L’argent facile coule à flots depuis le début de la pandémie, faisant flamber les cours de tout… et parfois n’importe quoi. Cryptomonnaies, NFT, Spac… Les investisseurs de toute la planète jouent au poker.
"Bienvenue dans l'économie-casino" (Thibaut Zschiesche/L'Express et AFP/SEBASTIEN BOZON)
AFP / L'Express
Dans ce nouvel épisode de La Loupe, Xavier Yvon décrypte ce grand casino qu’est devenue l’économie mondiale, avec Béatrice Mathieu et Raphaël Bloch, journalistes du service Économie.
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L’équipe : Xavier Yvon (écriture et présentation), Margaux Lannuzel (écriture), Lison Verriez (montage), Louis Coutel (réalisation), Mathias Penguilly (stagiaire).
Crédits : France 2, France 24, France 3, Al Jazeera, Euronews
Musique et habillage : Emmanuel Herschon / Studio Torrent
Logo : Justine Figueiredo
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Xavier Yvon : Imaginez un casino avec ses machines à sous, ses tables de jeu et ses parties de poker. Ses fortunes qui se font et se défont en quelques minutes. Sauf que ce casino-là est resté ouvert tout au long de la pandémie de Covid-19, sans restrictions sanitaires. Ce casino, c’est l’économie mondiale en ce moment, parce que, malgré la crise, il n’y a jamais eu autant d’argent sur la planète. Et partout dans le monde, cet argent donne des idées d’investissements plus ou moins sûrs. Certains parient sur l’immobilier, d’autres sur une parodie de cryptomonnaie ou même sur un chaton populaire sur Internet. Alors, nous aussi, à La Loupe, on a fait quelques économies, à force de ne pas voyager et de passer nos soirées à la maison. Et pour savoir comment investir notre petit pécule, on a la meilleure des conseillères investissement, Béatrice Mathieu, la cheffe du service Économie de L’Express… Béatrice, tu vas donc être notre guide. Le point de départ de cette économie-casino, c’est que, en ce moment, ça ne coûte quasiment rien d’emprunter de l’argent. Est-ce que tu peux nous expliquer comment on en est arrivé là ?
Béatrice Mathieu : Alors, qu’est-ce qui s’est passé pendant cette pandémie ? Et bien, les banques centrales, elles, ont ouvert grand les vannes. Elles ont ramené les taux d’intérêt quasiment à zéro. C’est la Banque centrale européenne, c’est la Banque centrale d’Angleterre, c’est la Réserve fédérale américaine ou la Banque du Japon. Elles ont fait des sortes de lignes de crédit aux banques commerciales. Et puis, elles ont racheté des monceaux et des monceaux de dettes publiques qui étaient émis par les États. Tout cela avait fait qu’il y a énormément d’argent qui est arrivé sur le marché, sur les marchés financiers. Il y a des tombereaux de milliards et des milliards de dollars qui sont arrivés. Eh bien, tout cet argent, il faut bien qu’il s’écoule. C’est comme vous, vous déverser énormément d’eau dans une rigole et puis après, il faut que cette eau se déverse quelque part.
Xavier Yvon : Et ce torrent d’argent, il faut donc trouver où l’investir.
Béatrice Mathieu : Le problème, c’est qu’aujourd’hui, il suffit, pour un investisseur, de bien emballer son produit, de faire un beau marketing de son produit et de son projet, et vous allez avoir énormément d’argent qui va, qui va arriver. Donc là encore, c’est difficile de faire le tri.
Xavier Yvon : Et c’est ça l’effet casino. Pour gagner plus, on prend toujours plus de risque.
Béatrice Mathieu : La question, c’est qu’aujourd’hui, on ne sait plus ce qui est risqué et ce qui ne l’est pas. Parce que tout monte, tout se casse la figure aussi très vite. Et donc, pour un investisseur lambda, c’est très difficile de savoir quel est le bon prix, quelle est la bonne valeur des choses.
Xavier Yvon : OK. Pour essayer de ne pas se tromper avec nos petites économies, on va essayer de passer ces risques à la loupe. On commence par l’immobilier, qui est traditionnellement la valeur refuge en temps de crise, Béatrice.
Béatrice Mathieu : Normalement, on aurait dû avoir un effondrement des prix de l’immobilier et alors, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, ce qui est un peu anormal. Il y a des exemples hallucinants sur la planète où on voit à Hongkong – Hongkong qui a vécu une récession historique, avec chômage qui est au plus haut depuis plus de dix ans – eh bien, il y a un appartement qui s’est vendu à 159 000 euros le mètre carré, en février, alors même que le pays est dans une très très mauvaise posture. Et alors là, si on prend plus près de chez nous, en France…
Xavier Yvon : Oui, oui, j’allais te demander parce que bon… Aller à Hongkong acheter un appartement à 159 000 euros le mètre carré, ça va être compliqué, mais chez nous à Paris, en France, qu’est-ce que ça donne ?
