La BCE ira “aussi loin que nécessaire” pour enrayer l’inflation : c’est déterminée que Christine Lagarde, suivant de peu les décisions prises aux Etats-Unis, annonçait en juin 2022 un redressement progressif des taux directeurs européens. Depuis, ils ont progressé deux autres fois pour un total de 2 points de pourcentage. Cette politique de rigueur et de normalisation monétaire marque un tournant, après une période de taux directeurs historiquement bas et d’utilisation d’instruments non-conventionnels, comme le “quantitative easing” ou assouplissement quantitatif.
La remontée des taux est un véritable revirement par rapport à la politique monétaire pratiquée ces dix dernières années et marque un retour vers des instruments plus conventionnels, tandis que les banquiers centraux reposent les yeux sur l’indicateur central dans leur mandat : l’inflation. Cependant, comparée à la situation américaine ou aux précédents historiques, l’intervention de la BCE reste toute relative. Cela s’explique non seulement par la frilosité de la BCE qui craint toujours le spectre des crises de la dette de 2011, mais aussi par le fait que la dynamique inflationniste européenne reste particulièrement liée à des facteurs externes conjoncturels (guerre en Ukraine, crise énergétique, Covid). Selon Edwin le Héronen Europe, on a des problèmes d’asymétrie, asymétrie sur l’inflation et aussi sur les dettes souveraines, qui restent des dettes nationales, il y a donc des tensions. Il faut faire attention à ce qu’il n’y ait pas un pays dont la dette entraîne une perte de confiance. Aujourd’hui on ne monte pas les taux d’intérêt pour freiner directement l’inflation, disons de manière standard, en raison d’un excès de demande, mais parce qu’elle vient de l’énergie, qui est payée en dollars. Il y a donc un problème de taux de change. On est obligé, face aux Etats-Unis qui montent fortement leurs taux d’intérêt, de suivre afin que l’euro reste accroché.  Aujourd’hui tous les capitaux foncent aux Etats-Unis puisqu’ils redécouvrent un actif sans risque qui est rémunéré. Donc, on quitte l’or, les monnaies un peu périphériques, le bitcoin etc pour aller vers du fondamental. Et tous ceux qui ne peuvent pas suivre décrochent d’une manière extrêmement violente, moins 80 % de valeur pour la livre turque, effondrement de la monnaie de pays comme le Liban, le Ghana…“. Natacha Valla ajoute ” le mécanisme de base c’est l’action cyclique ou contracyclique d’actions monétaires par la politique des taux, et c’est une logique très keynésienne. Quand j’augmente les taux d’intérêt, j’augmente le coût du financement pour les entreprises et donc si le coût de mon financement externe augmente, je vais réfléchir à deux fois avant d’investir, ça ralentit le rythme de croissance de l’économie. Par ailleurs,  il y a un élément essentiel aujourd’hui sur la transmission entre ces taux de la banque centrale et l’économie réelle, c’est la dimension d’anticipation“.
Les hausses des taux directeurs peuvent donc permettre de limiter l’inflation à condition que les agents économiques aient confiance en la capacité de la BCE à juguler la flambée des prix. Or cette confiance peut s’éroder, d’autant plus que la BCE a tardé à réagir quand les prix ont commencé à flamber à partir de l’été 2021. Natacha Valla précise “il faut se remettre dans le contexte où on a pensé pendant des décennies qu’effectivement, comme M. Trichet le rappelle, la croissance était modérée, l’inflation raisonnable. On a effectivement tardé collectivement à accepter de voir l’inflation se réaliser. On a pensé que cette inflation serait temporaire, qu’elle serait facilement résolue, et puis ce n’a pas été les cas. Edwin Le Héron complète : “il y deux grandes faiblesses de la politique nouvelle keynésienne qui dominait avant 2008, mais qui finalement domine un peu toujours : c’est l’idée que l’inflation est exclusivement vue comme un phénomène d’anticipation et qu’on peut donc la maîtriser par l’ancrage des anticipations. Or on a vu qu’un choc d’offre, de type Covid, pouvait faire une inflation par l’offre et que deuxièmement, l’inflation c’est souvent des coûts de production. Généralement on liait cela aux salaires, mais que l’on maîtrisait, mais les coûts de production c’est aussi les matières premières et la crise ukrainienne a amené cette hausse ces coûts.
Bank account, par 21 Savage
Évidemment, par Angele ft Orelsan
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