Le système monétaire actuel, responsable de la crise?
Mais cela peut aider à réduire vos impôts de 66%
La crise de la dette est le résultat de la mauvaise gestion étatique, mais aussi la fille de l’illusion qu’on appelle « monnaie fiduciaire ».
Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’était un euro? Un franc suisse? Un dollar? Ce sont des unités monétaires, certes, détenant une parcelle de pouvoir d’achat, échangeables contre des biens ou des services, ou les unes dans les autres selon un taux de change… Mais en énonçant ces caractéristiques, nous n’avons qu’effleuré leur usage, pas leur signification. Celle-ci a largement évolé au cours du temps.
Trois caractéristiques ne se sont jamais démenties dans l’histoire de chaque monnaie:
L’utilisation de métaux précieux pour les monnaies est à peu près aussi vieille que la civilisation. Il ne fallut pas longtemps pour que les princes et les rois s’arrogent l’exclusivité de la frappe des pièces, souvent pour des motifs moins avouables que le prestige ou le respect des poids. Le monopole légal de l’émission de monnaie était en effet une étape préalable indispensable à sa falsification.
En France, Philippe le Bel passa à la postérité sous le sobriquet de « roi faux-monnayeur » pour avoir émis des pièces en alliage d’or et de cuivre et usé de toute la force de son autorité pour imposer à ses sujets de leur donner la même valeur que celles en or pur. La ficelle était trop grosse, la révolte faillit renverser son trône. Quelques siècles plus tard, la faillite du Système de Law puis, à la révolution celle des Assignats, démontrèrent la plus grande facilité des autorités à manipuler la monnaie en s’appuyant sur une avancée technique notable, le papier monnaie, ancêtre de nos billets de banque. La planche à billets était née.
Alors que les pièces d’or obligeaient concrètement le métal précieux à circuler dans la nature, rendant les mensonges difficiles, la planche à billets permettait de couper définitivement le lien entre réserves de métal précieux et valeurs en circulation. Pour créer davantage de monnaie, il suffisait d’imprimer plus de billets ou de rajouter un zéro au montant indiqué, et le tour était joué. Même si aujourd’hui la planche à billets a disparu en faveur de virements électroniques, son image est restée.
Peu d’hommes de pouvoir, quelle que soit l’époque, résistèrent à la tentation de créer de la monnaie, prétendument convertible ou pas. Question de nature humaine, peut-être. Les progrès techniques rendirent de plus en plus faciles les possibilités de fraude.
En 1933, un dollar se définissait officiellement comme 1/35e d’once d’or. Une guerre mondiale plus tard, ce taux n’aurait plus été soutenable par la Réserve Fédérale, s’il avait pris l’idée saugrenue aux détenteurs de dollars de réclamer l’équivalent en métal précieux. Il y avait trop de dollars dans le monde et trop peu de lingots à Fort Knox. Pendant des années, l’illusion fut maintenue au forceps alors que l’incrédulité s’installait. La crise de confiance trouva une issue surprenante en 1971. Alors qu’il aurait lucidement fallu reconnaître une dévaluation et repartir sur une base saine, les Etats-Unis choisirent officiellement de renoncer à coter le dollar contre l’or à parité fixe. La fin du lien entre l’or et la monnaie de réserve mondiale consacra pour de bon l’ère des monnaies dites « flottantes ».
Le dollar larguant les amarres avec le monde matériel, plus rien ne s’opposait à une création de monnaie ex-nihilo. Avant, on ne s’en privait pas, mais on avait des scrupules, on s’y livrait en douce. Après, on le fit en toute décontraction. Depuis 1971, le dollar se déprécie donc pratiquement sans discontinuer.
Le dollar n’était pas la seule monnaie qui perdit sa convertibilité dans la deuxième moitié du XXe siècle, loin de là. D’autres l’avaient fait avant ou étaient elles-mêmes convertibles en dollar et devinrent flottantes en même temps que lui. Nombreux furent les politiciens qui, dans chaque pays, virent les avantages évidents d’une monnaie flottante: la possibilité d’en imprimer encore et encore et d’en inonder la société à jet continu, en commençant, bien sûr, par leur clientèle politique.
Ils ne s’en privèrent pas.
Nous entrâmes dans l’ère de l’inflation.
L’inflation est la traduction concrète de l’érosion de la valeur d’une monnaie suite à un accroissement de la masse monétaire. Elle fait monter les prix, grève le coût des matières premières (qu’on ne peut pas imprimer, elles), ruine les épargnants et les retraités, érode le pouvoir d’achat. Il n’y a pas beaucoup de monde pour se réjouir de l’inflation, sauf les endettés les plus irréductibles dont les ardoises ne valent finalement plus grand-chose; mais même eux déchanteront en tant que consommateurs, en découvrant ce qu’ils peuvent désormais s’acheter avec leur salaire mensuel.
