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TOKYO: La monnaie nippone n’en finit plus de sombrer, ayant atteint cette semaine de nouveaux plus bas en vingt ans face au dollar. Une tendance de change normalement favorable pour l’économie japonaise très axée vers l’international, mais dont les effets pervers deviennent préoccupants.
Un dollar s’échangeait contre 133,9 yens vendredi vers 09H30 GMT, après avoir grimpé bien au-delà de 134 yens ces derniers jours. S’il dépassait les 135,15 yens cela marquerait un nouveau record depuis octobre 1998.
La chute du yen est notamment causée par le décalage entre la politique monétaire toujours très accommodante de la Banque du Japon (BoJ) et celle de la Fed américaine qui se durcit, rendant les titres d’emprunt en dollar plus attrayants pour les investisseurs.
Cette tendance s’est accrue à partir de mars avec la guerre en Ukraine, qui a accentué la flambée des prix du pétrole et d’autres matières premières.
Les autorités japonaises répètent que des variations brutales du yen sont “indésirables” car cela complique les prévisions de marché des entreprises nippones et, dans le pire des cas, cela pourrait provoquer une perte de confiance dans les actifs libellés en yen.
Dans un communiqué commun rarissime, le ministère nippon des Finances, la Banque du Japon (BoJ) et le gendarme financier japonais (FSA) ont déclaré vendredi qu’ils prendraient des “mesures appropriées si nécessaire” contre la chute du yen, sans préciser lesquelles.
Grandes firmes vs grand public 
Cependant une intervention unilatérale de Tokyo sur le marché des changes paraît peu crédible, tout comme un revirement de la BoJ qui reste convaincue que les avantages d’un yen faible l’emportent sur les inconvénients.
Comme les grandes entreprises du pays sont très tournées vers l’international, “un yen faible contribue directement à soutenir les exportations du Japon”, a rappelé à l’AFP Alvin Tan, spécialiste du marché des changes chez RBC Capital Markets.
Cela gonfle artificiellement les bénéfices des entreprises japonaises générés à l’étranger une fois convertis en yen, ce qui réjouit la Bourse de Tokyo.
Cela pourrait aussi aider le Japon à relancer dans les prochains mois son industrie touristique, qui était devenue un facteur de croissance non négligeable avant la pandémie.
Le principal inconvénient immédiat du déclin du yen est de rendre les importations du Japon encore plus coûteuses, à commencer par ses gros approvisionnements en énergies fossiles.
Or, “des importations plus chères affectent négativement les consommateurs”, rappelle M. Tan, ce qui risque de freiner la reprise post-pandémie dans le pays.
Pour les ménages japonais, l’affaissement du yen s’apparente à une double peine car ils sont déjà confrontés à un réveil de l’inflation dans le pays, provoqué par le renchérissement des importations.
Signe des crispations actuelles, le gouverneur de la BoJ Haruhiko Kuroda a dû publiquement retirer mercredi des propos polémiques tenus quelques jours plus tôt, quand il avait affirmé que les Japonais devenaient plus “tolérants” envers l’inflation parce qu’ils avaient accumulé de l’épargne durant la pandémie.
Occasion à saisir? 
La hausse des prix à la consommation dans l’archipel (hors produits frais) a accéléré à 2,1% en avril sur un an, un niveau inédit depuis 2015, et même depuis 2008 en excluant les périodes de relèvement de la TVA.
D’un autre côté, la faiblesse du yen renforçant l’inflation importée “pourrait aussi être considérée comme positive, dans la mesure où cela pourrait aider à enraciner des perspectives d’inflation dans un pays qui a souffert de déflation pendant si longtemps”, selon M. Tan.
M. Kuroda espère lui aussi que cela permettra d’en finir avec la “mentalité déflationniste” que l’économie japonaise traîne comme un boulet depuis les années 1990.
Une inflation uniquement tirée par les coûts importés n’est pas saine pour l’économie, et c’est la raison pour laquelle la BoJ ne compte pas relever ses taux pour le moment.
Mais sur le long terme, cette situation pourrait générer “un cercle vertueux” dans lequel les prix augmentent modérément pendant que les bénéfices des entreprises, l’emploi et les salaires s’améliorent, plaide M. Kuroda. A condition que les employeurs jouent le jeu et que le gouvernement mène des réformes structurelles ambitieuses.
Sans que la BoJ ne le reconnaisse officiellement, sa politique monétaire extrêmement souple est aussi très commode pour refinancer indirectement l’abyssale dette publique japonaise et accompagner ainsi les plans de relance successifs du gouvernement.
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PARIS: La blockchain Ethereum, la plus importante dans le monde des cryptomonnaies après celle utilisée pour les bitcoins, a réussi la mutation technique qui doit la rendre plus efficace et moins consommatrice d’énergie, selon les principaux acteurs de l’opération jeudi.
