En 2021, la Chine a favorisé un renforcement du yuan. La monnaie chinoise a augmenté de presque 10 % face à l’euro et de 2,4 % face au dollar américain. Un yuan fort a pour avantage principal de réduire le coût des produits énergétiques importés en plein contexte de renchérissement du prix de l’énergie. La Chine est fortement dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement en énergie fossile (60 % de la consommation du pétrole et 40 % de celle du gaz sont importés). En 2022, les priorités de Pékin changent. La crise de l’énergie devrait s’atténuer avec l’arrivée de températures plus clémentes au printemps. L’objectif est désormais de soutenir davantage l’activité économique, qui montre des signes de faiblesse depuis plusieurs mois.
Officiellement, la Chine espère atteindre une croissance économique comprise entre 5,5 % et 6 % cette année. La réalité est moins reluisante. La croissance chinoise sera probablement au mieux de 4 % à 4,5 %. Les défis de la Chine sont nombreux. La stratégie zéro Covid stricte nuit à l’activité économique. Fin décembre, la Chine a mis à l’arrêt la ville de Xi’an, une économie de 13 millions d’habitants, par exemple. Beaucoup de PMEs et d’ETIs sont en difficulté financière, malgré le soutien des banques. La circulation entre les différentes provinces et hors de Chine équivaut aux douze travaux d’Hercules. La Chine ne va certainement pas rouvrir complètement ses frontières extérieures cette année, et peut-être même pas en 2023.
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Voyager à l’intérieur de la Chine est aussi difficile. Les passeports ne sont pas renouvelés, à moins d’un motif impérieux. Il n’y a pas d’application Covid comme cela existe en France avec TousAntiCovid. Chaque province applique sa propre stratégie et ses propres règles. Dans certains cas, il n’existe pas d’outil informatisé et tout se fait en version papier. La mobilité est réduite au minimum et cela se répercute directement sur l’activité économique. Les voyages d’affaires ont diminué de 12,2 % et la circulation sur autoroute de 25,1 % de janvier à novembre par rapport à la même période en 2020. Si on ajoute à cela la hausse du prix des matières premières, les profits des entreprises sont en chute libre.
Le ralentissement du marché de l’immobilier est le second point de fragilité de l’économie chinoise. Les analystes s’attendent à une baisse de l’activité dans ce secteur de 5 % à 10 % en 2022. L’impact sur le PIB chinois pourrait être de l’ordre de 15 % à 18 %. Pékin a demandé fin 2021 aux banques commerciales de venir en aide aux promoteurs immobiliers, à coup d’accès facile au crédit et de refinancement à bas coût. Mais les difficultés demeurent et il faut s’attendre à une longue et lente restructuration du secteur qui avait porté la croissance économique chinoise au cours des dix dernières années. Il n’y aura pas d’effondrement brutal de l’immobilier chinois. Ce n’est pas notre scénario central. En revanche, la liquidation des actifs pourris et le démantèlement du géant Evergrande vont pénaliser pendant probablement plusieurs années la dynamique de croissance.
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Pour soutenir l’activité, une baisse du taux de change du yuan est le levier le plus aisément actionnable par les autorités. L’effet d’une baisse de la monnaie est quasi instantané sur le secteur des exportations qui contribue à hauteur de 17% au PIB (données de 2020). Cela permet, évidemment, de renforcer la compétitivité des entreprises. Mais cela renchérit également les coûts de celles qui importent des biens intermédiaires, de l’énergie ou des matières premières. Nous nous attendons à ce que la paire EUR/CNH, qui oscille actuellement autour des 7,21, finisse l’année à 7,80 au moins.
Le mouvement de hausse de la paire pourrait être plus important si les autorités chinoises le juge nécessaire. Cela dépendra notamment des priorités économiques validées par la 13ème Assemblée populaire nationale, l’organe législatif de la Chine, qui doit se réunir le 5 mars prochain, juste après les Jeux Olympiques d’Hiver à Pékin. Certains pays, par exemple les Etats-Unis, vont peut-être accuser la Chine de manipuler sa monnaie. Mais elle sera certainement loin d’être la seule à le faire.
Le retour des stratégies de carry trade à la faveur des différentiels de taux d’intérêt entre les banques centrales (certaines augmentent leurs taux tandis que d’autres les maintiennent à des niveaux ultra-bas) et les craintes persistantes concernant l’évolution de la pandémie vont avantager certaines devises plus que d’autres. Cela devrait en particulier inciter les pays émetteurs de devises à fort rendement à intervenir directement sur le marché des changes pour freiner leur appréciation. C’est déjà un peu le cas en Asie. Mais ce sera certainement beaucoup plus généralisé dans les mois à venir. L’année 2022 sera celle du retour de la guerre des monnaies aussi.
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