L’inflation – qui empoisonna les trente glorieuses – a également une fâcheuse propension à s’emballer. Si les politiciens payent leurs promesses électorales et les salaires des fonctionnaires avec des billets tout frais imprimés, peu de chances qu’ils y renoncent par un soudain afflux de sagesse. Ils voudront plutôt mettre les bouchées doubles. Sans une volonté politique forte (et fort rare) l’inflation a donc tendance à s’accélérer de façon catastrophique. On parle de l’hydre de l’inflation. Telle l’Hydre de Lerme combattue par Hercule, dont chaque tête coupée repoussait à double, la lutte contre l’inflation réclame une discipline absolue. Si le combat échoue, l’inflation grandit et empire, jusqu’à parfois donner lieu à l’hyperinflation, et il faut une brouette de billets d’un milliard pour faire ses courses… Les Allemands de la République de Weimar ou, plus proche de nous, les Zimbabwéens de Mugabe n’en gardent pas un excellent souvenir.
Malgré le clientélisme que la création de monnaie permettait de se payer, l’inflation devint suffisamment préoccupante aux yeux de la grande masse des électeurs pour que la classe politique cherche un moyen de la contenir, du moins en apparences. Il n’était pas question de revenir à des monnaies convertibles, tout de même! A la place, on jura de rompre avec les excès du passé et de se doter d’une bonne conduite monétaire, garantie par des entités prétendûment indépendantes du pouvoir politique.
Les Banques Centrales modernes étaient nées.
Revenons sur notre question de départ. Que signifient un dollar, une livre sterling, un yen quand ces monnaies ne sont plus convertibles en or que selon le taux du jour? Wikibéral nous en donne un bon résumé:
La monnaie [flottante] n’est plus qu’une convention sociale, sans aucune valeur intrinsèque, à cours forcé par la loi. On parle alors de monnaie fiduciaire (fides : la confiance) ou de monnaie décrétée, dite encore monnaie-fiat (fiat money). La valeur des monnaies varient entre elles selon la quantité de crédit émise par chaque pays (une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises). Il n’y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette, c’est une masse de reconnaissances de dettes.
Un euro, un dollar, etc. sont des reconnaissances de dettes de leurs banques centrales respectives. Bien que rigoureusement exact, ce n’est pas très parlant. L’explication du fonctionnement des prêts permet d’y voir un peu plus plus clair:
Une banque crée de la [monnaie] pour répondre à un prêt bancaire sollicité par un [client]. En échange, l’emprunteur remet une reconnaissance de dette à la banque. Dans le système actuel, cette création se fait selon certaines règles édictées par la banque centrale. La monnaie actuelle est une monnaie-promesse. Chaque support monétaire de monnaie fiduciaire ou de monnaie scripturale représente une promesse du monnayeur, c’est à dire de la banque qui a émit la monnaie.
Inversement, cet argent est « détruit » au cours du remboursement de cette dette. Une promesse envers soi-même ne vaut rien. Cette monnaie est une promesse qui ne vaut rien lorsqu’elle est entre les mains du monnayeur. On dit alors que la monnaie est détruite, démonétisée.
La masse de dollars, d’euros, de yens en circulation correspond donc à peu près à l’ensemble des prêts libellés dans ces monnaies auprès des banques centrales. A qui prêtent-elles? Aux banques locales, qui elles-même prêtent à des clients ou souscrivent à des obligations d’Etat. Lorsque les prêts sont contractés auprès de la Banque Centrale, la masse monétaire augmente; lorsqu’ils sont remboursés, la masse monétaire diminue.
masse monétaire = dettes
De ceci il découle une conséquence cruciale pour notre compréhension des mécanismes monétaires. Car, comme on l’a vu précédemment, plus il y a d’argent en circulation, moins celui-ci a de valeur.
valeur de la monnaie = richesse / masse monétaire
D’où il ressort que plus il y a de dettes émises dans une monnaie donnée, moins cette monnaie a de valeur.
valeur de la monnaie = richesse / dettes
Les Etats sont des emprunteurs de premier ordre; aucune entreprise, aucun particulier ne saurait arriver à la cheville des niveaux d’emprunt des gouvernements. Une bonne partie de la monnaie-dette émise par les Banque Centrales est employée par les banques commerciales à souscrire à des emprunts d’Etat. Dans d’autres régions du monde, comme en Amérique du Sud, la Banque Centrale couvre directement la dette de l’Etat en créant la monnaie correspondante, sans intermédiaire. Mais quelles que soient les procédures, les conclusions sur la valeur de la monnaie sont immédiates: plus un Etat est endetté, plus sa monnaie est faible.
