La livre turque a perdu près de 45% de sa valeur par rapport au dollar depuis début novembre et cela a des conséquences.
ECONOMIE – Le saviez-vous? La Turquie est le premier exportateur mondial de noisettes, avec plus de 76.000 nuciculteurs dans tout le pays. En conséquence, elle fournit aussi aux consommateurs un ingrédient phare du Nutella. Comme le soulignent nos confrères de franceinfo, le pays assure à lui seul 70% de la production de la planète “grâce à ses immenses champs de noisetiers plantés sur les collines au bord de la Mer Noire”.
Problème, l’économie turque est en difficulté. La monnaie nationale, la livre, a perdu 45 % de sa valeur par rapport au dollar entre le début du mois novembre et ce début de semaine, avant de se redresser après l’annonce de mesures d’urgence par le président Recep Tayyip Erdogan.
Comme l’explique encore franceinfo, cette baisse a notamment eu pour effet de faire monter le prix des produits importés, comme “l’énergie et les matières premières”. Et les producteurs de noisettes ont revu leurs dépenses à la hausse: ils ont dû payer leur engrais trois plus cher qu’à l’accoutumée (650 dollars la tonne, contre 215 dollars en 2020), le prix des emballages mais aussi les salaires ou encore l’essence ont également augmenté.
Les producteurs de noisettes de Turquie dénoncent aussi la mainmise sur leurs récoltes de l’italien Ferrero, producteur du Nutella, ou de Nestlé et Godiva, accusés de casser les prix. “Bon sang, ils nous les achètent 22 à 23 livres [environ 2 euros] le kilo et les revendent 23 dollars [20 euros]: comment on en arrive là? Il faut leur barrer la route”, s’insurge auprès de l’AFP le président de la chambre de commerce d’Istanbul, Omer Demir.
Surtout qu’en fournissant outils et engrais aux paysans et en pré-payant leur récolte à un prix fixé à l’avance, les principaux grossistes, comme ceux qui fournissent le groupe italien, “ne laissent aucune chance aux autres”, regrette-t-il.
Les paysans turcs qui vivent de la production de noisettes se retrouvent donc avec trop peu d’argent pour vivre… et ne produisent plus.
Sollicité par l’AFP, le géant italien s’est défendu: “Nous n’achetons pas directement aux producteurs, nous passons par un réseau d’acheteurs et de fournisseurs spécialisés (…) en respectant les lois du marché et sa dynamique”, explique un porte-parole du siège, qui rappelle que Ferrero est présent en Turquie depuis plus de 35 ans.
Cela aura-t-il pour conséquence une pénurie de Nutella? “Si vous êtes fan de Nutella, vous devriez en faire des stocks la prochaine fois que vous allez faire des courses”, va jusqu’à mettre en garde Turgan Zülfikar, consultant pour le Wall Street Journal spécialisé dans les entreprises turques.
L’approvisionnement turc en matière première étant indispensable à la production du Nutella et des rochers, Ferrero a créé en 2014 une filiale locale, Ferrero Findik (noisettes, en turc) qui gère six usines de traitement (lavage, décoquillage et torréfaction) et un site de production de Nutella.
En 2014, le groupe a aussi racheté le roi de la noisette, Oltan, ce qui a fini de lui assurer le contrôle du marché et des cours.
Pour soutenir les producteurs de noisettes, le ministère de l’Agriculture les pousse à se lancer eux-mêmes dans la transformation du produit au lieu de vendre seulement leur matière première, ce qui leur assurerait un meilleur revenu.
L’an dernier, le producteur Aydin Simsek avait vendu toute sa récolte à Ferrero. Cette année, il prévoit de la réserver intégralement, 15 tonnes espère-t-il, au Bureau agricole (TMO, l’autorité publique de régulation). “Quand Ferrero agira de bonne foi, je serai ravi moi aussi de manger du Nutella. Mais pas à ce prix”, confie-t-il à l’AFP.
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avec AFP
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