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Amin Jaffer, conseiller artistique d’Hamad Ben Abdullah Al-Thani a supervisé l’exposition de la collection du cheikh qatari.
Temps de Lecture 5 min.
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A 39 ans, le cheikh Hamad Ben Abdullah Al-Thani, cousin de l’émir du Qatar, est considéré comme un des plus importants collectionneurs d’art du monde. Pas tant en quantité (5 000 à 6 000 œuvres tout de même) qu’en qualité : il vise l’exceptionnel et a les moyens de l’acquérir. L’exposition de l’hôtel de la Marine à Paris a été élaborée sous la houlette de son conseiller artistique, Amin Jaffer, ancien conservateur au département d’art indien au Victoria & Albert Museum de Londres puis ancien expert de la maison de ventes Christie’s.
On pense que c’est un prince du Moyen-Orient qui achète de belles choses et on découvre un expert qui connaît les objets, leur histoire, leur provenance. C’est un passionné.
Pas seulement. Il s’intéresse à toutes les cultures, toutes les civilisations. Il voyage partout, mais est aussi très parisien : ses premières expériences du monde de l’art, c’est quand, enfant, sa mère l’emmenait au Musée du Louvre. Mais aussi Versailles, Fontainebleau, Chantilly… Quand sa famille a acheté l’hôtel Lambert à Paris, c’est lui qui a été chargé de superviser les travaux de restauration et de trouver le mobilier, pour lui redonner le cachet qu’il avait à la fin du XVIIe siècle.
Les deux. Et, j’insiste, toutes les cultures l’intéressent. Il a choisi une sélection de sa collection qui en montre la diversité. Elle commence avec l’Antiquité, 4 000 ans avant J.-C. et continue jusqu’au XXe siècle. Pour la première exposition, nous nous sommes concentrés sur le monde antique dans sa pluralité. C’est un message de rencontres. Entre les peuples, mais aussi entre le présent et le passé.
Pour le cheikh Hamad, c’est le lieu de ses premières découvertes artistiques. Et la vie culturelle y est impressionnante ! Dans les expositions, ce qui me touche, c’est que tout le monde lit les cartels ! A mon avis, vos expositions sont les plus sophistiquées du monde. Là où ailleurs on fait des « blockbusters », vous êtes capables de consacrer le Grand Palais à une exposition sur le thème de la mélancolie !
Oui. Nous avons ainsi un objet islamique médiéval en argent qui appartient au Musée d’art islamique de Jérusalem. Avec la crise sanitaire, ils ont eu de gros problèmes de financement et envisageaient de vendre une partie de leur collection. Nous avons comblé leur déficit, et en échange, ils nous prêtent, tous les deux ans, un objet différent. A l’inverse, nous procédons à de nombreux prêts : notre hanap en cristal de roche, qui porte une inscription de Sélim Ier, a été exposé au Louvre. La prochaine exposition temporaire, consacrée à la collection Gulbenkian, a été pensée à la demande du CMN à l’occasion de la saison France-Portugal. Nous sommes enthousiastes, parce que Gulbenkian était, lui aussi, un étranger, Arménien né en Turquie, vivant à Londres ou à Paris avant de choisir Lisbonne. Et d’une manière générale, un des grands plaisirs que nous avons à être là, c’est de pouvoir travailler avec des grands musées et des institutions françaises.
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