Tokyo, Berlin, Denver, le Professeur… Les noms n’ont pas changé mais les visages si. Dans « Money Heist : Korea », remake coréen de la fiction espagnole « la Casa de Papel », qui en reprend le titre anglo-saxon, les mêmes braqueurs en combinaison rouge s’attaquent à la fabrique de la monnaie dans une Corée réunifiée. C’est là que se trouve la bonne idée de cette adaptation mise en ligne sur Netflix : la série démarre en 2025, la Corée du Nord et la Corée du Sud ont alors mis fin à une guerre en rattachant les deux entités étatiques. Les inégalités se creusent partout dans le pays, tandis que certains font des profits énormes en profitant de ce nouveau contexte politique et économique.
Pour le reste, même si les parcours personnels des personnages diffèrent un peu de la série originale espagnole, les différentes étapes du braquage sont les mêmes. Certes, les masques des héros ont changé, il ne s’agit plus d’une représentation caricaturale de Salvador Dali mais de masques traditionnels locaux. Pourtant, l’esthétique générale est identique, jusque dans le générique d’introduction avec une représentation en papier du bâtiment visé par les malfaiteurs.
En lançant le premier épisode, on sourit d’entrée quand Tokyo raconte qu’elle est une fan du groupe de K-Pop BTS, celui-ci étant le premier à donner un concert pour fêter la réunification du pays. L’actualité ne joue pas en faveur de la fiction puisque les membres du groupe viennent d’annoncer qu’ils faisaient une pause dans leur carrière.
Par la suite, on a plutôt tendance à lever les yeux au ciel quand, au-delà du copié-collé général de l’intrigue, certains détails sont reproduits avec un mimétisme inutile. Le Professeur qui repositionne constamment ses lunettes, le rire particulier de Denver, la scène de ce dernier se prélassant sur un immense tas de billets… Aucune réelle surprise donc pour les fans de la série espagnole.
La relecture coréenne, qui s’appuie sur les tensions entre citoyens du Sud et du Nord pour ajouter des divisions tant au sein des otages que des enquêteurs, n’exploite pas assez ces particularités. Elle profite tout de même d’un très bon casting avec certains visages familiers du public international. Dans le rôle de Berlin, on retrouve ainsi Park Hae-soo, propulsé sur le devant de la scène grâce au phénomène « Squid Game » dans lequel il incarnait un des personnages principaux. Jolies retrouvailles également avec Kim Yoon-Jin, révélée au grand public dans la série américaine « Lost ». Elle incarne la négociatrice de la police qui va tomber sous le charme du Professeur, sans en connaître la véritable identité.
Autre bon point : le scénario a été resserré puisque cette première saison comporte six volets de 63 à 78 minutes chacun (six heures et 57 minutes en tout) contre treize épisodes de 42 à 56 minutes chacun pour la version espagnole dans son format proposé par Netflix (dix heures et quatorze minutes en tout). Les événements abordés restent sensiblement les mêmes, ce sont surtout les flash-back qui ont été allègrement allégés.
Un peu édulcorée, « Money Heist : Korea » – dont Alex Pina, le créateur de « la Casa de Papel », est producteur – peut donc profiter d’un effet de curiosité mais manque de corps et d’originalité pour justifier qu’on y consacre trop de temps. Difficile d’y voir davantage que l’exploitation d’un filon commercial sans réelle substance derrière.
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