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PARIS: “C’est une inflation due aux hydrocarbures, due à l’offre. S’il y a 20 ans, vous avez investi dans le photovoltaïque ou pris des parts dans un parc éolien, alors aujourd’hui vous n’êtes pas touché” par cette crise, constate Johan Rockström, le directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK).
“Depuis 1990, nous disons qu’il faut abandonner progressivement l’économie fondée sur les énergies fossiles au profit d’une économie basée sur les énergies renouvelables. Et maintenant, nous y voilà – nous nous prenons le mur”, après “30 ans de sous-investissement”, constate le scientifique, l’un des principaux artisans du concept de “limites planétaires” – seuils d’usage des ressources que l’humanité ne doit pas dépasser pour vivre dans un écosystème sûr.
Le premier scénario, surnommé “Too Little, Too Late” (trop peu, trop tard), verrait perdurer l’orthodoxie économique, aggravant les inégalités alors que le monde dépasse les objectifs de l’accord de Paris et s’oriente pour l’heure vers un réchauffement de 2,5 °C
M. Rockström a travaillé deux ans sur sa contribution au rapport collectif “Earth For All: A Survival Guide for Humanity” (La terre pour tous: guide de survie pour l’humanité), publié mardi par le Club de Rome, ce groupe de réflexion de scientifiques et d’économistes fondé en 1968.
L’ouvrage s’inscrit dans la lignée du célèbre rapport Meadows, publié en 1972 sous l’égide du Club de Rome. Ce document de référence, à l’origine de l’ouvrage “Halte à la croissance ?” (“Limits to Growth”), affirmait que le développement ne pouvait se poursuivre indéfiniment sans atteindre une limite de consommation des ressources.
Le deuxième scénario, celui du “Great Leap” (Grand Bond), prévoit une mobilisation sans précédent des ressources pour mettre en œuvre cinq changements sociétaux.
Cinquante ans plus tard, le nouveau rapport, auquel ont participé des auteurs du premier, prévoit deux scénarios de croissance.
Le premier, surnommé “Too Little, Too Late” (trop peu, trop tard), verrait perdurer l’orthodoxie économique, aggravant les inégalités alors que le monde dépasse les objectifs de l’accord de Paris et s’oriente pour l’heure vers un réchauffement de 2,5 °C d’ici 2100 par rapport à la fin du 19e siècle.
Le deuxième scénario, celui du “Great Leap” (Grand Bond), prévoit une mobilisation sans précédent des ressources pour mettre en œuvre cinq changements sociétaux: l’éradication de la pauvreté et des inégalités, l’autonomie des femmes, une alimentation mondiale plus végétale et la décarbonation rapide de l’énergie.
“Nous y sommes: à 1,1 °C, les phénomènes que nous pensions voir à 2 °C se produisent beaucoup plus tôt et frappent plus durement”.
Les auteurs affirment que le Fonds monétaire international devrait accorder 1 000 milliards de dollars par an aux nations les plus pauvres pour créer des emplois verts et que les pays riches devraient annuler la dette de ceux à faibles revenus tout en accordant à leurs citoyens un “dividende de base universel”.
Scénario catastrophe
Pour M. Rockström, le monde a atteint un “point d’urgence”, car les catastrophes liées au climat – avec un réchauffement actuel de 1,1°C depuis l’ère industrielle – se produisent plus fréquemment que prévu.
“Nous y sommes: à 1,1 °C, les phénomènes que nous pensions voir à 2 °C se produisent beaucoup plus tôt et frappent plus durement”, explique-t-il, après un été marqué par des records de sécheresse et de chaleur en Europe et en Chine, et des inondations cataclysmiques au Pakistan.
“Nous risquons de nous diriger vers un scénario catastrophe, non pas parce que nous injectons davantage de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre d’origine humaine, mais parce que le système terrestre lui-même commence à émettre ces gaz”, compte tenu de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland et de l’augmentation des feux de forêts.
Les scientifiques devraient “envisager une palette beaucoup plus large de scénarios”, afin de mieux intégrer des phénomènes certes peu probables mais extrêmement dévastateurs et qui pourraient conduire à un emballement du réchauffement.