Nous avons fait le tour des équations. Précisons maintenant leur variation.
La richesse d’un pays, qu’essaye de mesurer son PIB, augmente petit à petit chaque année: c’est la croissance. Les dettes, elles sont liées aux emprunts d’Etat, c’est-à-dire à son train de vie. Elles peuvent augmenter de façon immense et en très peu de temps. Comme c’est le dénominateur de la valeur de la monnaie ci-dessus, cela signifie que plus un Etat s’endette vite, plus l’inflation est forte.
Un Etat lourdement endetté et qui vit très au-dessus de ses moyens aura rapidement besoin d’imprimer des billets d’un milliard…
Refaisons le chemin:
L’inflation est fille aînée de l’endettement. Elle est directement issue de la planche à billet, ou de l’entité qui en garde les clef aujourd’hui, la banque centrale.
Le coeur de la signification des monnaies fiduciaires ayant été abordé, l’intitulé de mission des banques centrales peut se résumer en une phrase: maintenir l’illusion d’une monnaie crédible. Tout en laissant les politiciens créer de la monnaie pour leur clientèle, naturellement. Rappelons-nous, si l’objectif des politiques monétaires était simplement d’avoir une monnaie saine, on se contenterait d’une parité fixe avec l’or ou n’importe quelle autre matière première inerte. Les questions d’inflation et d’équilibre budgétaire de l’Etat se règleraient d’elles-mêmes, et nul n’aurait plus besoin de banque centrale.
Maintenir l’illusion d’une monnaie crédible oblige à préserver certaines apparences. Par exemple, faire croire que la Banque Centrale est indépendante du pouvoir politique. C’est un mensonge cousu de fil blanc. Les gouverneurs des banques centrales sont nommés par les politiciens, et il suffit qu’une crise majeure survienne (comme celle dans laquelle se débat l’Euro) pour voir avec quelle facilité ils renoncent à leurs principes d’orthodoxie monétaire.
Les Banques Centrales sont soumises aux gouvernements et à leur politique dépensière, mais ne doivent pas laisser l’inflation s’échapper; elles en sont théoriquement responsables. Ainsi, la Banque Centrale Européenne (et nombre de ses prédécesseurs nationaux) a pour objectif officiel de maintenir l’inflation en-dessous de 2% par an. Pourquoi 2%, et pas un demi ou quinze? Il n’y a aucune raison, hormis un calcul à la louche qui permet de décréter qu’une inflation à 2% est un objectif « tolérable ». Un compromis à 2% laisse suffisamment de latitude aux Etat pour créer de la monnaie sans que le grand public ne se fâche trop. Il en est de même pour les autres critères de Maastricht, les fameux 60% d’endettement maximal et le déficit annuel des Etats limité à 3% du PIB. Tous ces critères ne sont que des gages de crédibilité. Chacun a vu ce qu’ils valaient une fois la crise venue…
Pour maintenir l’illusion d’une monnaie crédible, la banque centrale dispose de deux leviers: la masse monétaire et le taux directeur.
La masse monétaire a été abordée plus haut. C’est l’argent que la Banque Centrale accepte de confier à des tiers, généralement les banques locales. La Banque Centrale peut « ouvrir les cordons de sa bourse » pour inonder le marché de devises. Les banques ont alors d’énormes montants à disposition et peuvent les prêter à qui veut, ou souscrire à des obligations d’Etat par exemple. Les noms et les procédures varient selon les pays – on parle de Quantitative Easing aux Etats-Unis, de desserrer le crédit en Europe… mais tous relèvent de la même logique.
L’accroissement de la masse monétaire a un effet direct sur l’inflation, si bien qu’on peut s’étonner de la contradiction immédiate entre l’ouverture des vannes et la mission officielle d’une banque centrale. Mais c’est oublier que la mission réelle d’une banque centrale, maintenir à tout prix l’illusion de la monnaie fiduciaire, dépasse le seul cadre de la maîtrise de l’inflation. Mieux vaut l’inflation ou une dévaluation qu’une restructuration de dette de l’Etat. Tout est question de priorités.
N’oublions pas non plus que si la valeur de la monnaie diminue, ainsi en va-t-il des dettes libellées dans cette monnaie. Les monstrueux boulets financiers trinés par les Etats européens après des décennies d’excès s’allègent un peu grâce à tous ces billets neufs.