“Et nous avons finalisé ! (…) Tous ceux qui ont contribué à réussir le Merge (+fusion+, le nom technique de la mutation, ndlr) peuvent se sentir très fiers aujourd’hui”, a tweeté Vitalik Buterin, cofondateur et figure tutélaire de cette blockchain.
Le “Merge” consiste à changer le mode de validation des opérations sur la “chaine de bloc”, un immense registre informatique infalsifiable.
L’Ether, la cryptomonnaie directement liée à Ethereum, ne représente qu’environ 20% de la valeur totale des monnaies virtuelles existantes, en deuxième position derrière le bitcoin (40%). Mais Ethereum possède un champ d’applications beaucoup plus vaste que son concurrent, car elle sert de support à de multiples usages, comme les échanges de NFT.
Afin de devenir moins énergivore dans un contexte de croissance rapide, Ethereum a décidé d’opérer une mue vers un système moins consommateur d’énergie. Une opération risquée, qui a été comparée par certains au remplacement d’un moteur diesel par un moteur électrique sur un véhicule en marche.
Après cette “mutation” jeudi, Binance, la plus grande plateforme mondiale d’échange de cryptomonnaies, a annoncé de son côté sur Twitter qu’elle reprenait les échanges sur Ether.
Binance avait suspendu par précaution ces échanges avant l’opération, comme la plupart des autres places d’échanges de cryptomonnaies.
Pour l’instant “tout s’est passé exactement comme prévu”, a indiqué à l’AFP Simon Polrot, un spécialiste de la blockchain et ancien président de l’Association pour le développement des actifs numériques (ADAN).
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LONDRES: Le directeur général de Shell, le Néerlandais Ben van Beurden, quittera ses fonctions fin 2022, laissant derrière lui une entreprise en pleine transition énergétique et assise sur des montagnes de bénéfices grâce à la flambée des hydrocarbures.
M. van Beurden, âgé de 64 ans, gardera un rôle de conseiller du conseil d’administration jusqu’en juin 2023 puis quittera le groupe, indique Shell dans un communiqué jeudi.
Il sera remplacé par le Canadien Wael Sawan, né en 1974, qui était jusqu’à présent basé à La Haye en tant que directeur des systèmes intégrés en gaz et renouvelables.
Diplômé des universités McGill (Canada) et Harvard (Etats-Unis), ce dernier a été auparavant directeur des activités d’exploration et production, et siégeait au comité exécutif du groupe depuis trois ans.
Le président du conseil d’administration, Andrew Mackenzie, a salué l'”extraordinaire carrière de 39 ans” de M. van Beurden chez Shell, “qui a culminé avec 9 années en tant qu’exceptionnel directeur général”.
“Pendant la dernière décennie, (M. van Beurden) a été à l’avant-garde de la transition vers la neutralité carbone”, a-t-il ajouté.
Il a souligné que le dirigeant démissionnaire “laisse derrière lui une entreprise rentable et solide avec un bilan robuste, des capacités de création de liquidité très fortes, et des options de croissance prometteuses”.
M. van Beurden a piloté le groupe pendant la pandémie quand les cours des hydrocarbures s’étaient effondrés.
Ils ont depuis spectaculairement rebondi avec la reprise économique post-confinements liés au Covid-19, et depuis l’invasion russe de l’Ukraine, qui perturbe l’approvisionnement mondial.
Critiques
Shell a publié fin juillet un bénéfice net de 18 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, grâce à l’envolée des prix du pétrole et gaz, des profits tels qu’ils ont fait polémique au Royaume-Uni et en France notamment en pleine crise du coût de la vie et flambée des factures énergétiques.
L’action de Shell réagissait peu jeudi, progressant de 0,15% à 2.344,50 pence vers 8h30 GMT à la Bourse de Londres, dans un marché en légère hausse.
“Cela a été un privilège et un honneur de servir Shell pendant presque quatre décennies”, depuis des débuts comme ingénieur spécialiste du gaz naturel liquéfié, jusqu’au sommet de l’entreprise, déclare pour sa part M. van Beurden dans le communiqué.
Shell est régulièrement critiqué pour son impact sur l’environnement, et son assemblée générale en mai a notamment été largement chahutée par des militants écologistes.
En mai, une consultante de Shell avait démissionné avec fracas, accusant le géant pétrolier britannique d'”échouer complètement dans (son) ambition de transition vers la neutralité carbone”.
Un investisseur institutionnel, Royal London Asset Management, avait aussi critiqué le plan de transition climat de Shell, estimant qu’il ne diminuait pas assez la consommation de pétrole du groupe.
L’entreprise a par ailleurs fait appel de la décision d’un tribunal néerlandais qui lui avait ordonné de réduire ses émissions de CO2 dans une affaire retentissante lancée par un collectif d’ONG.
