Pour les familles des 52 marins qui se trouvaient à bord de La Minerve, c’est une attente longue d’un demi-siècle qui a pris fin avec l’annonce lundi de la découverte de l’épave du sous-marin. Mais comme à chacune des découvertes de ce type, l’engouement dépasse largement le cercle familial.
« Les épaves sont des fantastiques machines à rêver. On est très souvent dans le monde de l’irrationnel, explique au Parisien Michel L’Hour, directeur du Département de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). La disparition a cette brutalité qu’elle laisse l’esprit avec d’innombrables points d’interrogation. Et si vous y ajoutez le rêve du trésor enfoui, vous avez tous les ingrédients d’une histoire magique. »
Selon l’Unesco, environ trois millions d’épaves sont disséminées sur la surface du globe. Mais toutes n’exercent pas le même pouvoir de fascination. Certaines ont même acquis une aura presque mythique au fil des décennies voire des siècles écoulés.
Les épaves localisées au large des côtes françaises
Nous sommes en 2014. 522 ans ont passé depuis le naufrage de la Santa Maria, le navire amiral de Christophe qui a sombré un soir de Noël 1492 au large de l’île d’Hispaniola (actuellement Haïti), et l’explorateur américain Barry Clifford en a la certitude : il a retrouvé l’épave de la fameuse caravelle qui a traversé l’Atlantique en compagnie de la Niña et de la Pinta et elle se trouverait à seulement quelques mètres de fond.
Une réplique de la Santa Maria. Pixabay/steinchen
Une affirmation « reposant sur un tissu de stupidités », résume Michel L’Hour. « La rivière a continuellement poussé la bordure littorale vers le large et la Santa Maria se trouve probablement sous terre aujourd’hui. » Cela n’empêche pas Clifford de porter la bonne nouvelle devant les caméras de télévision et la nouvelle fait les gros titres.
Une équipe de l’Unesco est envoyée sur place pour s’assurer que le navire gisant dans les eaux de la baie du Cap-Haïtien. Le verdict tombe quelques mois plus tard : il ne s’agit pas de l’épave de la Santa Maria. Selon les experts de l’Unesco, le navire date plus probablement de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle.
Curieux destin que celui du HMS Endeavour. En 1768, c’est à bord de ce navire que le Britannique James Cook embarque pour un long périple le menant jusque dans les eaux du Pacifique sud, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Tombé dans l’oubli, le navire connaît une seconde vie à la fin des années 1770.
Rebaptisé Lord Sandwich, il est utilisé comme navire de transport pour les troupes britanniques pendant la guerre d’Indépendance américaine. L’histoire se termine assez piteusement. Le 4 août 1778, pour contrecarrer une offensive française imminente à Newport, dans l’Etat de Rhode Island, décision est prise de saborder l’ex-HMS Endeavour.
Tout récemment, la recherche du trois-mâts a connu une spectaculaire avancée. En septembre dernier, la Rhode Island Marine Archeology Project a annoncé qu’elle pensait avoir identifié l’épave de l’Endeavour au large du port de Newport sans en avoir pour autant l’absolue certitude. « Nous collectons avec soin des échantillons de bois très spécifiques et nous allons mener des analyses médico-légales pour voir ce que nous avons », précisait à l’époque le directeur du Musée national maritime australien Kevin Sumption.
Les navires comme la Santa Maria ou le HMS Endeavour font rêver pour leur rôle qu’elles tiennent dans l’Histoire. Rien de cela dans le cas du Merchant Royal. « Ce navire est mythique non pas parce que l’épave est intéressante, mais parce qu’on pense qu’elle était très richement chargée », souligne Michel L’Hour. Or, argent, pièces de monnaie : le Merchant Royal renfermerait un trésor s’élevant à plusieurs centaines de millions de dollars.
En 2007, l’annonce de la découverte de pièces d’or et d’argent valant environ 500 millions de dollars par Odyssey Marine Exploration a laissé à penser que la société américaine avait mis la main sur le navire britannique. Il s’agissait en réalité d’une frégate espagnole, la Nuestra Señora de las Mercedes, qui a coulé en 1804. L’affaire provoque même une bataille juridique de plusieurs années entre l’Espagne et Odyssey Marine Exploration.
En mars 2019, nouveau rebondissement. Un pêcheur a la surprise de ramener dans ses filets une ancre énorme qui pourrait appartenir au Merchant Royal. De son côté, Michel L’Hour préfère rester prudent : « Il m’en faut tout de même plus pour parvenir à une telle conclusion. Ce que j’ai appris au fil des années, c’est qu’on est jamais sûr de rien. »
Ce 13 mars 1918, l’USS Cyclops est attendu en baie de Chesapeake, à l’est des Etats-Unis. Plus de 300 personnes se trouvent à bord de ce navire en provenance du Brésil et à bord duquel se trouvent environ 10 000 tonnes de minerai de manganèse. L’USS Cyclops n’est jamais arrivé à bon port.
Qu’est-il arrivé à ce qui constituait à l’époque l’un des fleurons de l’US Navy? Plus d’un siècle a passé et le sort du navire demeure une énigme. Il a été vu pour la dernière fois le 4 mars 1918 à la Barbade. Depuis, plus rien. « Compte tenu du nombre de vies en jeu et de la taille du navire, c’est probablement le dernier grand mystère qu’il reste à résoudre », résumait en mai 2018 l’explorateur James Delgado pour le Baltimore Sun.
Plus ou moins sérieuses, ce ne sont pas les théories qui manquent pour tenter d’expliquer la catastrophe. Cargaison trop lourde, torpilles de sous-marins allemands ou une tempête ont tout à tour été évoquées, tout comme les monstres marins ou les chutes de météorites. Sans oublier que la disparition de l’USS Cyclops a contribué à façonner le mythe du triangle des Bermudes.
Dans le port de Cherbourg, une plaque rend hommage à Emilien Picard, Louis Santos, Harold Warner et aux 126 autres marins qui ont perdu la vie dans le naufrage du Surcouf. En 1929, c’est dans cette ville que le sous-marin long de 110 m est lancé. Il s’agit à l’époque du plus gros sous-marin au monde.
Peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, les Forces françaises libres s’emparent de l’appareil. Pendant deux ans, il multiplie les missions et les kilomètres. Mais son histoire se termine tragiquement de l’autre côté de l’Atlantique. Alors aux mains des Forces françaises libres, il coule par le fond dans la nuit du 18 au 19 février 1942, non loin du canal du Panama.
Les dernières heures du Surcouf ont donné lieu à plusieurs hypothèses. Selon un rapport américain, la catastrophe serait liée à une collision entre le sous-marin et un cargo, le Thompson Lykes. Une version contredite par le rapport d’une commission d’enquête française. Celui-ci évoque la méprise d’un hydravion américain qui aurait confondu le Surcouf avec un sous-marin allemand ou japonais. Le lieu exact où se trouve l’épave du Surcouf n’est pas connu, mais il pourrait reposer par plusieurs milliers de mètres de fond.
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