M. Rockström se dit toutefois “assez pessimiste” sur les capacités de réforme des gouvernements. “Il y a trois ans, j’aurais dit que j’étais optimiste – nous avons vu un élan post-Paris avec davantage de politiques publiques et d’entreprises qui s’engagent”, a-t-il déclaré.
“Maintenant, avec l’effondrement post-Covid de la confiance du public et la montée du populisme, je n’ai pas l’impression que nous soyons vraiment prêts à mettre en œuvre tous ces pas de géant”, s’inquiète-t-il.
“C’est pourquoi le timing est vraiment important. Nous devons relancer le débat et parler de l’urgence d’agir. Est-ce un défi ? Absolument.”
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BRUXELLES : Les prix élevés du gaz et de l’électricité font peser un “risque imminent” de “pertes de production” et “d’arrêts de milliers d’entreprises européennes”, a averti jeudi BusinessEurope, une organisation représentant le patronat européen.
Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’association patronale réclame notamment un assouplissement du cadre des aides d’Etat aux entreprises en difficulté, un découplage d’urgence des prix de l’électricité de ceux du gaz ainsi que la mobilisation de tous les moyens de production d’électricité disponibles.
“Il est urgent de trouver des moyens au niveau de l’UE d’atténuer l’impact des prix de l’énergie qui paralysent les entreprises européennes, c’est une question de survie”, affirme le lobby des entreprises qui regroupe des organisations comme le Medef en France ou le BDA en Allemagne, à la veille d’une réunion des Etats membres à Bruxelles sur la crise énergétique.
L’exécutif européen et les Vingt-Sept peinent jusqu’à présent à esquisser des solutions, tant les mix énergétiques et les intérêts des différents pays sont divergents.
Quelque “70% de la production européenne d’engrais a été arrêtée ou ralentie, tandis que 50% de la capacité totale de production d’aluminium a été perdue. Il existe un réel danger que les entreprises, et en particulier les industries à forte intensité énergétique, se délocalisent définitivement en dehors de l’Europe”, s’inquiète BusinessEurope.
“Pour éviter de nouvelles pertes de production, le cadre communautaire des aides d’État doit être encore ajusté afin de permettre temporairement aux États membres d’accorder les aides dont les entreprises touchées ont tant besoin”, a-t-elle réclamé.
“Les décideurs politiques devraient envisager d’urgence une mesure temporaire à l’échelle de l’UE pour découpler les prix de l’électricité des prix du gaz. Si elle est bien conçue (…), cette mesure pourrait effectivement faire baisser les factures d’énergie”, assure le lobby patronal.
“Chaque Mégawattheure (d’électricité) et chaque milliard de mètres cubes (de gaz) comptera cet hiver. Il est possible et nécessaire de faire davantage pour accroître l’offre d’énergie en Europe. Il est extrêmement important d’intensifier encore l’action extérieure auprès des fournisseurs et de déployer au plus vite des capacités supplémentaires en matière d’énergies renouvelables, d’énergie nucléaire, d’énergie à faible émission de carbone et de gaz naturel en Europe”, estime encore BusinessEurope.
“De nombreuses entreprises étant au bord de l’effondrement, il convient d’envisager toutes les options pour faciliter la production d’énergie, y compris des adaptations législatives temporaires ou des moratoires”, demande l’organisation, au moment où des réacteurs nucléaires sont mis à l’arrêt en Belgique et en Allemagne.
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STOCKHOLM: Le géant suédois de l’habillement H&M a enregistré jeudi une chute de 89% de son bénéfice net au troisième trimestre, plombé par une provision liée à son désengagement progressif de Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Le numéro 2 mondial du secteur a également annoncé un nouveau plan visant à des économies annuelles de 2 milliards de couronnes, dont les effets doivent être visibles à partir du deuxième semestre 2023.
Pour son troisième trimestre décalé (juin-août), le bénéfice net de H&M a été divisé par neuf à 531 millions de couronnes (environ 49 millions d’euros) au troisième trimestre, nettement sous les attentes des analystes sondés par Bloomberg et Factset.