Le deuxième levier, le taux directeur, est médiatiquement plus connu. C’est le prix auquel la Banque Centrale prête sa monnaie illusoire (mais nul n’a le choix, car elle en détient le monopole légal). Pendant les décennies précédentes, le taux directeur a été largement employé pour accélérer ou freiner l’activité économique. Lorsque le taux est élevé, la croissance est ralentie, car emprunter coûte cher. Cela renforce aussi la valeur de la monnaie: épargner dans cette monnaie est rentable. Lorsque le taux est bas, la croissance part dans toutes les directions (y compris des bulles) et la valeur de la monnaie diminue, là aussi un prélude à l’inflation.
Depuis les années Greenspan, chaque banquier central essaye d’actionner le levier du taux directeur avec autant de réussite que lui, donnant des petits coups de frein lorsque l’actvité économique se porte bien pour mieux lâcher du lest lorsqu’elle ralentit. Mais malgré tout, ce levier appartient au passé: le taux directeur de la Banque Centrale est aussi celui sur lequel les Etats se basent pour financer leur dette. Les banques centrales ne sauraient relever les taux; cela reviendrait à serrer le noeud alors que les Etats dont elles dépendent sont endettés jusqu’au cou.
On peut donc sans crainte estimer que les taux directeurs sont condamnés à baisser jusqu’au plancher et qu’ils ne remonteront pas avant très, très longtemps – peut-être même jamais, d’ici que la monnaie fiduciaire disparaisse pour de bon.
Plusieurs écoles de pensée s’affrontent toujours sur le sens à donner à la monnaie. Nul doute que de brillants esprits (probablement aux commandes de la zone euro avec le succès que l’on sait) auront d’autres conceptions que celles expliquées dans cette modeste tentative de vulgarisation. Certains pensent qu’on peut, qu’on doit, manipuler la monnaie pour accéder à la prospérité économique et à la stabilité; d’autres, tels que moi, estiment que ces manoeuvres d’apprentis-sorciers ne peuvent mener qu’à la catastrophe.
L’interprétation de la monnaie fiduciaire livrée ici permet tout de même d’appréhender simplement deux ou trois aspects de la crise actuelle – par exemple, la façon dont l’or et les matières premières « s’envoleraient ». En fait, cette envolée n’est que le résultat de l’érosion de monnaies fiduciaires. Mais comme la livre sterling, l’euro et le dollar glissent tous vers le fond dans une belle harmonie d’ensemble, l’observateur de bonne foi pourrait croire que oui, les matières premières et autres valeurs refuge « montent ».
Le pouvoir politique est coupable de bien des maux, dont l’irresponsabilité et la myopie ne sont que les moindres. La tribune de Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale, dans les colonnes du Monde, en donne une attitude éclairante. Quant au lien entre la monnaie convertible et l’inflation, on lira avec étonnement un texte écrit par Ludwig Von Mises quatre-vingt ans plus tôt. Car si la monnaie est antédiluvienne, les illusions qu’elle suscite le sont aussi.
Dans l’insoluble équilibre entre taxation et promesses électorales, les politiciens ont choisi la troisième option, l’endettement. Nous arrivons au bout du chemin. Il ne reste qu’une carte dans la manche des arnaqueurs, l’inflation, à travers la monétisation de la dette. C’est, je crois, la prochaine étape que choisiront les pays de la zone euro pour renoncer à vraiment se réformer.
Afin de constater à quel point nous en sommes loin, finissons sur une citation d’Hans-Hermann Hoppe sur ce que devrait être une monnaie saine:
Seuls sont conformes à la justice, peuvent assurer la stabilité économique, et représentent la vraie réponse au fiasco monétariste actuel, un système de monnaie universelle ayant une valeur intrinsèque (commodity money) telle que l’or, la concurrence bancaire et un taux de réserve de 100% sur les dépôts, avec une stricte séparation entre banques de dépôt et banques [d’investissements].
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Sur le web
Excellent billet! En attendant les délires « relativistes » comme il dit de Stéphane Laborde alias « Galuel », alias … Qui ne devraient plus trop tarder 😀
Très bel article qui nous offre un aperçu saisissant sur le système monétaire international.
Mais je me permettrais de revenir sur la citation de Hoppe qui défend un système de réserve à 100% or. Les attaques des rothbardiens du Ludwig Von Mises Institute contre la réserve fractionnaire sont étonnantes quand on sait que Ludwig Von Mises lui même, non seulement ne s’y opposait pas, mais au contraire y voyait un avantage certain.
En effet la réserve fractionnaire et l’émission de monnaie fiduciaire qui en est le corollaire permet d’adapter l’offre à la demande de monnaie et d’éviter des variation du pouvoir d’achat de la monnaie. C’est une innovation financière et monétaire.
