Challenges Finance et marchés Marchés financiers
Par Antoine Izambard le 22.08.2018 à 15h08 Lecture 5 min.
Mi-août l’once d’or a touché son plus bas niveau depuis janvier 2017 entraînant dans son sillage certains métaux précieux comme l’argent et le platine. Explications sur ce décrochage surprise. 
Mi-août l’once d’or a touché un plus bas niveau depuis janvier 2017, à 1.160,27 dollars.
Le décrochage estival du cours des métaux précieux semble avoir pris de court la plupart des analystes. "La violence et l’ampleur de cette baisse nous ont surpris" observe Benjamin Louvet gérant matières premières chez OFI AM. Un avis partagé par les analystes de Commerzbank qui s'étonnent que l'or, par exemple, n'ait "pas joué son rôle de valeur refuge" dans cette période de forte instabilité géopolitique. Symbole de cette chute du cours des métaux précieux : le 17 août, l'once d'or a touché un plus bas niveau depuis janvier 2017, à 1.160,27 dollars – il est depuis légèrement remonté à 1.190 dollars. De leurs côtés, l'argent et le platine, ont également décroché sévèrement. L'argent est ainsi tombé à 14,34 dollars, son plus bas niveau depuis février 2016 et le platine à 755,46 dollars, un niveau plus vu depuis octobre 2008. Comment expliquer ces mouvements baissiers ? Voici trois raisons qui peuvent justifier ces pertes. 
Conséquence de la guerre commerciale engagée par Donald Trump, Pékin a décidé de laisser se déprécier sa monnaie – environ 8% depuis mai – pour riposter à la politique de taxation des importations mise en place par l'administration Trump. "La Chine étant le plus gros acheteur d’or au niveau mondial, ce facteur a sans conteste freiné l’appétit de l’Empire du Milieu pour le métal jaune" analyse Benjamin Louvet. La corrélation entre le yuan et l’or est en effet à ce titre assez frappante.

Pour Benjamin Louvet, la baisse du cours de l'once d'or peut aussi s'expliquer par des mouvements spéculatifs. "Nous ne pouvons également exclure, compte tenu des mesures prises par le gouvernement chinois pour limiter la spéculation sur la monnaie chinoise (augmentation des dépôts) et de la corrélation entre le métal jaune et le yuan, qu’un certain nombre de spéculateurs aient utilisé l’once d’or comme un proxy pour jouer la baisse de la monnaie chinoise".
A cette baisse du yuan il convient aussi de mentionner celle de la roupie indienne, l'Inde étant le second marché pour le métal jaune. La roupie a ainsi atteint ce mois-ci son plus bas niveau historique contre le dollar. "D’une manière plus générale, le dollar s’est réapprécié face à l’ensemble des devises émergentes, ce qui pénalise fortement la capacité d’achat de ces marchés sur les biens libellés en dollars. Or, parmi les principaux acheteurs de métal jaune se trouvent certains des principaux pays émergents : la Chine, nous l’avons dit, mais également l’Inde et, dans une moindre mesure, la Turquie (sixième pays en termes de volume d’achat en 2017, selon les chiffres de Thomson Reuters GFMS)".
Les analystes de Commerzbank avancent une autre explication pour justifier cette baisse des cours. "Le rebond de la livre turque et l'appétit pour le risque qui en a résulté sont probablement une des raisons pour laquelle l'or n'est pas demandé" arguent-ils, citant également l'annonce de futures négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis à la fin du mois. Lors de périodes fastes, les investisseurs ont en effet tendance à privilégier les actifs risqués mais qui offrent de meilleurs rendements que l'or. Après s'être effondrée les 10 et 13 août, bousculant les marchés et alimentant les craintes de contagion, la livre turque a partiellement récupéré de ses pertes en milieu de semaine dernière, avant de baisser de nouveau face au dollar vendredi.
Les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis, en partie à l'origine de la récente crise de la devise, se sont récemment accrues. Jeudi, le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a menacé Ankara de sanctions supplémentaires, après le doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium, si Washington n'obtenait pas la libération du pasteur Andrew Brunson. Ce à quoi la Turquie a répondu vendredi qu'elle n'hésiterait pas à répliquer tout en refusant une nouvelle fois de lever l'assignation à résidence de M. Brunson, alimentant la prudence des investisseurs. Mais "étonnamment, l'or a été incapable de bénéficier de son statut de valeur refuge", a souligné Lukman Otunuga, analyste pour FXTM.
"L'escalade des tensions politiques entre les Etats-Unis et la Russie, l'Iran et la Turquie ont échoué à stimuler la demande (du métal précieux) alors que les investisseurs tablent sur un dollar fort", ont ajouté les analystes de Phillip Futures. L'or, comme de nombreuses autres matières premières, est libellé en billet vert. Un renchérissement de celui-ci rend ainsi le métal jaune plus cher pour les investisseurs utilisant d'autres devises.
Élément plus structurant que les deux premiers, la hausse des taux américains tend également à détourner les investisseurs de la relique barbare. Le cours de l’or a d’ailleurs touché son plancher au moment même où Jérôme Powell, le patron de la Fed, confirmait la hausse programmée des taux américains. A cela s'ajoute le fait que l'or, qui ne rapporte aucun intérêt, est mal en point face à des marchés d’actions où les dividendes ne cessent de s’apprécier."Pourquoi acheter des métaux précieux, qui n’apportent pas de rendement, quand on peut avoir des actions?", s’interrogeaient par exemple récemment les analystes de BNP Paribas.
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