En décembre, les actionnaires du géant des hydrocarbures avaient par ailleurs voté massivement en faveur du transfert du siège social du groupe des Pays-Bas vers le Royaume-Uni et du retrait de “Royal Dutch” du nom du groupe, né au début du XXe siècle de la fusion entre la société britannique Shell et la compagnie néerlandaise Royal Dutch.
“Il y a eu des remaniements importants dans la direction de Shell après le départ annoncé de la directrice financière Jessica Uhl en mars et le nouveau président du conseil d’administration Andrew Mackenzie nommé en mai l’an dernier”, commente Victoria Scholar, analyste de Interactive Investors.
Pour elle, il n’est pas étonnant que M. Sawan, en charge des renouvelables, ait décroché le poste de directeur général, vu la transition énergétique en cours dans le groupe.
Shell entre dans “une nouvelle ère” avec le départ de M. van Beurden, note Neil Wilson, analyste de Markets.com, soulignant que la guerre en Ukraine a fait revenir au premier rang des priorités la sécurité énergétique, et donc le forage pétrolier et gazier.
Vu leurs “super-profits” et la guerre en Ukraine, les géants des hydrocarbures britanniques s’étaient vu imposer une taxe spéciale sur les bénéfices par Londres, mais la nouvelle Première ministre Liz Truss, qui a travaillé pour Shell plusieurs années avant son entrée en politique, a prévu d’y mettre un terme.
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CASABLANCA: Au Maroc, le tourisme reprend des couleurs après deux années catastrophiques pour un secteur qui ne représente pas moins de 7% du PIB du pays. L’été 2022 a été salvateur et les principales destinations touristiques du pays ont affiché complet durant le mois d’août.
Destination de choix, notamment pour le tourisme interne, le nord du pays a été littéralement pris d’assaut par les touristes marocains; certains d’entre eux n’ont pas obtenu de visas pour passer leurs vacances en France. L’Espagne a également profité de cette donne, la péninsule Ibérique étant particulièrement prisée des Marocains. Mais ce qui a fait la différence cette année, et qui a permis de sauver la saison estivale, c’est la ruée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le pays.
«En effet, on peut dire que le salut est venu des MRE. Ils ont représenté la moitié des arrivées. Autre bonne nouvelle, le marché se redynamise et la demande pour la destination Maroc augmente de plus en plus», commente pour Arab News en français Wissal el-Gharbaoui, secrétaire générale de Confédération nationale du tourisme (CNT). Toutefois, selon notre interlocutrice, cette dynamique salutaire n’a pas profité à l’ensemble de l’écosystème hôtelier marocain. Le secteur informel a été plébiscité cette saison.
De même, plusieurs territoires et villes n’ont pas profité de la reprise. Par ailleurs, les principaux marchés émetteurs de touristes comme l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont encore frileux et n’ont pas encore véritablement repris, ce qui laisse planer le doute sur la saison hivernale.
«Pour la prochaine saison, il faudra être beaucoup plus réactif et plus attentif au marché mondial. Si l’été a porté de bonnes nouvelles pour le secteur, il faut que cette dynamique perdure en doublant la capacité en sièges à destination du Maroc, privilégier les liaisons aériennes point à point, renforcer la promotion à destination des principaux marchés émetteurs et, surtout, jouer sur la compétitivité, puisque l’inflation a affecté les budgets des ménages», recommande Wissal el-Gharbaoui.
Un plan d’action agressif doit ainsi être lancé par les autorités marocaines dans le but de profiter de la relance du secteur au niveau mondial, surtout lorsque l’on sait que certaines destinations touristiques concurrentes comme la Turquie et l’Égypte ont une longueur d’avance par rapport au Maroc. Quand le Maroc avait maintenu ses mesures restrictives liées à la Covid-19, notamment avec la fermeture de l’espace aérien, ces deux pays avaient déjà entamé, il y a un an et demi, la dynamisation de leur secteur touristique. C’est dire que la tâche ne sera pas facile pour le Maroc.
Dans ce contexte, les professionnels appellent le ministère de tutelle et le gouvernement marocain à se pencher de manière urgente sur certains maux qui minent structurellement ce secteur, notamment la fiscalité et le coût énergétique. Ils s’attendent à ce que des mesures concrètes soient incluses dans le projet de loi de finances de 2023. Et ce n’est pas la nouvelle stratégie en cours de préparation du ministère du Tourisme qui rassurera les professionnels, qui s’attendent à des mesures urgentes. Rappelons que le Maroc avait déjà mis en place la Vision 2010 et la Vision 2020, dont les objectifs n’ont pas été réalisés. La prochaine stratégie se veut plus ambitieuse et vise un doublement des arrivées touristiques. Toutefois, des questions subsistent sur ses conditions de réussite, notamment en ce qui concerne le volet financement.

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