Les paiements en liquide disparaissent de plus en plus au profit des transactions dématérialisées, par carte, smartphone ou Internet. Or une société sans espèces augmente les inégalités et les discriminations, dénonce le “New York Magazine”.
De toutes les promesses de progrès technologiques faites à la fin du XXe siècle, la dématérialisation des paiements est l’une des rares à avoir été tenue. Aujourd’hui, chaque fois que vous achetez quelque chose, il y a de grandes chances pour que vous payiez par carte, téléphone ou même avec votre montre. Ces vingt dernières années, l’argent liquide est passé de la première à la troisième place des moyens de paiements aux États-Unis, d’abord devancé par les cartes de paiement, en 2018, puis par les cartes de crédit, en 2020, première année de la pandémie. [En Europe, selon la Banque centrale européenne, les paiements en liquide représentaient encore 73 % des transactions en 2019.]Chaque jour, nous nous rapprochons un peu plus du mythe d’une société sans liquide, une transition certes formidable pour les plateformes de paiement électroniques, mais pas forcément pour les gens comme vous et moi.
Personne ne peut nier le côté infiniment pratique du paiement dématérialisé : un bip et hop, c’est fini. Mais ce qui nous simplifie la vie a souvent un coût. Dans son livre [qui vient de paraître] Cloudmoney. Cash, Cards, Crypto, and the War for Our Wallets [“L’argent dématérialisé. Les espèces, les cartes, les cryptos et la guerre pour contrôler nos portefeuilles”, non traduit], le journaliste et ancien courtier en produits dérivés Brett Scott essaie de convaincre que nous avons tous quelque chose à perdre dans cette guerre contre l’argent liquide.
Scott prend pour cible ces groupes d’intérêts hostiles aux espèces, qui mènent campagne pour numériser toutes les transactions et veulent nous faire croire que le passage d’espèces sonnantes et trébuchantes à un simple bip va dans le sens de l’histoire. Selon lui, une société sans argent liquide irait tellement vite qu’il y aurait forcément des laissés-pour-compte.
Les banques et les plateformes de paiements électroniques nous maintiennent délibérément dans l’ignorance du processus des paiements. On imagine que ça se passe à peu près comme ça : notre argent se trouve dans une salle des coffres, quelque part sur une étagère où est inscrit notre nom, une carte magnétique nous permet d’accéder à ces liasses de billets, et la banque fait les comptes en fin de journée. La carte bancaire est ainsi un objet matériel qui permet de régler physiquement nos transactions.
Or, explique Scott, c’est un malentendu. Il y a en fait deux sortes d’argent. L’ensemble de l’argent liquide en circulation, garanti par le gouvernement, est appelé “base monétaire” ou “monnaie fiduciaire”. L’argent auquel nous avons accès avec notre carte est de la “monnaie bancaire” ou “monnaie scripturale”. Il n’est pas émis par l’État, mais, comme son nom l’indique, par une b
Malcolm Harris
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Consacré pour une bonne part à la ville de New York, ce magazine est aussi réputé pour ses longs formats sur la vie culturelle et politique américaine. Né en 1964 comme supplément dominical du New York Herald Tribune et relancé comme hebdomadaire indépendant en 1968, New York a servi de modèle à de nombreux magazines urbains aux Etats-Unis, sachant capter l’air du temps grâce à ses couvertures audacieuses et à la plume talentueuse d’auteurs comme Tom Wolfe. Sa grande période a pris fin en 1976 avec son rachat par Rupert Murdoch. Depuis 2003, il appartient à la famille du financier Bruce Wassertein et a connu un renouveau salué par de nombreux prix. Fidèle à sa double vocation, il fait office de guide culturel et gastronomique de la Grosse Pomme tout en étant très respecté pour sa couverture de la politique. En 2014, il est devenu bimensuel.
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