Béatrice Mathieu : Alors, c’est pas 159 000 euros le mètre carré à Paris – pas encore – mais on est évidemment à 10 000 euros le mètre carré, et c’est surtout que les prix, ils se sont un petit peu tassés à Paris, mais ils ont continué de progresser très, très rapidement dans la plupart des villes françaises. Et la hausse des prix s’est même accélérée, notamment dans des villes où les prix étaient jusqu’à présent assez bas. Moi, je vais prendre une ville qui me tient à coeur, c’est Limoges. À Limoges, les prix ont augmenté de 14 % sur un an et l’augmentation en ce moment, là, elle est trois fois plus rapide qu’en 2020.
Xavier Yvon : Alors, Béatrice dans ce grand Monopoly du Covid, si nous, on tombe sur la case “immobilier” on achète ou on n’achète pas ?
Béatrice Mathieu : Alors ça dépend où, ça dépend quoi. Évidemment, si c’est une cave à 10 000 euros le mètre carré dans un arrondissement parisien pas très, très réputé, il ne faut sans doute pas acheter. Donc, l’immobilier, c’est ça. En même temps, l’immobilier, c’est quand même une valeur sûre aujourd’hui, qui se revend assez facilement. Donc, on ne prend pas un énorme risque à acheter de l’immobilier.
Xavier Yvon : Bon, on est bien installés à L’Express, donc on va réfléchir un peu avant d’acheter un plus grand studio. On va s’intéresser à une valeur qui monte, mais qui est un peu ésotérique : le Dogecoin. Et Béatrice, il y a, dans ton service Économie, le spécialiste des cryptomonnaies ici à L’Express, Raphaël Bloch. Il est là, il est dans la rédaction, je vais aller le chercher. Bienvenue dans le studio ! Tu peux nous expliquer ce que c’est que le Dogecoin ?
Raphaël Bloch : Le Dogecoin à la base, c’est une blague. En 2013, il y a un ingénieur américain, Billy Marcus, qui s’ennuie, qui regarde le marché des cryptomonnaies… Il va décider de créer une monnaie parodique qu’il va illustrer avec un chien, le fameux Shiba Inu.
Xavier Yvon : Un chien japonais. Ça part d’une blague et donc, ça n’a aucune valeur en fait ?
Raphaël Bloch : Non, le Dogecoin n’a aucune valeur. Sauf que, justement, ces dernières années, il en a acquis une parce que des milliardaires américains comme Elon Musk se sont entichés de cette monnaie et ils ont commencé à regarder comment elle fonctionnait. Ils se sont dit que c’était assez amusant finalement de donner une valeur à cette blague, à cette cryptomonnaie qui, au départ, justement, ne devait servir à rien.
Xavier Yvon : Mais elle a gagné beaucoup en valeur ?
Raphaël Bloch : Ah ben oui, elle a effectivement énormément progressé, surtout ces douze derniers mois. En fait, sa capitalisation, c’est-à-dire l’argent qu’elle représente, est passé de quelques centaines de millions de dollars à, à peu près 70 milliards de dollars. Même si voilà, le Dogecoin varie fortement…
Xavier Yvon : …en fonction des blagues des uns et des autres… Des milliardaires…
Raphaël Bloch : Exactement, en fonction des commentaires, notamment d’Elon Musk sur les réseaux sociaux.
Xavier Yvon : Toujours dans notre Monopoly du Covid : le Dogecoin, on achète ou on n’achète pas ?
Raphaël Bloch : Il faut vraiment faire attention, parce ce que c’est très risqué.
Xavier Yvon : Raphaël, tant que tu es là, il y a un autre actif qui est très à la mode en ce moment. C’est un joujou financier dont Wall Street raffole. Ça s’appelle les Spac (S-P-A-C), c’est un acronyme en anglais qui, en français, veut dire “société d’acquisition à vocation spécifique”. Alors là encore, Raphaël, on a besoin de tes lumières d’expert en produits financiers compliqués. Qu’est-ce que c’est qu’une Spac ?
Raphaël Bloch : C’est une sorte de coquille vide. C’est une société qui est créée par quelques associés. Ces associés n’ont qu’un seul bureau, pas de salariés… En fait, leur idée, c’est de réussir à lever des fonds auprès d’investisseurs, sur leur nom. Donc la plupart du temps, ce sont des investisseurs assez connus, plutôt des banquiers ou des gens qui sont passés par la finance. Et avec cette coquille vide, ils vont aller à Wall Street, à la Bourse de Paris, à Londres, lever des fonds en Bourse. Et avec ces fonds, ils vont racheter une société – ça peut-être une société, dans la distribution, dans l’alimentaire, dans les médias – pour ensuite aller directement coter cette société en Bourse.
