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Aux Etats-Unis, en Europe, en Russie, en Turquie, au Mexique… , alors que la flambée inflationniste se propage aux quatre coins de la planète depuis un an au point de pousser les banques centrales à remonter (ou à envisager de le faire) leurs taux directeurs, le Japon fait office d’exception.
Très loin de la flambée inflationniste observée aux Etats-Unis en janvier (+7,5%, la plus forte depuis 40 ans) ou dans la zone euro (+5,1%, du jamais vu depuis l’instauration de la monnaie unique), les prix à la consommation dans l’archipel nippon ont quasiment stagné en janvier, affichant une très légère augmentation de 0,2% (hors produits frais), selon des données officielles publiées vendredi. Cette mini-hausse est plus faible que celle enregistrée en décembre (+0,5%) et inférieure de 0,1 point à la prévision du consensus d’économistes de l’agence Bloomberg.
En excluant également les prix de l’énergie, les prix à la consommation ont même nettement reculé (-1,1%). Sur l’ensemble de l’année calendaire 2021, les prix à la consommation se sont repliés de 0,2%. Ils sont toutefois repartis en légère hausse à partir de l’automne, sous l’effet de la poussée des prix de l’énergie. Sur ce point, le gouvernement tente d’amortir la hausse des prix de l’essence en subventionnant les importateurs et distributeurs.
Pourquoi donc cette absence d’inflation ? D’une manière générale, les entreprises nippones rechignent à reporter leurs hausses de coûts sur leurs prix de vente, pour ne pas prendre le risque de faire fuir les consommateurs japonais, guère habitués aux hausses de prix, d’autant que les salaires n’augmentent que très faiblement dans le pays. Surtout, une hausse des prix serait malvenue alors que la consommation des ménages est atone en raison de la vague Omicron depuis janvier.
“Le Japon subit plus de dommages que prévu du variant Omicron” a commenté l’économiste de UBS Securities Masamichi Adachi, interrogé récemment par l’AFP. “La retenue des consommateurs a été plus importante que prévu et le rythme de la vaccination pour la troisième dose (contre le Covid-19, NDLR) est très lent”, a-t-il ajouté.
Omicron a entraîné des records de nouvelles infections au Covid-19 au Japon, avec un pic autour de 100.000 nouveaux cas quotidiens atteint début février.
Le gouvernement a remis en place des restrictions sanitaires depuis janvier dans une grande partie du pays, qui pèsent en particulier sur les bars et restaurants. Par conséquent, cette faible consommation des ménages pèse sur l’activité économique.
Le PIB national a rebondi de seulement 1,7% en 2021, selon des chiffres préliminaires dévoilés mardi dernier, mais, toujours à cause d’Omicron, une stagnation voire une légère rechute est attendue par les économistes au premier trimestre 2022. La vague Omicron a aussi retardé la mise en place de certaines mesures prévues par le nouveau gigantesque plan de relance du gouvernement – équivalant à 430 milliards d’euros – approuvé en fin d’année dernière, notamment le retour d’un programme subventionnant le tourisme intérieur, suspendu depuis fin 2020.
Mais comme les autres économistes, Masamichi Adachi d’UBS Securities s’attend toujours à une “reprise solide” du PIB nippon cette année, qui n’a été que “reportée” du fait de la persistance de la crise sanitaire. Le Fonds monétaire international (FMI) a anticipé fin janvier une croissance économique de 3,3% au Japon en 2022, grâce notamment au déploiement progressif du nouveau plan de relance du gouvernement.
Pour autant, la Banque du Japon (BoJ) n’espère toujours pas atteindre rapidement son objectif d’inflation de 2%, derrière lequel elle court vainement depuis 2013, en dépit de sa politique monétaire constamment ultra-accommodante. Les taux directeurs sont en effet extrêmement bas. L’institution monétaire japonaise table en effet actuellement sur une inflation de 1,1% pour l’exercice 2022-2023 qui démarrera le 1er avril, et de 1,1% également pour 2023-2024.
Mais outre le Covid-19, les incertitudes sur l’évolution de la conjoncture demeurent très élevées, à commencer par le risque d’une invasion de l’Ukraine par la Russie, susceptible d’aggraver la flambée des prix de l’énergie et de perturber le commerce international. Par conséquent, la reprise de l’économie japonaise en 2022 “ne va probablement pas ressembler à une ligne droite”, selon Stefan Angrick, économiste de Moody’s Analytics.
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LE DÉFICIT COMMERCIAL SE CREUSE
Le Japon a enregistré en janvier son pire déficit commercial mensuel en huit ans, ses importations ayant continué d’exploser sous l’effet de la flambée des prix du pétrole et du gaz, tandis que la croissance de ses exportations a ralenti. La balance commerciale du Japon a été négative à hauteur de 2.191 milliards de yens (16,7 milliards d’euros) le mois dernier, selon des statistiques publiées jeudi par le ministère nippon des Finances. C’est le plus important déficit commercial du pays sur un mois depuis janvier 2014, a précisé le ministère à l’AFP. Par ailleurs, il s’agit du sixième mois d’affilée marqué par une balance commerciale négative. Les importations du Japon le mois dernier ont bondi de 39,6% sur un an à 8.523,1 milliards de yens (64,9 milliards d’euros), une hausse à peine moins élevée qu’en décembre.
La valeur des importations d’hydrocarbures s’est envolée de plus de 80% sur un an en janvier, la flambée des prix du pétrole et du gaz étant aggravée par la baisse notable du yen par rapport au dollar depuis des mois. La croissance des exportations nippones a quant à elle nettement décéléré en janvier atteignant +9,6%, un rythme deux fois moins élevé que lors des deux mois précédents, pour totaliser 6.332 milliards de yens (48,2 milliards d’euros). Ce coup de frein s’explique à la fois par la vague Omicron, qui ralentit la reprise de l’économie mondiale, et par la persistance de pénuries, notamment dans les semi-conducteurs, qui handicapent la production industrielle. Le consensus d’économistes de l’agence Bloomberg misait sur une croissance des exportations japonaises bien supérieure en janvier (+17,1%). Les exportations japonaises vers la Chine ont notamment reculé de 5,4% en janvier.
Mais ce déclin ne devrait être que temporaire, car il s’explique “principalement” par les congés du Nouvel an lunaire en Chine, a estimé Norihiro Yamaguchi dans une note d’Oxford Economics. Des confinements liés à la situation sanitaire ont aussi de nouveau touché certaines métropoles industrielles chinoises en début d’année. Les exportations japonaises à destination des Etats-Unis ont elles progressé de 11,5% et celles vers l’Europe occidentale de 14,5%. La montée en puissance sera “soutenue par une demande robuste en biens d’équipement et la dissipation progressive des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement du secteur automobile”, a-t-il expliqué.
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