Ludwig von Mises dans L’Action Humaine avait clairement identifié le problème de l’expansion de crédit, et je ne ferais que le citer
“Ce qu’il faut pour empêcher toute expansion de crédit supplémentaire est de placer l’activité bancaire sous les règles générales des lois civiles et commerciales contraignant tout individu et toute firme à s’acquitter de ses obligations en conformité complète avec les termes du contrat. »
Et il en explique le fonctionnement
“Une banque ne peut jamais émettre plus de substituts monétaires que ses clients n’en peuvent conserver en encaisse. Le client particulier ne peut conserver en encaisse une proportion de substituts-monétaires supérieure à la proportion entre son mouvement d’affaires avec les autres clients de la banque et son mouvement d’affaires total. Pour des raisons pratiques il restera, en général, nettement au-dessous de cette proportion maxima. C’est ainsi que la limite est tracée à l’émission d’instruments fiduciaires. Nous pouvons admettre que tout le monde est disposé à accepter dans ses transactions courantes, sans discrimination, les billets émis par n’importe quelle banque et les chèques tirés sur n’importe laquelle. Mais il dépose immédiatement à sa propre banque non seulement les chèques, mais aussi les billets des banques dont il n’est pas lui-même client. Par la suite, sa banque règle ses comptes avec la banque débitrice. Ainsi le processus décrit ci-dessus se met en marche.”
L’article de George Selgin sur le site de l’Institut Turgot est aussi intéressant http://blog.turgot.org/index.php?post/Selgin-Banques-centrales.
Et encore une fois article très enrichissant . Bravo !
C’est l’éternel débat entre rothbardiens et partisans des banques libres.
D’un point de vue jusnaturaliste, les premiers justifient leur position en considérant les banques de dépôt comme des gardiens auxquels un bien (ici la monnaie) est confié et qui ne peuvent donc pas prêter à autrui ce qui ne leur appartient pas (viol du droit de propriété du déposant).
Les seconds justifient leur position en considérant qu’à partir du moment où le déposant est conscient du fait que son bien peut être prêté à autrui, avec le risque que cela implique, et qu’il accepte un tel contrat, il n’y a aucune raison de le lui interdire.
D’un point de vue utilitariste, les premiers considèrent qu’une émission de monnaie supérieure à la création de (nouvelles) richesses distord les signaux envoyés aux entrepreneurs (taux d’intérêt inférieur au taux naturel) provoquant bulles et récessions (théorie autrichienne des cycles économiques).
Les seconds sont conscients des effets de taux d’intérêt inférieurs au taux naturel, mais considèrent d’une part qu’ils seraient extrêmement limités, voire inexistants, du fait de l’incitation naturelle à limiter fortement l’émission de monnaie non adossée à des biens réels comme l’or par exemple (du fait de la concurrence entre les monnaies librement émises et des recouvrements inter-bancaires), et d’autre part que cela permet d’ajouter un peu « d’huile » au moteur de l’économie, les réserves pleines et entières étant trop rigides et ayant tendance à limiter la croissance du fait de la difficulté et du coût élevé de l’emprunt.
En espérant ne pas avoir déformé les positions des uns et des autres…
@ Mateo
En effet c’est l’éternel débat entre les deux écoles, mais il est surprenant que les Rothbardiens qui se réclament de Ludwig Von Mises ne l’est pas lu, car lui même dans son ouvrage l’Action Humaine explique le fonctionnement du système de monnaie fiduciaire.
Et justement en rien le système de monnaie fiduciaire entraîne des taux d’intérêts inférieurs aux taux naturels ; à nouveau je ne fais que citer Mises quand il dit « Une banque ne peut jamais émettre plus de substituts monétaires (qui comprennent la monnaie fiduciaire) que ses clients n’en peuvent conserver en encaisse etc.. » ce qui veut dire grosso modo que les banques ne peuvent émettre plus de crédits qu’il n’y a d’épargne, épargne fixé par l’intérêt originaire ou taux naturel.
@Mitch
Il n’est pas certain que la fin du monopole monétaire entraîne la fin de la réserve fractionnaire, à nouveau je cite Mises quand il parle des banques » Emettre des certificats de monnaie (100% or) est ruineux, si ce n’est associé à l’émission d’instruments fiduciaires ».
Dans tous les cas obliger les banques à une réserve 100% or serait une violation des droits de propriétés privées et donc complètement anti-libérale.
je corrige « ne l’est pas lu » par « ne l’ait pas lu » oops 😛
Justement Rothbard et Von Mises n’étaient pas 100% d’accord sur ce point.