Xavier Yvon : Donc, en fait, on demande à des investisseurs de donner de l’argent sans savoir ce qu’on va en faire.
Raphaël Bloch : Exactement. La seule chose que les investisseurs savent quand ils donnent de l’argent aux fondateurs de la Spac, c’est le domaine dans lequel ces investisseurs vont aller chercher cette société qu’ils veulent coter avec la Spac. Et donc, par exemple, on a en France des grands noms comme Xavier Niel, par exemple… Il y a aussi d’anciens banquiers qui ont dit qu’ils allaient lancer une SPAC dans le domaine de tout ce qui est fintech, paiement.
Xavier Yvon : Tu cites des noms… C’est vrai que ces joujoux financiers, les Spac, ça brille tellement que ça attire les célébrités. Jay-Z par exemple, le rappeur superstar. Il y a aussi la tenniswoman Serena Williams ou encore Shaquille O’Neal, l’ancienne star de la NBA. Le colosse s’est associé à l’éphémère patron de Tik Tok, Kevin Mayer, pour lever pas moins de 250 millions d’euros grâce à une Spac. C’est d’ailleurs l’une des plus grosses Spac de Wall Street. Mais, écoutez bien, quand Shaquille O’Neal se met à parler d’investissement, ça donne ça. “Je suis intéressé par toutes les grosses actions”, dit en somme, l’ancien basketteur, sans trop de précision. On sait qu’il veut investir sa Spac dans une entreprise des médias ou du divertissement, mais on ne sait pas encore laquelle. On en a parlé. C’est très flou et ça, c’est bien le problème avec ces Spac, Béatrice.
Béatrice Mathieu : Et oui, parce que quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Et donc, on le voit déjà à Wall Street, où les performances des Spac ont plutôt déçu. Et alors là, il y a un chiffre. Pour celles qui ont réalisé des transactions au cours des dix-huit derniers mois, eh bien, les cours de bourse de ces Spac ont dégringolé en moyenne de 39 %. Il y en a plusieurs qui ont perdu plus de 80 %.
Xavier Yvon : Et c’est pour ça que ces Spac inquiètent. D’ailleurs, le gendarme américain de la Bourse a publié un bulletin d’alerte à destination des investisseurs au mois de mars. Un bulletin dans lequel on peut lire, je vous cite : “même si une célébrité est impliquée dans une Spac, ce n’est pas forcément une bonne idée pour vous d’investir dedans”. C’est donc le gendarme de la Bourse américain qui dit ça. Ça incite plutôt à la méfiance. Alors nous, les Spac, on achète ou on n’achète pas ?
Raphaël Bloch : On sélectionne très prudemment.
Xavier Yvon : Alors, on va finir ce tour d’horizon en parlant un peu d’art parce qu’on a un studio tout neuf à décorer avec l’équipe de La Loupe, ici à L’Express. Alors investir dans une oeuvre en ce moment, est-ce que c’est une bonne idée ?
Raphaël Bloch : En tout cas, en ce moment, il y a une forme d’oeuvres d’art qui marchent très bien : ce sont les NFT. Ce sont des oeuvres d’art virtuelles. Alors on ne peut pas les accrocher aux murs, ce sont des oeuvres sur Internet.
Xavier Yvon : Ça ressemble à quoi ? Il y a des exemples ?
Raphaël Bloch : Oui, il y a pas mal d’exemples. Il y en a une qui est très connue : c’est une sorte de chat. En fait, c’était un mème, un petit chat gris, qui est disponible sur le Net.
Xavier Yvon : Une image de petit chat gris… Ça vaut cher, ça ?
Raphaël Bloch : Ça vaut très cher. Il y en a un qui s’est récemment vendu pour 500 000 dollars. Il s’appelle Nyan Cat. Et après, ceci dit, il y en a encore d’autres. On sait que, par exemple, l’artiste Beeple a vendu son oeuvre pour 70 millions de dollars. Et pareil, c’est une oeuvre, une oeuvre numérique qui s’est arrachée aux enchères.
Xavier Yvon : Donc encore une fois, quelque chose qu’on ne pourrait pas accrocher ici, dans le studio. C’est quelque chose qu’on peut consulter sur Internet. Cette oeuvre d’art, là, ou le petit chat dont on parlait… Toi et moi, on peut aller sur Google, le voir sur Internet, donc c’est quoi l’intérêt de les posséder et de payer autant d’argent pour les posséder?
