taux d’intérêt. A ce titre, force est de rappeler que la Banque centrale américaine, la  FED, a procédé à des hausses successives du taux directeur.
Autrement dit, le Dollar va continuer à s’apprécier suite à la politique monétaire américaine adoptée par la FED mais également à cause de la hausse continue des cours de pétrole. Les avoirs monétaires des pays de l’OPEP étant quasiment libellés en dollars.
Quel impact sur le Dirham ?
Cette volatilité de la monnaie américaine n’est pas exempte d’impact sur le Dirham. Depuis le début de l’année, le DH s’est déprécié par rapport au Dollar mais également par rapport à l’Euro. Cette dépréciation résulte de l’effet panier, à savoir la parité Euro/Dollar mais également de l’effet marché qui dépend des recettes et des dépenses en devises.
Dans ce cas, étant donné que notre balance des paiements dépend essentiellement des cours de l’énergie (très volatile), ce déséquilibre sur le marché de change impacte le taux de change effectif d’une manière globale.
Pour l’économiste Bakkou, la politique de change adoptée par le Maroc est calibrée pour juguler l’inflation. Le taux de change fixe adopté depuis l’indépendance prend en considération le facteur inflationniste à cause de nos importations qui représentent environ 35 à 40% du PIB.
S’agissant de la convertibilité du DH, Omar Bakkou estime que le Maroc est dans une libéralisation presque totale, mais préconise une meilleure organisation à travers une Loi sur la convertibilité qui n’aura que des avantages pour le Maroc. C’est d’ailleurs l’objet de son ouvrage intitulé :  » La convertibilité du DH en question « , publié récemment.
« Cette loi va inscrire sur le marbre le fait que le DH est convertible, renforcer ainsi sa valeur et partant de là un réaménagement de la balance des paiements », insiste Omar Bakkou.
Aujourd’hui dans le cas du Maroc, nous adoptons une convertibilité excessive du Dirham mais qui se présente, faute d’une mise à niveau du cadre réglementaire régissant cette convertibilité, sous forme d’un régime de convertibilité restrictif, estime l’économiste.
Et d’ajouter : « La synthèse du cadre réglementaire régissant la conversion du Dirham en devise montre que ce cadre est plus libéral au Maroc comparativement aux autres pays en matière des principales opérations courantes, notamment les importations de marchandises (elles représentent 80% de ces opérations dans le monde) ».
Quant aux opérations pour lesquelles le Dirham ne peut pas être convertie librement, il s’agit d’opérations limitées par des contraintes économiques pures, c’est-à-dire que même en cas de libéralisation de ces opérations, les flux seront très modestes.
Il préconise ainsi le passage à une convertibilité ordonnée, avec une simple actualisation logique et intelligente du cadre réglementaire régissant les opérations de conversion du Dirham en devise en consignant les éléments de cette actualisation dans  une loi cadre de régulation des opérations de la balance des paiements qu’on pourra appeler loi sur la convertibilité du dirham.
Cette loi est fondée sur deux principes essentiels :
-D’une part, la liberté générale (abolition du système de rationnement) de réalisation des « opérations de la balance des paiements » ;
-D’autre part, l’obligation de conformité de ces opérations à des règles bien définies souvent scindées en deux catégories : celles régissant les opérations sous-jacentes aux opérations du marché des changes précitées fixées par les réglementations régissant ces opérations et celles régissant les opérations du marché des changes (achats et ventes de devises, détention de devises, opérations de couverture contre le risque de change, etc.) fixées par un arrêté ou un décret du Ministre chargé des Finances relatif à l’organisation du marché des changes et par des circulaires d’application de la banque centrale.
Lire également : [Entretien] Omar Bakkou explique pourquoi et comment le Dirham se convertit librement















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