Quinze ans après son arrivée au pouvoir pour la première fois, Recep Tayyip Erdogan a prêté serment ce lundi pour un nouveau mandat présidentiel de cinq ans avec cette fois de vastes pouvoirs. Le 24 juin, Erdogan était réélu en remportant l’élection présidentielle dès le premier tour avec 52,6 % des voix, loin devant ses concurrents.
L’accession d’Erdogan à cette « hyperprésidence » intervient près de deux ans après une tentative de coup d’Etat, le 15 juillet 2016, menée par des militaires factieux et suivie de vastes purges notamment au sein des forces armées, la police et les administrations, avec l’arrestation ou le limogeage de dizaines de milliers de personnes.
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Ce nouveau statut, décrit par le journal d’opposition Cumhuriyet comme le « régime d’un seul homme », fait d’Erdogan un président qui concentre une grande partie des pouvoirs. Erdogan justifie ce système comme un gage d’efficacité pour relever les défis auxquels fait face la Turquie.
Dans le nouveau système, le poste de Premier ministre, occupé par Binali Yildirim, sera supprimé. C’est désormais le chef de l’Etat qui détiendra l’ensemble du pouvoir exécutif et pourra promulguer des décrets.
Recep Tayyip Erdogan sera également en mesure de nommer six des treize membres du Conseil des juges et procureurs (HSK), chargé de désigner et destituer le personnel du système judiciaire.
Et, comme le président est aussi le chef de sa formation politique, « il aura le contrôle des députés de son parti, ce qui signifie que le président aura le contrôle sur les branches exécutives, judiciaire et législative du pays », souligne Emre Erdogan, professeur de Sciences politiques à l’Université Bilgi à Istanbul.
Erdogan « aura désormais le soutien institutionnel et légal pour contrôler quasiment tout », explique Ayse Ayata, professeure de Sciences politiques à l’Université technique du Moyen-Orient (Ödtü) à Ankara.
Lors des élections législatives qui se sont tenues en même temps que la présidentielle, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) d’Erdogan a obtenu 295 sièges sur 600, et son allié ultranationaliste MHP 49 sièges.
Ainsi, dans la nouvelle législature, l’AKP ne dispose pas seul de la majorité et comptera sur le soutien du MHP pour contrôler le parlement. Mais « avec le temps, le MHP pourrait reconsidérer sa position et formuler des exigences », comme des postes au gouvernement, des concessions ou des emplois, estime Mme Ayata. Pour certains l’alliance avec le MHP pourrait conduire à un durcissement de la politique menée par Erdogan, notamment sur la question kurde.
« L’essentiel des pouvoirs seront concentrés entre ses mains, il n’y aura plus de Premier ministre et presque aucune des procédures de contrôles et de contrepoids d’une démocratie libérale. En d’autres mots, la Turquie sera une autocratie institutionnalisée », analyse Marc Pierini chercheur à l’institut Carnegie Europe.
Dans la soirée, le président turc a dévoilé un nouveau cabinet de seize ministres (contre 26 précédement), dont le plus en vue est son gendre Berat Albayrak, qui s’est vu confier le portefeuille clé des Finances.
Le ministère de la Défense a été attribué au chef d’état-major Hulusi Akar. Le chef de la diplomatie sortant Mevlut Cavusoglu a été reconduit.
Marié à la fille aînée de Recep Tayyip Erdogan, Esra, M. Albayrak, 40 ans, qui occupait depuis 2015 le poste clé de ministre de l’Energie, a connu ces dernières années une irrésistible ascension. Sa nomination aux Finances survient dans un contexte économique difficile avec une inflation élevée, une forte dévaluation de la monnaie et un important déficit des comptes courants, en dépit d’une croissance solide.
Les marchés, qui redoutent des pressions d’Erdogan sur la Banque centrale, semblent avoir mal accueilli la nomination de Berat Albayrak aux Finances, la livre turque chutant de plus de 2% dans la soirée face au dollar.
Outre les ministres, M. Erdogan a nommé au poste de vice-président Fuat Oktay, un technocrate qui avait par le passé dirigé l’Agence turque de gestion des situations d’urgence (Afad).
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