Raphaël Bloch : En fait, l’intérêt de posséder, c’est tout bêtement d’en être le propriétaire. Parce que finalement, nous allons voir sur Internet, ce ne sont que des copies, alors qu’en l’occurrence, les NFT, leur but, c’est d’être unique. C’est-à-dire que quand on possède un NFT (un tableau, un chat), en fait, on est propriétaire d’une oeuvre unique qui est certifiée sur la blockchain.
Xavier Yvon : La blockchain, c’est la technologie des cryptomonnaies ?
Raphaël Bloch : Exactement.
Xavier Yvon : Et ça nous donne comme une sorte de certificat d’authenticité qui est tout autant inviolable que pour les cryptomonnaies.
Raphaël Bloch : Voilà exactement. C’est à dire que pour les cryptomonnaies, vous avez un protocole qui garantit en fait l’authenticité, le caractère unique des crypto. Et vous avez la même chose sur les oeuvres d’art. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que les oeuvres d’art numérique se développent autant. C’est qu’on est capable de certifier que vous êtes bien le propriétaire de telle oeuvre.
Xavier Yvon : Ça se développe comme tu dis, donc, il y a un marché pour ça. Ça dépasse les grands collectionneurs avec de gros moyens.
Raphaël Bloch : Ouais, on le voit notamment dans le sport, où il y a de gros débouchés. Par exemple, aux États-Unis, la NBA (la ligue nationale de basket-ball), a développé sa propre plateforme sur laquelle ils vendent des petites vidéos qu’on peut acheter et qu’on peut donc collectionner, qui montrent tel joueur de telle équipe, marquer un panier. On peut, comme quand on était gamin, s’échanger des cartes des Pogs dans la cour de récré.
Xavier Yvon : Donc, on peut faire coup double en achetant un NFT de Shaquille O’Neal avec sa Spac. On va faire le bilan de notre dernière case Monopoly du Covid. Donc les NFT, ces oeuvres d’art virtuelles, on achète ou on n’achète pas ?
Raphaël Bloch : Alors on achète, on va dire quand l’émetteur est quelqu’un de plutôt connu.
Xavier Yvon : Bon, je vais vous demander un dernier conseil. J’ai un euro à investir aujourd’hui, je le mets où ?
Béatrice Mathieu : Il y a un investissement et là, qui n’est pas virtuel, que je vous recommande, c’est de vous abonner à L’Express. Un euro pour les deux premiers mois : c’est raisonnable et c’est moins risqué que le Dogecoin.
Xavier Yvon : Ça, c’était le dernier conseil investissement de Béatrice Mathieu, dont vous pouvez retrouver tous les articles, toutes les analyses comme Raphaël Bloch sur le site de L’Express. Et si vous vous abonnez, vous avez accès à tout. On a fait le tour de cette économie-casino, un peu folle. De ces Dogecoins, de ces levées de fonds artificielles, de ces Spac, etc… Ça peut sembler assez lointain pour nous, simples mortels, pour ceux qui nous écoutent. Mais Béatrice, la vraie question qu’on se pose maintenant, c’est, est-ce que toutes ces prises de risque, ça peut avoir des conséquences dans l’économie réelle sur nos vies quotidiennes à nous, à terme ?
Béatrice Mathieu : Oui, alors le problème, si on revient un petit peu dans le monde du sérieux, ces politiques monétaires très expansionnistes, c’est le terme qu’utilisent les économistes, quand elles ont ramené les taux d’intérêt à zéro, eh bien ça crée ce qu’on a vu, cette économie casino, ces bulles financières. Et l’avenir de toutes les bulles eh bien, c’est d’exploser. Et donc, ce sont des marchés d’actions qui peuvent craquer. Ce sont aussi des marchés d’obligations publiques qui peuvent aussi s’effondrer, et là, ça veut dire une remontée très forte des taux d’intérêt, des taux d’intérêt d’emprunt. Ça veut dire que pour nous, pour acheter un logement, ça nous coûterait aussi plus cher, avec des conséquences aussi sur la fragilité des banques. Donc ça, c’est le volet économie réelle. Il faut voir aussi que cette économie-casino, en fait, c’est une économie profondément inégalitaire. Elle creuse considérablement les inégalités entre ceux qui ont des actifs qui se valorisent et ceux qui n’en n’ont pas. Et donc, là aussi, ça pose un problème pour la poursuite des politiques économiques. Comment on réduit ces inégalités de patrimoine ?
Xavier Yvon : Très bien. Merci à tous les deux pour cette plongée dans l’économie-casino. On a bien compris que c’est parfois un peu la roulette russe. L’argent, en apparence facile, promet parfois des lendemains qui déchantent. D’ailleurs, c’est l’avertissement lancé par Warren Buffett, le gourou de la finance mondiale, lors de sa grand messe annuelle il y a quelques semaines. “Personne ne va vous prévenir quand minuit sonnera et que le carrosse redeviendra une citrouille”.
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