VOTRE VIE VOTRE AVIS Le 18 février 2002, l’euro est devenu la monnaie unique de la zone euro, changeant ainsi les habitudes des Français. Bon souvenir pour certains, mauvaise idée pour d’autres, on a sondé nos lecteurs
« Le passage à l’euro, c’est le plus grand hold-up du siècle. » En une phrase, Claude donne le ton. Il y a tout juste vingt ans, le 17 février 2002 à minuit, les Français abandonnaient le franc pour toujours et adoptaient l’euro, la seule monnaie légale. Un changement qui s’est fait progressivement puisque depuis deux ans déjà, les Français avaient l’habitude de convertir l’euro en franc, avec notamment le double affichage des prix dans les commerces. Pour rappel, un euro équivaut à 6,55957 francs. Cette période de transition, beaucoup de nos lecteurs s’en souviennent pour le meilleur… Et pour le pire.
La première fois qu’il découvre l’euro, Eric* est au distributeur prêt à retirer ses nouveaux billets. L’impatience de découvrir un nouvel objet, de le toucher, le humer, est bien présente. « Déjà avec les francs, quand un nouveau billet sortait, il y avait une sensation que j’appréciais », se rappelle-t-il. Mylène, elle, le découvre via son travail. « Notre entreprise nous avait distribué à tous un petit sachet de quelques euros peu avant le passage du franc vers l’euro. Il y avait une certaine excitation à vivre ce grand changement qui a bousculé nos habitudes au quotidien ! » Pierre, âgé de 10 ans à l’époque, reçoit lui aussi un sachet de 15,24 euros, « une sorte de starter kit de l’euro ! ».
Une fois l’introduction de l’euro dans les foyers, il faut désormais vivre avec cette nouvelle monnaie au quotidien. Clément se souvient d’un soir où il sort boire un coup avec son père, dans un bar, à Draguignan. Au moment de régler, pas un sou en poche, il décide de retirer au distributeur. Chouette, un billet de 20 euros. Problème ? Le barman n’a pas encore d’euros dans sa caisse, il lui rend donc la monnaie en francs. Depuis, il garde ces petites pièces précieusement en souvenir.
Régine, boulangère, détient à l’époque une caisse enregistreuse capable d’encaisser les francs et de rendre la monnaie en euros. Pratiquement tous ses clients ont le porte-monnaie spécial euros avec des compartiments pour chaque pièce. « La chose qui m’a le plus frappée, c’est que les gens n’avaient plus rien à faire des francs, ils laissaient volontiers la monnaie. Le franc ne valait plus rien, c’est comme s’ils jetaient l’argent par les fenêtres, surtout les centimes », se remémore-t-elle.
Très vite, les Français se rendent compte que le passage à l’euro s’accompagne d’une hausse des prix. Ils le remarquent notamment en convertissant les prix de l’euro en franc. C’est le cas d’Alphonsine, qui continue de faire le calcul : « Grâce à cette conversion, je me rends compte à quel point l’euro est quand même une arnaque au vu des prix de la vie quotidienne. Une baguette coûte actuellement coûte 0,90 centime, voire 1 €, ce qui équivaut à 6,55957 francs. Avant l’euro, une baguette coûtait 2 ou 3 francs, pas plus », regrette-t-elle.
Thierry observe que si l’euro a facilité les voyages et la bourse, il n’a pas amélioré le pouvoir d’achat des citoyens : « Les prix ont augmenté avant, pendant et après… Sauf les salaires. » Eric* constate une augmentation du prix de l’immobilier : « Fin 1990, pour 1 million de francs, on avait une maison en proche banlieue parisienne. Vingt ans plus tard, pour 150.000 euros, on a à peine un studio… » Henri* se rêve à imaginer le franc redevenir la monnaie nationale : « Depuis l’euro, le coût de la vie a explosé. La balance commerciale française ne cesse de se détériorer. Certes, le retour au franc impliquerait une période d’inflation, mais permettrait aussi à la France de consolider son économie et son tissu industriel en décomposition. »
Si l’euro est fortement critiqué, certains reconnaissent qu’il a rendu plus facile les échanges au sein de l’Union européenne, mais aussi avec les autres pays étrangers. Jean-Pierre, retraité, vit en Inde depuis 2004. Selon lui, le taux de change EUR/INR lui permet « une vie luxueuse que je n’aurais pas eue en France : belle maison, piscine, personnel… » Chantal, de nationalité belge est aussi passée à l’euro en même temps que les Français. Pour elle, ce changement représente « le bonheur de ne plus avoir à changer de monnaie à chaque passage de frontière… La facilité de comparer les prix d’un pays à l’autre. » Pour elle, pas de doute : « C’est triste de toujours penser au passé, il faut vivre le temps présent ! »
*Noms d’emprunt
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