"Un développement responsable des actifs numériques est vital pour les intérêts américains", a déclaré le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, lors d'une conférence de presse téléphonique.
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A petits pas, les puissances occidentales avancent vers la création de monnaies numériques de banques centrales (MNBC). Aux États-Unis, Joe Biden avait réclamé, en mars dernier au Trésor, au département du Commerce et à plusieurs agences fédérales, de lui remettre dans les six mois un rapport sur le “futur de la monnaie”. Ressort de ces investigations un constat plutôt limpide : “Un développement responsable des actifs numériques est vital pour les intérêts américains”, a déclaré le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, lors d’une conférence de presse téléphonique. De nouvelles études sont désormais attendues, sous l’égide du Trésor et de la puissante Fed (Réserve fédérale américaine), la banque centrale qui émettrait ce “e-dollar”. “Nous devons être très, très prudents sur cette analyse, car les implications de cette évolution seraient profondes pour un pays qui émet la première monnaie de réserve mondiale”, a également ajouté Brian Deese. 
Les Européens oeuvrent dans le même sens. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé sa collaboration avec cinq entreprises pour développer des interfaces utilisateur potentielles pour l’euro numérique. L’objectif est de mesurer si la technologie derrière une monnaie numérique européenne s’intégrera aux prototypes développés par les entreprises. L’Union européenne et son allié américain regardent dans la même direction. La contre-attaque des banques centrales s’accentue face à l’ascension des cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum…) qui s’est amplifiée avec la pandémie de Covid-19. Une dizaine de pays, à l’image du Nigéria ou de la Jamaïque ont lancé leurs propres actifs, et une dizaine d’autres dont la Chine, la Suède ou encore la Corée du Sud demeurent en phase avancée de tests, selon le think tank américain Atlantic Council
Après la publication, vendredi, du rapport sur le futur de la monnaie, la Maison Blanche a d’ailleurs exprimé son souhait de renforcer la loi dans le secteur des actifs numériques et identifier les lacunes dans la réglementation des cryptomonnaies. Joe Biden envisage de réclamer au Congrès la modification de la loi sur le secret bancaire afin qu’elle s’applique aux prestataires de services sur actifs numériques, notamment les bourses de cryptomonnaies et les plateformes de jetons non fongibles (NFT). Le ministère de la Justice a également déclaré qu’il s’apprêtait à créer un groupe de coordination des actifs numériques supervisant 150 procureurs fédéraux pour poursuivre les crimes liés aux cryptomonnaies. 
Le président américain insiste également sur l’inclusivité d’une monnaie numérique d’Etat, si elle venait se concrétiser. La requête devrait sourire les défenseurs des cryptomonnaies qui font déjà valoir les avantages de ces actifs pour les populations marginalisées, dans un pays où 5 % des gens n’ont pas de compte en banque, à cause des commissions élevées. Quelque 40 millions d’Américains, soit 16 % de la population, ont déjà investi dans les cryptomonnaies.  
La Banque centrale européenne (BCE) demeure un petit peu plus avancée que les Etats-Unis en la matière grâce à son projet pilote de deux ans lancé à l’été 2021. L’effort, comparable à celui de la Chine et son e-yuan, vise à répondre aux besoins des Européens tout en s’imposant comme un acteur plus fiable que les marchands décentralisés. Les freins au développement d’une monnaie commune numérique restent nombreux. Demeurent des problèmes de conception et de distribution afin de protéger le secret des transactions. C’est dans cette optique que la BCE s’est récemment rapprochée de cinq entreprises afin d’effectuer des simulations de transaction. Les compagnies ont été choisies parmi un groupe de 54 fournisseurs front-end.  
La banque CaixaBank fera office de prototype pour les paiements en ligne peer-to-peer ; la multinationale française Worldline servira sur les peer-to-peer hors ligne ; l’entreprise italienne spécialisée dans les paiements électroniques mettra ses services à disposition pour les paiements au point de vente initiés par le bénéficiaire tandis que l’initiative européenne pour les paiements servira de base pour les paiements au point de vente initiés par le payeur. Plus surprenant, le géant américain, Amazon, a été choisi pour incarner le modèle des paiements de commerce électronique. Ces travaux de prototypage s’intègrent au projet pilote et dont les conclusions seront rendues au premier trimestre 2023. 
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