Lire le
journal
Lire le
journal
Se connecter
Le département est une mine de biodiversité gage de territoires sains. Un patrimoine génétique qu’il est essentiel de préserver pour l’avenir. Guide naturaliste, Marjorie Ughetto nous ouvre les yeux sur les plantes sauvages comestibles, souvent négligées. Concocter une salade aux mille saveurs est passionnant, mais demande un minimum d’apprentissage et d’expérience pour reconnaître et marier les différentes espèces.
Prendre le temps, ouvrir les yeux, sentir, toucher. Revenir à l’essence même de la vie, à l’essentiel, à la nature, à la terre nourricière.
Se rappeler que chaque fruit, chaque légume puise ses racines dans l’environnement sauvage, modifié de mains d’homme pour son propre profit…
Se promener avec Marjorie Ughetto, c’est pénétrer dans un monde par trop oublié, et découvrir que des végétaux a priori insignifiants, voire dédaignés ou haïs, sont une source de nourriture, de saveurs et de délices insoupçonnés.
Et ne lui parlez surtout pas d’adventices ou de mauvaises herbes face à un carré de verdure sans intérêt de prime abord.
Car elle pourrait y passer des heures et prouver avec une passion communicative que ces plantes sont comestibles, médicinales ou utiles au sol.
Chacune d’entre elles a, bien évidemment, sa déclinaison scientifique. Mais aussi un sobriquet provençal évocateur, léger ou souriant, voire une petite histoire à raconter.
“Herbe aux cœurs”, “Main de voleur”, “Côtelette des lapins”, “Peignes de Vénus”… peuplent lentement le panier et dessinent une salade où des fragrances surprenantes le rivalisent avec des couleurs à dévorer du regard, avant de s’offrir au palais.
“Mais attention, prévient Marjorie, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Il faut apprendre à petits pas. Il est inutile de vouloir cueillir 25 plantes dès le début. Il faut se renseigner en cas de doute. Ne ramasser que des plantes saines et parfois certaines parties seulement de la plante, les autres n’ayant pas de valeur gustative ou étant toxiques.”
Et c’est tout l’objet de l’apprentissage qu’elle dispense tant auprès des scolaires que des amateurs qui pourront bientôt voler de leurs propres ailes et trouver prétexte à de belles balades en famille.
Dans un rayon de 10 km: ce n’est pas bien difficile à réaliser dans le département…
Installée dans le Var depuis 22 ans, à Saint-Raphaël, Le Beausset puis Montauroux, la naturaliste au savoir encyclopédique n’est pas venue à la nature par hasard.
Bien que géologue de formation, un père féru de botanique et une maman cueilleuse invétérée de plantes sauvages l’ont naturellement poussée à changer de vie.
Avec ce paradoxe qu’il n’existe pas de formation spécifiquement consacrée à la matière et qu’un long travail d’autodidacte s’est imposé pour aspirer à transmettre ses connaissances aux autres.
“Je voulais vivre dehors, au contact du vivant, humain ou non. Chaque jour j’apprends. La curiosité des personnes que j’accompagne me fait progresser. Sachant qu’au-delà de la vulgarisation, le langage scientifique est obligatoire, surtout si l’on transmet son savoir”, indique-t-elle, un brin amère de ne pas pouvoir poursuivre ses activités au grand air pour cause de Covid…
Ce qui ne l’empêche pas de proposer ses services aux particuliers qui ignorent les merveilles de biodiversité peuplant leurs terrains, friches ou jardins (1).
“La grande biodiversité prouve qu’un territoire est sain. Nos paysages ont du goût!”, lance-t-elle.
D’ajouter: “Il est important de comprendre que cette diversité qui nous entoure peut assurer notre futur alimentaire. Car elle représente la garantie génétique de l’avenir. À titre d’exemple, les plantes sauvages co-évoluent avec les ravageurs, elles ont des facultés d’adaptation au réchauffement climatique. Elles sont donc plus résilientes que les végétaux modifiés par l’homme au fil des siècles, car la domestication n’a pas sélectionné la faculté que les plantes ont à se défendre ! Si le chou disparaît, il faudra bien revenir à son ancêtre sauvage pour le faire renaître.”
Il n’est que de voir la scorzonère, alias la “galinette” qui n’est autre que la souche de nos actuels salsifis !
Tirer des salades avant de passer à table, voilà un délicieux voyage qui ne peut laisser indifférent.
Et invite à un respect de ce que l’on croit inutile, mais qui ne l’est finalement jamais… Marjorie, la bien nommée nous l’apprend avec amour…
Marjorie Ughetto : 06.08.33.00.68.
https://www.marjorieautresregards.com
ou encore :
www.linkedin.com/in/
ecoguidemarjorieautresregards/
enfin :
www.facebook.com/BaladesNaturalistes.fr
Elle observe, elle goûte, croque, s’extasie devant une plante qu’elle n’avait jamais vue à cet endroit jusque-là.
Ne feint pas son plaisir et papillonne d’un site à l’autre comme au premier jour. Cheminer avec Marjorie Ughetto est un vrai régal. Mais, la pédagogie, c’est aussi prévenir et conseiller. Quelques pistes…
-Ne pas cueillir des plantes inconnues si l’on a un doute, sinon pour les identifier auprès de personnes averties. En tout état de cause ne pas mélanger les plantes et séparer chaque espèce dans un sac en papier. On peut toujours s’aider d’un site web ou d’une appli de reconnaissance (“Plantnet” par exemple). Mais les végétaux peuvent changer d’aspect en se développant, selon les sites où ils se trouvent, à l’instar des champignons.
-Ne pas cueillir sur des sites pollués ou surfréquentés. Toujours éviter la cueillette dans les zones inondables (risque de douve du foie) et, si tel est le cas, les végétaux doivent toujours être cuits à plus de 70 degrés.
-Ne prélever que des parties parfaitement saines. La présence de taches peut-être signe d’attaque cryptogamique (champignons). De même, vérifier l’absence de larves ou d’insectes. C’est un jeu de patience, mais la sécurité le mérite.
-Toujours laisser tremper la salade plusieurs min utes dans de l’eau vinaigrée.
-Parmi d’autres, deux références bibliographiques:
– “Les salades sauvages”: voir le site des Écologistes de l’Euzière.
– “Les cueillettes de confiance” ; plaisirs et savoirs traditionnels des plantes en Luberon.
Par Magali Amir, édition Les Alpes De Lumière.
L’auteure a édité de nombreux autres ouvrages.
“Rhôooooooooo!”
Vous utilisez un AdBlock?! 🙂
Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.
Et nous, on s’engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.