L’examen de quelques pièces de monnaie que je possédais depuis mon enfance et dont je passais vraiment à côté de la symbolique qu’elles pouvaient porter en dehors de l’année de leur émission, de leur valeur monétique, de leur matière et aussi de la période où les deux pays (Algérie et Maroc) étaient sous la colonisation française pour l’un et le protectorat français pour l’autre, va nous révéler des surprises sur la profondeur des messages et de l’histoire portée par la numismatique que je partage avec vous dans ce billet.
Deux pièces de 50 FRANCS m’ont interpelées, l’une est marocaine l’autre est algérienne. De prime abord, une différence de l’esthétique des deux pièces est assez frappante, l’une est beaucoup plus belle que l’autre, mais en dehors de ce critère subjectif, elles donnent l’impression qu’elles se ressemblent du moins sur la valeur monétique et toutes les deux datant de la même période.
Toutefois, une comparaison un peu plus profonde et qui ne nécessite pas à mon sens une grande expertise en numismatique va nous révéler plusieurs différences qui nous semblent très originelles et puis surtout une grande différence notoire qui va confirmer toute l’analyse qu’on va essayer d’étayer par la suite.
D’abord, il y a des différences dans la matière des deux pièces d’où la différence de la couleur, il y a ensuite les langues utilisées, l’arabe et le français pour le Maroc, seulement le français pour l’Algérie, puis le style et la police de l’écriture, les motifs…etc.
Sur le plan de la forme et la matière, la pièce marocaine est ronde, le métal utilisé est l’Aluminium-Bronze, son poids est de 7.9 grammes, son diamètre est 27 millimètres. La pièce algérienne, est ronde aussi, son métal est le cupronickel, son poids est de 8 grammes, son diamètre est 27 millimètres.
Sur le revers de la pièce algérienne, il n’y a pas beaucoup de motifs, la langue utilisée est le français, le style de la police et de l’écriture sont normaux. Le texte est au centre de la pièce entre deux épis de blé verticaux. En haut, il y a le nombre 50 écrit avec un grand caractère, ensuite on trouve la valeur FRANCS en majuscules avec une police plus petite que celle du nombre, puis en dessous, il y a la date en caractère plus petit et qui donne la référence au calendrier grégorien 1949. Enfin, il y a un trait qui relie les deux épis et sous lequel tout en bas de la pièce on trouve le nom du pays ALGERIE écrit en majuscules.
Sur le revers de la pièce marocaine, il y a beaucoup de motifs et de dessins qui nous renvoient à l’artisanat marocain qui se nourrit et a nourri en même temps l’art islamique andalou qui repose sur les représentations géométriques et florales comme pour le Zellij ou encore la sculpture du bois ou du plâtre. Les langues utilisées sont l’arabe et le français. Le style et la police de l’écriture sont calligraphiques pour la langue arabe et scripturale pour la langue française.
Sur cette face, il y a deux cercles, un grand cercle qui englobe toute la pièce, à l’intérieur de celui-là tout en haut de la pièce et à son centre, il y a le nom du pays MAROC écrit en majuscule avec un style très raffiné qui peut donner l’impression au début que c’est écrit en minuscule.
Le texte en arabe est une calligraphie très harmonieuse qui occupe le demi-cercle inférieur sous le nom du pays et nous renvoie quant à lui à la référence du battement de la monnaie avec le nom et les origines chérifiennes du Sultan Mohamed V (السكة المحمدية الشريفة ).
Ensuite, dans le cercle qui est au milieu du premier, il y a un dessein géométrique en forme d’une étoile à 8 branches, à l’intérieur de laquelle se trouve la valeur monétique 50 et en dessous d’elle se trouve le mot FRANCS en majuscules avec un caractère aussi raffiné que celui avec lequel est écrit le nom du pays.
Sur l’avers des deux pièces on découvre encore plusieurs différences et surtout la grande distinction notoire entre elles.
Pour la pièce marocaine, on trouve toujours deux cercles comme pour l’autre face, avec un soleil ou une rose à l’intérieur de laquelle se trouve l’année référant au calendrier de l’Hégire et écrite avec un style calligraphique en arabe عام 1371 qui correspond à l’année 1952 du calendrier grégorien.
Dans le grand cercle est écrit en haut EMPIRE CHERIFIEN avec le même style pictural, dans la partie inférieure à droite est écrit en arabe avec le même style بباريز ضرب (Frappé à Paris) alors que sur l’autre moitié à gauche on trouve المغربية الدولة (l’ETAT MAROCAIN).
Pour la pièce algérienne de 50 francs, on trouve au centre le profil droit de Marianne (la République), coiffée du bonnet phrygien ceint d’une couronne de lauriers avec une inscription en petit caractère sous l’effigie qui porte le nom du graveur de la pièce P.TURIN[1] et puis surtout deux mots qui encadrent la Tête de Marianne et qui sont : REPUBLIQUE FRANCAISE.
Par Ali Lahrichi,
Docteur en Droit et Relations internationales
Doyen de l’Institut des Sciences politiques
juridiques et sociales à l’université Mundiapolis
[1] Pierre Louis Aristide Turin est un médailleur et sculpteur français qui est le concepteur du modèle de gravure de la monnaie française « Type Turin ».
Bravo si Ali pour ce développement académique qui démontre un esprit d observation très fort qui rassure le marocain sur ses valeurs précieuse et merci beaucoup de nous apprendre scientifiquement notre histoire
Je retiens la définition de la numismatique vocable que j ignorais
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