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Les agriculteurs doivent-il craindre les conséquences d’un hiver très doux et humide ?
Un champs gorgé d’eau dans les environs de Morlaix en Bretagne, le 14 février 2014.
(Claude Prigent /LE TELEGRAMME)
Un champs gorgé d’eau dans les environs de Morlaix en Bretagne, le 14 février 2014.
(Claude Prigent /LE TELEGRAMME)
L’hiver a été jusqu’à présent exceptionnel de douceur et d’humidité en France. En moyenne sur le pays, les précipitations ont été supérieures à la normale de plus de 40 % pour le seul mois de janvier. Certaines régions s’approchent – ou ont même déjà dépassé – des records saisonniers de précipitations. 639 millimètres sont tombés à Brest entre le 1er décembre et le 12 janvier.
Le record de 687 mm tombés pendant l’hiver 1994-1995 qui avaient alors provoqué des inondations majeures devrait être atteint d’ici la fin du mois, pronostique Météo France. Des records ont d’ores et déjà été battus dans le Sud-Est, avec 555 mm à Nice (contre 539 mm pour l’hiver 1977-1978) ou 390 mm à Montélimar (388mm durant l’hiver 1935-36).
La douceur, à défaut d’ensoleillement, a également été durablement au rendez-vous cet hiver. Le mois de janvier a ainsi été le plus chaud depuis 1900, ex-aequo avec 1988 et 1936. Des 18°C ont même été enregistrés au petit matin au Pays Basque le 9 janvier.
Jean-Claude Bevillard, spécialiste des questions agricoles à France Nature Environnement, analyse les conséquences de cette météo pour le monde agricole.
Cet hiver doux et humide sera-t-il préjudiciable pour le monde agricole ?
Jean-Claude Bévillard : Le bilan sera différencié selon les régions. Les semis d’automne qui sont durablement noyés dans les zones inondées seront probablement endommagés et devront parfois être replantés. Et les sols trop gorgés d’eau retardent les travaux dans les champs. Mais le fait que les nappes d’eau soient rechargées, par les pluies abondantes est un bon point. Toutefois, plus encore que l’hiver, ce sont les conditions climatiques du printemps qui seront déterminantes. Le principal dommage réside dans l’érosion des sols.
C’est à dire ?
J-C. B. : Le ruissellement, en raison des fortes pluies, a aggravé les phénomènes d’érosion. Les sols trop compactés ne sont pas en mesure d’absorber l’eau. Celle-ci ruisselle et emporte la matière organique. La partie fertile des sols disparaît. C’est ainsi que les problèmes d’inondations ne cessent de s’aggraver, comme ce à quoi nous assistons de manière récurrente en Bretagne. Les agriculteurs ont alors recours aux engrais minéraux pour compenser, partiellement, cet apauvrissement.
Les discours tendent à évoluer sur la nécessaire diversification des cultures. Mais cela se traduit encore peu dans les faits. Le retournement des prairies en faveur de l’agriculture, en raison du recul de l’élevage, s’accompagne souvent d’une augmentation de la taille des parcelles et d’un arrachage de haies, lorsqu’il en existe encore. La spécialisation et l’agrandissement des exploitations se poursuit. Tout concourt à l’aggravation de l’érosion et des inondations préjudiciables à tous.
Faut-il craindre des attaques microbiennes ?
J-C. B. : L’absence de froid et de gel a effectivement pu profiter à la prolifération parasitaire. Mais la encore la situation sera variable d’une région à l’autre. Globalement cette tendance continue à l’uniformisation des cultures rend les systèmes agricoles plus fragiles à tous les aléas qu’ils soient climatiques ou microbiens. Lorsque vous n’avez qu’un immense verger, s’il est frappé par le gel, c’est l’ensemble de la production qui peut être perdue.
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