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Quatre anciens banquiers ont été condamnés à de la prison pour avoir manipulé ce taux interbancaire. Les peines se multiplient, au long de procès mettant à jour les rouages du système.
Temps de Lecture 4 min.
Quatre ex-banquiers de Barclays ont été condamnés jeudi 7 juillet au Royaume-Uni à des peines de prison (jusqu’à 6 ans) pour avoir manipulé le Libor, ce taux qui détermine à combien les banques acceptent de se prêter de l’argent entre elles, sur le marché dit « interbancaire ».
Les procès se multiplient dans cet énorme scandale : pour les banques, ils ont abouti à des amendes de plus de 8 milliards de dollars.
Pour les banquiers, l’affaire s’est soldée le plus souvent par des négociations (avec aveux et dénonciations d’anciens collègues). Ce procès est le deuxième à aboutir à des peines de prison après celui, en juillet 2015, de Tom Hayes, un ancien courtier de Citigroup et d’UBS, qui a écopé de 11 ans d’emprisonnement, également à Londres.
Au travers des plaidoiries et des enquêtes préliminaires, ils montrent qu’un véritable système était en place, et qu’il ne s’agissait pas seulement de l’action d’un « rogue trader » isolé.
L’affaire dite du « Libor » recoupe en fait plusieurs manipulations des taux interbancaires (les taux auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles) : les taux britannique (Libor) et européen (Euribor). Cette affaire n’est pas limitée à la Grande-Bretagne et à l’Union européenne, puisque ces taux (qui s’appliquent à chaque fois à une quinzaine de maturités, de 1 jour à 1 an, et une dizaine de monnaies, donc au total environ 150 taux) servent de référence sur tous les marchés financiers de la planète.
C’est d’ailleurs aux Etats-Unis que les questions autour d’irrégularités sur la fixation du taux ont été soulevées en premier : en 2008, un banquier de Barclays a reconnu, dans une conversation téléphonique avec un analyste de la banque centrale américaine (Réserve fédérale, Fed), que sa banque avait modifié des données concernant les taux pour éviter d’attirer une « attention indésirable ».
En l’occurrence, il s’agissait d’annoncer un taux plus bas que celui des concurrents : dans le contexte de crise financière qui prévalait alors, une banque qui reconnaissait qu’elle empruntait (plus) cher (que les autres) risquait d’être immédiatement soupçonnée de fragilité : tout prêt à risque étant plus cher, les autres banques se méfient d’une concurrente qui n’arrive pas à emprunter à un taux bon marché.
Dans un rapport publié mi-2012, le gendarme des banques à Londres, la Financial Service Authority (FSA), citait cette demande d’un dirigeant de Barclays :
« Essaie de mettre le Libor en yens [la monnaie japonaise] un peu plus en adéquation avec les autres contributeurs [du panel], ou sinon les rumeurs vont aller bon train sur les besoins d’argent de Barclays parce que ses Libors sont tellement hauts. »
Une annonce à la hausse ou à la baisse par rapport aux taux que la banque anticipe vraiment peut permettre de dégager des profits indus. C’est aussi ce dont a été accusé Barclays : en fonction de l’évolution du taux (à la hausse ou à la baisse), et selon la position acheteur ou vendeur de produits financiers des traders, ces derniers ont pu réaliser des gains juteux.
Etant donné que le taux est déterminé par les annonces chaque matin des banques faisant partie du panel, dont Barclays, il suffisait pour les banquiers d’annoncer un taux différent du taux réel, dans le sens qui les avantageait.
Le rapport de la FSA rapporte un échange de « bons procédés » entre un trader de la banque et une des personnes chargées de soumettre le taux à Reuters (qui compile les données), un « submitter », en date du 13 mars 2006 :
Trader : Que penses-tu déclarer pour le Libor à trois mois ?
Submitter : Je suis sur 90 mais je vais déclarer 91
Trader : Quand je prendrai ma retraite et écrirai un bouquin sur ce métier, ton nom sera écrit en lettres d’or
Submitter : Je préférerais que tout cela n’apparaisse dans aucun livre !