Par contre je ne saisis pas bien: si les banques créent de la monnaie à partir de rien, comment le crédit peut ne pas être supérieur à l’épargne?
L’épargne repose sur la monnaie fiduciaire, et non plus sur la monnaie de réserve qu’est l’or. La monnaie fiduciaire est redevable en or, mais comme ce fut le cas en écosse, peu de personne en demande la convertibilité.
Si les gens décident de dépenser moins, ils épargnent, en conséquence moins de billets et de chèques seront en circulation ; les banques recevront moins de billets et ont donc moins de comptes à régler avec les autres banques, elles peuvent alors accroître leurs crédits. Si les gens dépensent plus, le phénomène inverse se produira.
@ Kafka
Mais rien ne les empêche de créer de la monnaie papier à partir de rien, hormis le risque de voir leur clients fuir leur monnaie pour une monnaie concurrente plus saine et le refus des autres banques d’être payées en monnaie de singe et donc de demander un montant plus élevé pour les recouvrements interbancaires.
Et comme la dévaluation de la monnaie (ou plus exactement la connaissance de la dévaluation) n’est pas instantanée, il peut y avoir une quantité de monnaie prêtée supérieure à la quantité de monnaie épargnée.
Ne l’aient pas lu …
Pas du tout d’accord avec la fin: Forcer la separation des banques est une erreur. La transformation monetaire peut exister (capitaux courts capitaux longs).
Ce qui ‘etonne c’est que l’on ne voit pas le rapport entre monnaie fiduciaire et monopole. La monnaie ne peut etre fiduciaire QUE si elle a le monopole. S’il y a la moindre monnaie convertible (en or, en grains de ble, en actions, en bulbe de tulippes ou que sais-je encore?), la monnaie fiduciaire cesse simplement d’exister.
Le monopole de la monnaie c’est l’origine des maux monetaires et la raison pour laquelle ces maux peuvent durer. C’est pour cette raison que sortir de l’Euro ne changera strictement rien. Passer d’un monopole europeen a un monopole national ne changera pas la tendance des politicards a depenser l’argent qu’ils n’ont pas. On ne resoudra pas les problemes d’inflation, ni les scandaleux privileges des banques, ni la confiance des marches… On accelerera certain problemes et on en ralentira d’autres. Mais le retour au Franc ne changera strictement rien aux soucis direcement induits par un monpole legal.
A titre de rappel, lacer votre propre monnaie c’est passible de 75000EUR d’amende (a verifier) et 5 ans de prison. Pourquoi? Quel mal fait celui qui propose des services monetaire a priori honetes? Qui sont ses victimes?
Le refus Etatique d’abandoner le monopole legal d’emission de monnaie est la plus belle preuve (s’il en fallait encore une) que la monnaie est une extorsion deguisee. Je dis extorsion parce que la menace de prison et d’intervention policiere est bien la.
D’ou ma conclusion: Les monnaies fiduciaires n’ont pas une valeur de confiance mais de peur. La veritable valeur d’une monnaie fiduciaire reside dans son monopole. Sans ca, elle se fait phagociter par le premier concurrent convertible venu. Comme le monopole est impose par la violence, alors la valeur de l’Euro du dollar, du franc Suisse et de toutes ces monnaies, provient du chantage et de la menace en premier lieu. C’est immonde.
Pas forcément: dans un système de banques libres, la création monnaie fiduciaire est possible, bien que fortement limitée par la concurrence des autre monnaies (les clients choisissant plutôt les monnaies qui ne perdent pas de leur valeur) et par les nécessité des recouvrements inter-bancaires. Mais celui qui préfère prendre le risque d’utiliser une monnaie fiduciaire afin d’être rémunéré pour cette prise de risque le peut.
Effectivement il demeurre possible de continuer a vendre de la monnaie fiduciaire comme il est toujours possible legalement de vendre des regles a calcul a la place des calculettes. Mais concretement, a partir du momenent ou une mpnnaie convertible est accessible, il y a fort a parier que la monnaie fiduciaire creve. Come vous le dites, les recouvrements interbancaires, les acteurs possedant une grande quantite de numeraire, les institutions financieres refuseront d’accepter ces monnaies de seconde zone et celle ci deperira tres rapidement.
D »ou ma coclusion: Autorisez la concurrence et vous tuerez quasi instantanement la monnaie fiduciaire.
Bitcoin (et les autres) ont tous les arguments pour s’imposer très rapidement. Au vu d’articles (superbe) comme celui-là, c’est infiniment souhaitable.
