(BFM Bourse) – Ultra-volatile depuis des semaines, la livre (ou lire) turque a brusquement repris près de 25% par rapport au dollar depuis son creux de lundi, en réaction aux mesures annoncées par le président Recep Tayyip Erdogan pour encourager l’épargne.
Une belle remontada, pour reprendre l’expression popularisée par le milieu du football. Alors que la dégringolade de la devise turque n’en finissait plus (il fallait 18 livres turques pour obtenir un dollar ce lundi, contre un peu plus de 7 livres en début d’année et seulement 4 en 2018), le plan dévoilé par Recep Tayyip Erdogan visant à soutenir la monnaie malmenée en protégeant les dépôts locaux contre les mouvements du marché a entraîné un spectaculaire redressement.
La livre a alors repris près de 35% face au billet vert, atteignant un pic journalier de 11,0935 pour un dollar en début de séance mardi, avant de revenir partiellement sur ce rebond vers 17h20, où le taux de change est de l’ordre de 12,78 livres par dollar.
De l’avis des experts, la devise turque pâtit depuis des années du refus de Recep Tayyip Erdogan de relever les taux d’intérêt (mesure qu’il qualifie de “mère de tous les maux”) ainsi que du contrôle qu’il exerce sur la politique monétaire de la banque centrale locale, qui n’a d’indépendante que le nom. Son obstination a fait grimper l’inflation à 21,3% en novembre, contre 14% un an auparavant.
Parmi les mesures économiques non-conventionnelles annoncées lundi soir dans un discours, Erdogan a notamment indiqué que l’Etat turc interviendrait et compenserait les pertes subies par les dépôts en livres si leur valeur par rapport aux devises fortes tombait au-delà des taux d’intérêt fixés par les banques. Si les économistes, et de nombreux Turcs, essayaient toujours de comprendre comment ce nouveau mécanisme d’échange fonctionnera et surtout, comment le gouvernement entend le financer, l’annonce a donc fait son effet sur les marchés.
“Finalement l’administration Erdogan se soucie du taux de change et a évité le contrôles des capitaux”, relevait lundi l’économiste Timothy Ash, de BlueBay Asset Management, dans une note de synthèse. Selon lui, cette allocution a “démontré que le président Erdogan croit aux marchés, mais pas aux taux d’intérêt”.
Car le chef de l’Etat turc reste convaincu -battant en brèche les théories économiques largement acceptées- que des taux d’intérêt élevés encouragent l’inflation au lieu de la contenir en ralentissant l’activité. Il a ainsi poussé ces derniers mois à quatre reprises la banque centrale à réduire son taux directeur, passé de 15 à 14% jeudi dernier, soit bien en deçà du niveau d’inflation. Autrement dit: les Turcs qui déposent des livres sur leur compte bancaire voient la valeur de ces dépôts fondre chaque mois. On peut noter que c’est également le cas actuellement pour les épargnants états-uniens ou européens avec la hausse des prix à la consommation, mais dans une bien moindre mesure toutefois.
La nouvelle politique d’Erdogan -qualifiée de “hausse indirecte des taux d’intérêt” par l’ancien conseiller au Trésor Mahfi Egilmez- doit donc protéger la valeur des avoirs en livres contre les fluctuations des taux de change. “Si le taux de change augmente de 40% et le taux d’intérêt de 14%, les 26 points de différence seront versés en compensation”, explique Mahfi Egilmez sur Twitter. Ce mécanisme ne se déclenchera cependant que trois mois après le dépôt, a précisé lundi le ministère des Finances dans un communiqué.
De nombreux économistes doutent cependant de la durabilité de cette nouvelle approche. “La garantie des dépôts augmentera la charge publique”, a fait valoir devant la presse l’ancien ministre turc de l’Economie, Ali Babacan. “Le trésor public paiera grâce aux impôts: c’est la dollarisation de l’économie du pays.” Tim Ash estime pour sa part que le problème de fond n’étant pas adressé, cette “mauvaise politique” n’offrira qu’un répit très temporaire à la devise. “Ce programme a probablement fait gagner du temps et évité un crash immédiat dans le secteur bancaire, mais rien n’est fait pour lutter contre l’inflation” déplore-t-il.
(avec AFP)
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