Les traders ne s’entendent pas seulement avec les « submitters » de leur banque, ils s’entendent aussi entre eux pour faire bouger le marché dans le sens qui les intéresse : séjours à Chamonix ou participation au Grand Prix de Monaco, les rencontres informelles entre les traders dont témoigne Bloomberg, qui a suivi le cas d’UBS à Londres (condamnée à 1,5 milliard de dollars d’amende) est édifiant. Des sommes d’argent ont même été déboursées directement auprès d’acteurs du marché pour faire évoluer le taux dans le sens voulu.
Quatre ex-banquiers de Barclays ont été condamnés jeudi à des peines de prison pour avoir manipulé le Libor. Voici quelques-unes des dates clés de ce scandale financier.
2005 : à partir de cette date et jusqu’en 2009, les traders de la banque britannique Barclays procèdent à 257 manipulations du taux interbancaire londonien, le Libor, et de son équivalent européen (l’Euribor), selon un rapport (de 2012) du gendarme britannique des marchés.
Avril 2008 : le Wall Street Journal publie une enquête mentionnant des doutes importants sur la véracité des déclarations du panel chargé d’élaborer le Libor.
Eté 2008 : les banques centrales américaine et britannique décident officiellement de se pencher sur ce qui commence à devenir une « affaire », à la suite de mails d’avertissement, ainsi que d’appels téléphoniques, notamment de la part de responsables de Barclays. Ces derniers voulaient avertir les autorités d’actions « problématiques » de la part des autres banques…
2010 : Barclays donne des règles à suivre en interne pour éviter les collusions entre les personnes chargées de déclarer les taux au panel (les « submitters ») et ceux qui auraient intérêt à voir ces taux bouger dans un sens ou dans l’autre, les traders des marchés de produits dérivés en particulier.
2011 : Royal Bank of Scotland (RBS) licencie quatre personnes soupçonnées d’avoir participé à la manipulation des taux interbancaires.
Juillet 2012 : Bob Diamond démissionne de son poste de PDG de Barclays, qui paye 60 millions de livres sterling d’amende (et 200 millions de dollars aux Etats-Unis) après avoir reconnu sa culpabilité dans la manipulation du Libor. Dans la foulée, des enquêtes sont lancées contre une dizaine de banques aux Etats-Unis et l’Association des banquiers britanniques est démise de son rôle de supervision du Libor.
Décembre 2012 : trois hommes sont arrêtés à Londres par l’autorité britannique de lutte contre la fraude dans le cadre de l’enquête sur le Libor. La banque suisse UBS paie 1,2 milliard de dollars d’amende aux Etats-Unis, 160 millions de livres au Royaume-Uni et 59 millions de francs suisses aux autorités helvètes.
Décembre 2013 : l’Union européenne condamne huit banques à 1,7 milliard d’euros d’amende pour s’être entendues sur la manipulation des taux Libor et Euribor. Une amende historique en Europe.
Avril 2015 : Deutsche Bank débourse 2,5 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) pour régler les poursuites sur la manipulation du Libor sur les marchés britannique et américain.
3 août 2015 : Tom Hayes, ancien trader d’UBS et de Citigroup, est condamné à 14 ans de prison à Londres. Cette peine sera ramenée à 11 ans en appel.
Janvier 2016 : six financiers soupçonnés d’être des complices de Tom Hayes sont acquittés faute de preuve.
Mai 2016 : un ancien trader de Deutsche Bank reconnaît avoir manipulé le Libor. Ses aveux conduisent à l’inculpation de deux autres anciens collègues le 2 juin par les autorités américaines.
Selon le Trésor britannique, l’ensemble des outils financiers basés sur le Libor représente environ 300 000 milliards de dollars. On imagine les conséquences que peut avoir une faible variation de taux sur des volumes aussi gigantesques.
Les simulations concernant l’impact des manipulations du Libor n’ont pas été faites car de nombreux paramètres varient (valeur et maturité des taux interbancaires aux différentes dates des manipulations, taux de change…).
Ces manipulations ont en tout cas porté tort au marché dans la mesure où elles ont écorné la confiance des investisseurs et amoindri la fluidité des échanges et le financement de l’économie réelle.
Le 4 septembre prochain s’ouvrira à Londres le procès de six individus poursuivis pour manipulation du taux interbancaire de référence dans la zone euro, l’Euribor.
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