Son « show » de plus de deux heures, mercredi, aura-t-il convaincu? Carlos Ghosn, qui s’est enfui de sa résidence à Tokyo, le 30 décembre, pour se réfugier à Beyrouth, s’est défendu lors d’une conférence de presse des nombreuses accusations dont il fait l’objet.
L’ancien patron de Renault-Nissan a été inculpé pour plusieurs motifs au Japon, et une enquête a également été ouverte en France dans le cadre d’une autre affaire. Voici un point sur les reproches qui lui sont faits, et sur les arguments qu’il met en avant pour tenter de les réfuter.
Quand Carlos Ghosn est interpellé sur le tarmac de l’aéroport de Tokyo, le 19 novembre 2018, puis inculpé quelques jours plus tard, c’est en raison d’inexactitudes supposées concernant ses revenus dans les rapports annuels de Nissan remis aux autorités boursières. L’ancien magnat de l’automobile est soupçonné de ne pas avoir déclaré des montants qu’il devait toucher après sa retraite, estimés par la justice à 9,23 milliards de yens (74 millions d’euros) sur une période allant de 2010 à 2018.
Pour sa défense, Carlos Ghosn a régulièrement assuré que les sommes n’étaient pas fixées et qu’il était donc impossible d’en faire état. Mercredi encore, il a décrit son arrestation comme un « coup monté », conçu sur la base d’une simple « non-déclaration d’un revenu non décidé et non versé », une situation critiquée par « tous les professeurs de droit, y compris au Japon ».
VIDEO. Carlos Ghosn détaille ses conditions de détention au Japon
Sinon que cette version peut sembler fragilisée, au regard de ce qu’a concédé Nissan l’an dernier. L’entreprise nippone a accepté de payer une amende sur ce point au gendarme de la Bourse, tout en mentionnant rétroactivement les sommes en question sur ses comptes de l’exercice achevé en mars 2019.
Deuxième grosse accusation, celle d’« abus de confiance aggravé ». Elle vaut à Carlos Ghosn d’être à nouveau inculpé au Japon depuis le 10 janvier 2019. Les procureurs nippons l’accusent d’avoir tenté de faire couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels », au moment de la crise financière d’octobre 2008, pour des sommes atteignant 14 millions d’euros. Lui affirme qu’il n’y a pas délit car il a repris les contrats à son nom sans préjudice pécuniaire pour Nissan.
Toutefois, Carlos Ghosn a, dans le même temps, sollicité un garant pour se tirer de cette mauvaise passe : le milliardaire saoudien Khaled Juffali. Selon les enquêteurs japonais, ce dernier a été récompensé par des sommes rondelettes provenant de la « réserve du PDG » de Nissan.
Toujours dans le cadre de cette accusation d’ « abus de confiance », Carlos Ghosn a aussi été inculpé le 22 avril pour des transferts d’argent émanant de Nissan en faveur d’un distributeur de véhicules du constructeur à Oman. Au total, 5 millions de dollars ont été utilisés pour le bénéfice personnel de Carlos Ghosn, selon le bureau des procureurs. Ils lui auraient servi à s’acheter un yacht et à mener des investissements dans un fonds contrôlé par son fils Anthony aux États-Unis, Shogun Investments LLC. Renault a transmis à la justice des éléments similaires, portant sur plusieurs millions d’euros de paiements suspects.
En France, le 11 mars dernier, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire sur les conditions financières dans lesquelles a été organisé l’anniversaire de la femme de Carlos Ghosn, Carole, ainsi que leur mariage au château de Versailles en octobre 2016.
Tout était parti d’un signalement de Renault, en février 2019. Le groupe avait remarqué « qu’une contrepartie de 50 000 euros, dans le cadre d’une convention de mécénat signée avec le château de Versailles, avait été affectée au bénéfice personnel de M. Ghosn. »
Mercredi, pendant sa conférence de presse, Carlos Ghosn a assuré avoir payé tous les frais de cette soirée. Seule la salle lui aurait été prêtée par le château en vertu d’un échange de bons procédés, le groupe automobile ayant auparavant sponsorisé pour un million d’euros la réfection du « Salon de la paix ».
Une autre soirée à Versailles, organisée le 9 mars 2014, est reprochée à Carlos Ghosn. Elle célébrait les 15 ans de l’alliance Renault-Nissan et coïncidait avec son propre anniversaire. Mercredi, il a défendu ce choix, arguant que les étrangers « sont ébahis par Versailles », tout en assurant y avoir bel et bien « prononcé un discours d’entreprise ».
VIDEO. Carlos Ghosn s’explique sur sa soirée au château de Versailles
D’autres affaires valent à Carlos Ghosn d’être soupçonné, même s’il n’est pas poursuivi par la justice pour ces faits. Il se serait notamment servi de fonds de Nissan afin de rémunérer sa sœur pour un travail de consultante fictive, avec des sommes s’élevant à 755 000 dollars de 2003 à 2016. Il aurait aussi profité à titre personnel de villas à Rio ou au Liban, payées par Nissan.
Un autre dossier s’ajoute à ces accusations. En s’enfuyant vers le Japon, Carlos Ghosn a irrité la justice nippone. Un mandat d’arrêt international a d’ailleurs été émis contre lui par Interpol.
Toutefois, si l’ancien patron à la triple nationalité libano-brésilo-française a été interdit, ce jeudi, de quitter le territoire libanais, il a très peu de chances d’être extradé au Japon. En effet, la loi libanaise interdit l’extradition de tout citoyen libanais vers un pays tiers pour y être jugé.
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