L’impact des droits de douane sur le marché intérieur est annulé par la forte dépréciation de la livre turque. Les exportateurs sont malmenés sur le marché européen par la sous-traitance turque devenue moins chère pour les donneurs d’ordre.
La restauration en janvier dernier des droits de douane maximum de 22,5% sur les importations de prêt-à-porter turc n’a pas eu l’effet escompté. «Et pour cause, la dépréciation de la livre turque de 20% depuis 6 mois, et de 35% depuis un an, a annihilé l’impact de ces droits. Pire encore, elle a ralenti la progression des exportations de textile vers nos marchés émetteurs», déclare Mohamed Tazi, directeur général de l’Association marocaine des industries de textile et d’habillement (Amith). D’après les chiffres provisoires de l’Office des changes, l’évolution des exportations de vêtements confectionnés n’est que de 1,7% à fin mai 2018 et celle relative aux articles de bonneterie est de 4,2% grâce notamment au fast-fashion. Le rythme est beaucoup moins soutenu que durant la même période de l’année précédente.
«Les donneurs d’ordre européens s’orientent vers la Turquie encouragés par la baisse de la livre face à l’euro. Même les producteurs portugais de textile dont la progression des exportations de textile et de maille sur les 5 à 10 dernières années était à deux chiffres ont connu pour la première fois une baisse de 7% à fin mai 2018. La concurrence turque n’y est pas étrangère», renchérit M. Tazi. La Tunisie, dont la monnaie s’affaiblit (-10% en un an), a fini, elle aussi, par rehausser le rythme de ses exportations.
De mauvaises pratiques pointées du doigt
Sur le marché local, au delà des importations massives de textile turque, les franchises du même pays continuent leur expansion. La franchise LC Waikiki a ouvert 34 magasins au Maroc. Elle s’installe aujourd’hui dans le très huppé boulevard Al Massira Al Khadra dans l’ancien immeuble occupé par la marque espagnole Mango. «Aucun centre commercial qui ouvre dans le pays n’échappe à l’ouverture de magasins d’enseignes turques de textile. La superficie occupée par LC Waikiki atteint très souvent 800 m2. Le gouvernement turc paie le loyer du magasin pendant 3 ans», déclare Said Benabdeljalil, président de Blue Bird, détenteur de la marque Flou by Shadia, sous-traitant pour des marques internationales et directeur du pôle développement et innovation de l’Amith.
Et pour contrecarrer l’agressivité commerciale turque et dévoiler les mauvaises pratiques (du prêt-à-porter fabriqué en Chine et au Bangladesh serait vendu, d’après les professionnels, dans les enseignes turques étiquetés made in Turkey), 13 franchises marocaines et étrangères (européennes) se sont réunis au siège de Folly Fashion (Marwa) il y a deux mois. «Parmi ceux qui composent ce groupe de travail, on peut citer les propriétaires des marques Marwa, Diamantine, Flou, Shana et Kiabi. L’objectif est de créer une concurrence loyale entre les marques présentes dans le marché marocain», résume M. Benabdeljalil.
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