Je comprend pas pourquoi il y avait une inflation plus forte dans les trente glorieuses que ces vingt dernières années si depuis 1971 on peut créer de la monnaie plus facilement ?
L’inflation se définit, toujours selon les économiste autrichiens, par l’augmentation de la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaies présente, et non pas par celle de l’indice des prix : il peut y avoir inflation sans augmentation des prix dans le cas des délocalisations ou lors d’une amélioration de la productivité.
De plus l’indice des prix, qui est censé mesurer l’inflation, ne mesure que les prix de certains biens et sont ensuite pondérés dans un seul chiffre. (est ce que le prix du beurre vaut pour 10%,15% de l’indice ?)
Ainsi certains prix non mesurés peuvent augmenter sans que cela affecte l’indice des prix supposés nous dire si oui ou non nous sommes en état d’inflation.
Exemples totalement pris au hasard: le prix des maisons ou des actions 😉
Bien sur, rien ne les en empêchera, mais la banque en conséquence finira par faire faillite pour les raisons que vous avez invoquées ; les clients finiront par en changer.
C’est comme pour les voitures qui sont rappelées pour un défaut de fabrication qui peut s’avérer dangereux, il faut toujours un temps pour le que le défaut soit connu et le problème corrigé.
Mais, d’après le peu que je sais, le système fiduciaire est plus stable qu’un système 100% or.
Dans un système où la monnaie est métallique, si la demande de monnaie augmente, c’est à dire que l’on veut plus de monnaies que de biens « réels », le prix de la monnaie augmente donc le prix des biens diminuent. En effet il faut un certain temps pour produire plus d’or.
Imaginons un entrepreneur qui s’attendaient à vendre un bien à 8 once d’or, mais voilà la demande de monnaie augmente, le prix de son bien baisse à disons 6 once d’or. Il essuiera des pertes. Et ce n’est en rien anormal, cela fait partie du jeu. L’or s’appréciant, il devrait au contraire se lancer désormais dans sa production.
Dans un système de monnaie fiduciaire, si la demande en monnaie fiduciaire augmente, donc que l’on dépense moins de monnaies, les banques peuvent tout de suite répondre à cette demande en augmentant la quantité de monnaies par de nouveaux crédits, en effet émettre du papier est moins long et cher que d’extraire de l’or dans les mines. L’offre de monnaies s’adaptent à cette nouvelle demande, et cela évite les variations du prix de la monnaie.
Pour les entrepreneurs cela accroît la certitude que le prix du bien qu’ils comptent vendre ne variera pas ou peu à cause d’une variation du pouvoir d’achat de la monnaie. Il pourra varier, mais pour d’autres raisons.
Mais je ne suis pas un spécialiste, mes connaissances dans ce domaine sont celles du profane, lisez théorie de la banque libre de George Selgin ( mais je ne le retrouve plus en format PDF sur internet)
Sinon, c’est un réel plaisir de débattre avec vous 🙂
Cette réponse était adressée à Mateo 😛
« Imaginons un entrepreneur qui s’attendaient à vendre un bien à 8 once d’or, mais voilà la demande de monnaie augmente, le prix de son bien baisse à disons 6 once d’or. Il essuiera des pertes. «
Bah non.
Ses biens sont vendus moins chers, mais ses coûts sont aussi moins chers. La déflation constatée touche tout.
La déflation est survenue après qu’il ait acheté ses biens de productions, évidement si c’est avant, en effet cela ne change rien. S’il a acheté ses biens de production et payé ses salaires 1 an avant que la déflation ne survienne il essuiera des pertes.
Eh bien il prend des futures. Comme les paysans avec le blé. Ça marche très bien.
Mais il peut ne pas en prendre…ou le future ne pas voir prévu la variation de pouvoir d’achat de la monnaie.
Je vais citer Francois Guillaumat depuis le blog Turgot (parfois il est un peu dure à comprendre)
« La production de monnaie par les banques
Lorsque les banquiers se sont rendus compte que certains des titres financiers qu’ils avaient vendus – essentiellement leur promesse de payer à la demande une quantité fixe de la monnaie d’alors – pouvaient rendre les mêmes services que la monnaie en question, ils ont découvert un moyen de produire des biens servant de monnaie pour un prix de revient très inférieur à son prix de vente.
Et ce type-là de monnaie (s’il permet aujourd’hui aux hommes des états de provoquer des désajustements massifs sur les marchés de la monnaie) permettait à ces producteurs d’ajuster immédiatement les offres aux demandes de monnaie, c’est-à-dire de réaliser l’ajustement monétaire idéal, celui qui ne passe pas par des variations de prix sur les marchés des autres produits.