“Le troisième trimestre a largement été affecté par notre décision de mettre en pause nos activités en Russie puis de nous y désengager”, a commenté la PDG Helena Helmersson dans le rapport financier du groupe.
“Cela a eu un effet significatif sur nos ventes et notre rentabilité, ce qui explique la moitié de la baisse des bénéfices”, a-t-elle ajouté.
Le chiffre d’affaires d’H&M a lui atteint 57,5 milliards de couronnes soit une hausse de 3%, correspondant aux attentes des analystes, selon Factset.
Vers 11H00 (09H00 GMT), l’action d’H&M perdait près de 3% à la bourse de Stockholm, à environ 103 couronnes.
Le géant suédois n’a pas détaillé les mesures de son plan d’économies qui inclura des “réductions de coût et des améliorations de l’efficacité”.
Après avoir mis à l’arrêt l’ensemble de ses ventes en Russie en mars après l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le groupe avait annoncé en juillet se désengager de Russie, pour un coût de 2,1 milliards de couronnes.
Le montant s’est avéré plus élevé que prévu à cause de la baisse de la valeur de la couronne suédoise sur le marché des changes, explique le groupe.
Sixième plus gros marché du groupe à la fin 2021, la Russie représentait plus de 2 milliards de couronnes de chiffre d’affaires au quatrième trimestre dernier.
A ce jour, le groupe compte “un peu plus de 30” magasins définitivement fermés sur les 172 enseignes de H&M en Russie.
H&M va également fermer ses trois magasins au Bélarus.
Le groupe comptait un total de 4.664 enseignes dans le monde à la fin du mois d’août.
Cette année, H&M prévoit désormais 165 fermetures nettes hors Russie, Bélarus et Ukraine, contre 178 jusqu’ici.
Le groupe va ouvrir 89 nouveaux magasins, essentiellement dans les marchés en croissance, et en fermer environ 254, précise-t-il.
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PARIS : Renault a indiqué jeudi qu’il présenterait le 8 novembre une “mise à jour” sur sa stratégie, qui prévoit une scission de ses activités thermiques et électriques.
Au cours d’un “Capital Market Day” à Paris, à savoir une journée dédiée aux investisseurs, son directeur général Luca de Meo et son directeur financier Thierry Piéton présenteront “une mise à jour de la stratégie du groupe et des objectifs financiers moyen-terme du plan Renaulution”, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le constructeur a enregistré un bon premier semestre, poussé par Dacia et avec des prix en hausse, en pleine pénurie de puces électroniques.
Mais sa santé financière reste fragile: ses comptes ont été plombés par son retrait de Russie et il doit, comme tous les constructeurs, financer une coûteuse transition vers l’électrique.
Le groupe automobile chinois Geely et le géant pétrolier saoudien Aramco sont sur les rangs pour entrer au capital d’une société, baptisée “Horse”, qui inclura les activités de moteurs thermiques et hybrides (essence-électricité) de Renault, selon des informations de presse.
Le groupe français resterait actionnaire “de référence”, mais minoritaire de son activité historique.
Il contrôlerait en revanche l’entité, dénommée “Ampère”, chapeautant la production de véhicules à propulsion électrique, promise à un fort développement en Europe, les 27 Etats membres de l’UE ayant approuvé fin juin l’interdiction des voitures neuves à moteur thermique en 2035 au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.
Après plusieurs vagues de suppressions de postes, cette séparation des activités inquiète les organisations syndicales. La CGT s’est notamment opposée début septembre au “démantèlement de l’entreprise”, demandant que Renault reste “une entreprise cohérente qui détient l’ensemble des métiers d’un constructeur automobile”.
D’autres constructeurs comme Ford ont entrepris de telles manœuvres stratégiques, alors que la transition vers l’électrique nécessite de très importants investissements et que la valorisation des groupes automobiles traditionnels fait pâle figure face à celle de nouveaux entrants spécialisés dans les automobiles zéro émission, comme l’américain Tesla.