l’essentiel Dans ‘‘Simone Veil, les combats d’une effrontée’’, qu’elle présentera au théâtre Jean Alary samedi 19 mars à 20 h 30, la comédienne incarne l’immense femme politique française afin de raconter ce qui a forgé sa personnalité et ses convictions. Au fil de l’interview qu’elle nous a accordée, Cristiana Reali revient sur ce travail d’interprétation hors norme.
Comment ce projet est-il né ?
Il est venu de moi. J’avais lu Une vie, le livre de Simone Veil, et j’ai voulu en faire une adaptation théâtrale. Je suis allée voir Jean-Marc Dumontet (producteur du spectacle, NDLR) pour lui parler de mon idée, et nous avons travaillé sur l’adaptation avec Antoine Mory durant le premier confinement. On a eu le temps !
Avant ce spectacle, quel regard portiez-vous sur Simone Veil ?
De son vivant, je portais déjà sur elle un regard admiratif, impressionné. Mais au moment de son décès, beaucoup de témoignages et de documents ont afflué et cela m’a émue, touchée, de manière très intense. Je l’admirais déjà auparavant mais j’ai alors découvert plein d’autres choses, sa modernité notamment. Cet attachement s’est encore accru après avoir lu son livre, publié en 2007, car elle écrit comme elle parle et c’était comme si je l’entendais dans ma tête. Je me suis identifiée, j’ai retrouvé en elle certains éléments familiers, des sentiments partagés que j’avais pu ressentir à un moment de ma vie. Je me suis notamment souvenue de ma mère, à la fois femme au foyer et très féministe, attachée au droit des femmes. Plein de choses sont ainsi revenues en moi, et m’ont fait éprouver cette envie de raconter sa vie, ces épisodes qui l’ont forgée.
Aviez-vous déjà incarné une personnalité historique ?
J’avais joué Marie Tudor, mais il s’agissait d’une adaptation de la pièce de Victor Hugo et non d’un biopic.
Comment êtes-vous entrée dans la peau de Simone Veil ?
Ayant fait l’adaptation moi-même avec Antoine Mory, j’étais très imprégnée des écrits, documents et vidéos la concernant, et des interviews qu’elle avait données. Je l’avais beaucoup en tête. Toute la difficulté consistait à ne pas tomber dans l’imitation, mais je voulais quand même m’effacer derrière le personnage. Reproduire ses mouvements, notamment, c’était obligatoire car en matière de gestuelle je suis vraiment à l’opposé d’elle. Je souhaitais quelque chose de sobre : Simone Veil ne bougeait que sa tête. C’était quelqu’un de mesuré, qui ne perdait que très rarement son sang-froid, et je voulais incarner cela. C’est venu petit à petit au fil des répétitions, mais c’est aussi une question de concentration : je pense vraiment à elle en jouant. Un spectateur m’a dit un jour avoir oublié que c’était moi sur scène ; c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire.
Jouer une personnalité publique aussi importante vous a-t-il mis davantage de pression qu’un autre rôle ? Redoutiez-vous les retours de la critique ?
J’étais inconsciente ! Je me suis lancée dans ce projet alors que je ne travaillais plus, que tout le monde était confiné… C’est à la fin des répétitions que j’ai commencé à réaliser que les gens allaient m’attendre au tournant. Heureusement qu’il y a eu cette inconscience au début, qui m’a évité de me poser des questions ! Mais je me suis dit qu’au pire, même si personnellement je m’en prenais plein la gueule, il resterait le propos, le contenu, la parole portée par la pièce, qu’on ne peut pas attaquer. Cette création est une sorte de piqûre de rappel pour les gens qui connaissent déjà la vie de Simone Veil, mais elle a aussi vocation à faire découvrir ce parcours à un public moins au fait de son histoire.
Non seulement votre interprétation a été largement saluée, mais votre ressemblance physique, sur scène, est aussi très frappante…
Il n’y a ni postiche, ni latex, tout est dans le costume. Cela tient aussi au fait que nous sommes toutes les deux brunes aux yeux bleus, et que j’avais l’âge charnière pour raconter à la fois sa jeunesse et sa vie, bien des années plus tard. Je bénéficie également de mon expérience théâtrale, acquise progressivement. Au fond, c’était le bon rôle, au bon moment.
Vous évoquiez le propos de la pièce : quels messages souhaitiez-vous transmettre ?
Je ne pouvais pas raconter l’intégralité du livre, j’ai donc choisi ce que j’avais vraiment envie de véhiculer. Or je voulais mettre l’accent sur ce que Simone Veil nous laisse au-delà des clivages. La dimension "politique politicienne" est également intéressante, mais pas nécessairement, selon moi, pour être racontée au théâtre. Je préférais parler de la femme, de son enfance, montrer comment son esprit s’est forgé dès le plus jeune âge au travers de sa mère notamment, mais aussi bien sûr avec l’expérience des camps.
La famille de Simone Veil a-t-elle vu la pièce ?
Au départ, elle était un peu réticente à venir, bien que m’ayant accordé les droits, car ce n’est pas simple de voir sa vie ainsi exposée. Ses petits-enfants ont finalement été les premiers à sauter le pas, suivis de ses fils. Ils ont vraiment aimé, ça m’a beaucoup touchée.
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