C’est pour cela que, dans un système « moderne » – postérieur au XVII° siècle, où la plus grande partie des monnaies est produite par des banques – il existe une autre source d’ajustement des offres aux demandes des ces monnaies, c’est la concurrence entre les banquiers comme producteurs de monnaie.
cet élément de convertibilité, associé à la concurrence entre les « banquiers », est ce qui ajuste les offres aux demandes de monnaie »
Le livre est dispo ici: http://oll.libertyfund.org/index.php?option=com_staticxt&staticfile=show.php%3Ftitle=2307&Itemid=99999999
Sinon, c’est bien ce que je disais: il peut donc y avoir une quantité de monnaie prêtée supérieure à la quantité de monnaie épargnée. :p
Mais d’après mes souvenirs le phénomène est extrêmement limité, effectivement.
« plus il y a d’argent en circulation, moins celui-ci a de valeur. »
Ça, c’est faux.
La formulation correcte est
« plus il y a d’argent en circulation POUR UNE CAUTION DE VALEUR FIXE DONNEE, moins celui-ci a de valeur. »
ce qui menace la valeur de l’euro, c’est que la BCE accepte d’émettre 100 euros en contrepartie de 100 euros d’obligation grecques qui n’en valent que 85 ; mais si elle émet pour 100 € en contrepartie du dépôt d’une caution qui vaut bien 100 € (un Deutche Bund par exemple), l’augmentation de la masse d’argent en circulation est sans effet sur la valeur de la monnaie déjà en circulation.
Le rentenmark ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Rentenmark ), qui a jugulé l’hyperinflation allemande, est un bon exemple d’émission monétaire saine.
Je ne suis pas d’accord avec la vision d’Hans-Hermann Hoppe présentée dans la citation finale.
=> faire une monnaie universelle.. c’est juste permettre la propagation des problèmes à une échelle universelle !
Il faut augmenter le nombre de monnaies afin d’augmenter la résilience. Si une monnaie pose problème, j’utilise une autre monnaie…
C’est le principe de la diversité qui est utilisé partout dans la nature. Il faut trouver un équilibre entre efficacité d’une monnaie unique et résilience d’une infinité de monnaies.
Bernard Lietaer, après avoir été un des artisans de la monnaie unique (l’euro) se repent en faisant de nombreuses conférences où il prône une diversité de monnaies.
Voici un aperçu de ces conférences…
http://martouf.ch/blog/217-resume-conference-bernard-lietaer-zurich-en-septembre-2009.html
Intéressant article, mais j’ai tout de même un doute sur le fait que l’endettement de l’état provoque une augmentation de l’Etat.
Sauf erreur de ma part, les bons du trésor sont de la dette « titrisée », à différencier du crédit bancaire. Autrement dit, les banques qui achètent des obligations souveraines doivent réellement débourser du cash, contrairement au crédit, qui résulte d’une création monétaire « ex nihilo ».
Faux : l’inflation est définie par von Mises comme une dévalorisation de la monnaie, mesurée par une hausse de l’indice des prix. Comme pour n’importe quel actif, la valeur de la monnaie est fonction des anticipations des agents. L’inflation peut donc être beaucoup plus rapide que l’augmentation de la masse monétaire (hyperinflation).
Mon message précédent est une réponse à celui de Kafka : « L’inflation se définit, toujours selon les économiste autrichiens, par l’augmentation de la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaies présente, et non pas par celle de l’indice des prix ».
Je ne suis pas d’accord ! :p Et j’en reste à ma première explication.
Attention: pour préciser, l’inflation est bien provoquée au départ par un accroissement excessif de la masse monétaire. Mais l’inflation N’EST PAS la variation de la masse monétaire, c’est une perte de valeur qui en est la conséquence. Comme la valeur est subjective et qu’elle dépend des anticipations, cette dépréciation peut être plus rapide que l’accroissement de la masse monétaire (variation de V dans l’équation quantitative).
@l’auteur et tous les autres (sauf stan 🙂 )
Vous ignorez superbement les monnaies alternatives.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_WIR
http://www.eco-sol-brest.net/SCEC-Monnaie-solidaire-en-Italie.html
Il y en aurait plus de 450 en France d’après http://www.selidaire.org/spip/
Une monnaie fiduciaire ne nécessite pas d’État, n’a pas besoin d’un monopole (bancaire, étatique ou autre), n’est pas nécessairement une monnaie dette, ni une « planche à billets » et peut être respectueuse de chacun dans l’espace et dans le temps.
Je remercie Stéphane Laborde de m’avoir fait comprendre cela : http://www.creationmonetaire.info/2011/06/theorie-relative-de-la-monnaie-20.html
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