Cet automne, Simple Plan utilise une stratégie bien connue des artistes canadiens-anglais qui veulent passer à la radio au Québec: traduire leurs chansons en français. Très en vogue de 2012 à 2014, cette tendance connaît toutefois une sérieuse baisse de régime cette année.
Lancée le 30 octobre, la version franglaise de I Don’t Wanna Go To Bed Without You tourne déjà à CKOI et à Énergie, tout comme Part of the Rain de Final State, un groupe de Québec qui a traduit une partie des paroles pour avoir une meilleure chance de percer sur son propre territoire. Car en raison des quotas de musique francophone imposés aux radios québécoises, qui doivent jouer un minimum de 65 % de chansons en français, il est plutôt difficile (voire quasi impossible) pour un artiste canadien (ou québécois) chantant en anglais de faire sa place au sein des 35 % restants quand la compétition vient des grosses pointures américaines et britanniques.
«Avec un maximum de 35 % de contenu anglophone, est-ce que je passe Bears of Legend (un groupe folk-rock québécois chantant en anglais) ou Coldplay? Mia Martina ou Adele? L’équation est simple», déclare le directeur musical de CKOI, Guy Brouillard.
Chez ICI Musique, dont la licence lui ordonne de jouer 85 % de contenu francophone, cette réalité est d’autant plus flagrante. «Quand un artiste anglophone arrive avec une proposition en français, ça lui donne une longueur d’avance non seulement auprès des radios, mais auprès du public, qui est curieux d’entendre le résultat», indique la directrice musicale du réseau, Josée Bellemare.
Le phénomène se résorbe
En 2015, Simple Plan et Final State font toutefois partie des rares groupes à avoir concocté une version française d’une chanson initialement enregistrée en anglais. Selon l’ADISQ, le phénomène des pièces bilingues (qui sont considérées comme du contenu francophone quand plus de 50 % des paroles sont en français) s’est résorbé au cours des 12 derniers mois.
D’octobre 2012 à octobre 2013, les radios musicales du Québec pouvaient consacrer jusqu’à 10,2 % de leur programmation hebdomadaire à des pièces bilingues. Cette année, ce pourcentage atteint seulement 3 %.
«Le phénomène des chansons franglaises a beaucoup diminué», confirme le directeur musical de Rouge FM, Daniel Tremblay.
Technique éprouvée
Selon Guy Brouillard, il s’agit d’un retour du balancier. Les artistes ont peut-être abusé du procédé de 2012 à 2014… avec des résultats mitigés.
Parmi les expériences concluantes, citons Kiss You Inside Out du groupe Hedley. En 2012, la formation originaire de Colombie-Britannique avait recouru aux services d’Andrée-Anne Leclerc, fraîchement sortie de Star Académie, pour chanter quelques lignes en français et ainsi transformer le morceau en pièce bilingue. Cette version de Kiss You Inside Out a connu un succès monstre au Québec, raconte Jonathan Bergeron, agent promo et marketing chez Universal Music, la compagnie de disque du quatuor pop-rock.
«Les chansons des trois premiers albums de Hedley avaient beaucoup joué au Canada anglais, mais pas au Québec, raconte Jonathan Bergeron. Kiss You Inside Out leur a permis de percer le marché québécois. Ensuite, ils ont pu remplir le Centre Bell.»
«Les artistes vendent de moins en moins d’albums, poursuit Jonathan Bergeron. Quand ils voient qu’un gars comme Bobby Bazini peut vendre 70 000 disques au Québec seulement, ça leur fait réaliser combien c’est un marché important. Ils veulent leur part du gâteau.»
Parmi les autres artistes anglophones à avoir imité Hedley en recrutant une voix québécoise pour tirer leur épingle du jeu en ondes, citons Train (Bruises avec Marilou) et Victoria Duffield (More Than Friends avec Olivier Dion).
«Habituellement, tout le monde sort gagnant, observe Denis Fortin, animateur à Rythme FM. C’est du win-win: autant pour l’artiste canadien-anglais qui ne parle pas français et qui veut se faire connaître au Québec que pour l’artiste québécois.»
Ce phénomène n’est pas nouveau, rappelle Denis Fortin. Dans les années 1990, quelques groupes canadiens ont suivi la recette, dont See Spot Run avec Décoller et Big Sugar avec Ouvre-toi baby.
Parfois, c’est réussi. D’autres fois, un peu moins. Nous avons demandé à deux animateurs d’expérience, Rebecca Makonnen (ICI Musique) et Denis Fortin (Rythme FM), de donner leurs impressions sur quelques exemples récents de chansons franglaises.
 
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