La ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui annonce que le Maroc étudie la possibilité d’élaborer un cadre juridique pour réglementer l’utilisation de la cryptomonnaie, en collaboration avec Bank Al-Maghrib (BAM) et des partenaires internationaux.
Les cryptomonnaies ont décidément le vent en poupe au Maroc. Ces monnaies digitales ont fini par séduire des centaines de milliers de Marocains. Le Royaume occupe le 24e rang mondial dans l’utilisation des monnaies virtuelles en 2021, d’après le dernier rapport de la firme américaine de recherche Chainalysis. Il se classe 4e en Afrique, avec un volume de 6 millions de dollars américains échangés, et premier en Afrique du Nord devant l’Algérie. Pour établir ce classement, cet organisme s’est basé sur trois indicateurs, à savoir la valeur des cryptomonnaies reçues, celle du commerce de détail transféré et le volume d’échange.
Et pourtant, les monnaies virtuelles sont interdites au Maroc depuis 2017. Dans un communiqué publié à l’époque, l’Office des changes les considérait comme «une infraction à la réglementation des changes». Une interdiction, qui, visiblement, est loin de dissuader les passionnés de devises digitales.
Triple A, une organisation spécialisée dans la technologie blockchain utilisée dans ce secteur crypté, est allée plus loin en révélant qu’environ 900.000 Marocains possèdent ces devises, soit plus de 2% de la population. Un engouement grandissant qui a vraisemblablement interpellé les autorités marocaines. Lors de son passage au parlement le lundi 10 janvier 2022, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a déclaré que le Maroc étudie la possibilité d’élaborer un cadre juridique pour réglementer l’utilisation de la cryptomonnaie, en réponse à une question d’une députée.
D’après elle, cette réflexion sera menée avec les services de son département, Bank Al-Maghrib (BAM) et en collaboration avec des partenaires internationaux. Une intervention qui coïncide justement avec la publication du rapport de Chainalysis la veille.
Avantages économiques
Une sortie quasiment similaire à celle du gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri, qui avait annoncé lors d’une conférence de presse organisée le 24 mars 2021, la mise en place d’un comité qui étudiera les impacts de la monnaie digitale sur la politique monétaire, la structure de l’intermédiation bancaire, la stabilité financière et le cadre juridique.
A en croire ces deux institutions, cette prudence à l’égard de ces monnaies s’explique par le risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme par le biais de ce système. «C’est une monnaie virtuelle qui opère dans son propre réseau sur internet. Un réseau qui gère et génère les bitcoins. Sa particularité réside dans l’absence de toute forme d’autorités centrales ou d’intermédiaires.
Les transactions échangées sont collectivement validées par les acteurs du réseau, qui est ouvert à tout le monde, en utilisant des règles de validation définies par le protocole informatique et un registre dupliqué qui garde l’historique», nous avait expliqué Badr Bellaj, expert en blockchain, dans un papier publié fin mars 2021.
Selon lui, l’autorisation des cryptomonnaies permettra une sécurité renforcée, une traçabilité exemplaire et une réduction du temps des transactions interbancaires et de stimuler l’innovation au Maroc. «Avec un tel outil, tous les acteurs économiques peuvent développer de nouveaux cas d’usage avec une valeur ajoutée, en exploitant la confiance grandissante des consommateurs pour le digital», insiste-t-il.
La fluctuation rapide de ces devises, particulièrement le Bitcoin, est l’un des facteurs attractifs auprès des utilisateurs, selon M. Bellaj. A cela s’ajoutent l’anonymat et la cherté des frais des transferts transfrontaliers. Par exemple, on ne paiera pas plus de 20 dollars de frais pour un envoi de 1 million de dollars, grâce à la technologie blockchain, précise-t-il.
Le cours de cette monnaie qui avait atteint un niveau historique de 68.000 dollars en 2021 est passé sous la barre des 40.000 dollars en ce début d’année, à cause notamment de la situation politique très agitée au Kazakhstan, 2e producteur mondial de bitcoin derrière la Chine. Des pays comme Singapour et la Corée du Sud ou encore la Chine avec son « yuan numérique ont déjà approuvé la monnaie virtuelle. Des cas d’école qui pourraient inspirer le Maroc.
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