Les salles de cinéma françaises commencent à reprendre des couleurs
“L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux” sur Arte : trois questions qui murmuraient à nos cerveaux
Spielberg, Anderson, Indiana Jones ou Astérix… Les 23 films les plus attendus pour 2023
“The Witcher : L’Héritage du sang”, “Vampire Academy”, “En traître”… Que valent les séries de la semaine ?
“White Noise”, sur Netflix : Adam Driver au sommet d’une savoureuse pièce montée
“Peacemaker”, sur Prime Video : un justicier crétin dans une série débile parfaitement assumée
“Je n’ai aucune envie de me reconnecter” : ces ados américains qui s’éloignent de leurs écrans
De “Bad” de Michael Jackson à Vanessa Paradis, les airs de jeunesse de Nicolas Maury
Benjamin Lacombe adapte Andersen : et si “La Petite Sirène” représentait l’auteur danois ?
Cinéma, expos, séries, musique… Les temps forts de 2023
David Hockney, Vermeer, Elliott Erwitt… Les 23 expositions les plus attendues de 2023
Vivienne Westwood est morte : du Londres punk aux fashion weeks, itinéraire d’une styliste atypique
Mort d’Edouard Artemiev, compositeur novateur, complice d’Andreï Tarkovski
Léo Ferré, l’intégrale : un volume quatre ouvert aux quatre vents
Yma Súmac, la diva péruvienne dont la voix était un cas
Les Nuits de France Culture : mille et une pépites sur catalogue
Opéra : “La Périchole” caracole sur France Musique
Podcast : “Vous êtes bien chez Sophie” poursuit son voyage intime dans les profondeurs d’un répondeur
Les éditions de Minuit : la lutte en héritage
Six leçons tirées des plus gros succès en librairie en 2022
Marion Fayolle, l’autrice de BD qui veut “dénuder, enlever les couches, creuser des galeries”
Plagiat, IA et enluminures : sur Twitter, le #receptiogate secoue le monde des médiévistes
Féminin sacré : vrai renouveau féministe ou arnaque New Age ?
Benoît XVI, le pape qui renonça, est mort
Le magazine
numérique
Xavier de Jarcy
Publié le 21/02/20 mis à jour le 07/12/20
Partager
© Philippe Caron
Fraîche et pimpante comme en 1902, la villa Majorelle, à Nancy, sort d’une longue période de restauration. Dehors comme dedans, on y découvre une étonnante modernité due à un architecte passionnant, Henri Sauvage (1873-1932). Il a signé à Paris de surprenants immeubles à gradins revêtus de carrelage blanc, le magasin n° 2 de la Samaritaine de style Art déco, près du Pont-Neuf, ou encore le cinéma Gambetta-Palace (aujourd’hui MK2 Gambetta) et son décor de marionnettes.
La villa Majorelle est sa première œuvre. Louis Majorelle (1859-1928), célèbre ébéniste Art nouveau, a eu l’audace de faire appel à ce débutant de 26 ans. Pendant deux ans, Sauvage a travaillé sur cette maison, première construction Art nouveau de Nancy, avec une liberté qui, des décennies plus tard, inspirera des architectes comme Zaha Hadid ou Frank Gehry. Voici les quatres préceptes, toujours actuels de la villa Majorelle.
Fini les colonnes antiques et les frontons triangulaires. Fini aussi le néogothique ou le néo-Renaissance. Né dans les années 1890, l’Art nouveau, bien avant le mouvement moderne des années 1920, abandonne les recettes et renonce au pastiche. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), restaurateur de Notre-Dame de Paris, l’avait dit : l’asymétrie, c’est mieux. Moins lourd, plus élégant, plus vivant. Alors Henri Sauvage singularise chaque côté de la villa Majorelle. Le nord est rythmé par trois toitures pointues.
Le salon de la Villa Majorelle dans Art et décoration (1902).
© MEN
Au sud, la salle à manger fait saillie tandis qu’une large terrasse (aujourd’hui disparue) surmonte le premier étage. À l’ouest, un balcon en bois anime l’angle, alors que l’Est se signale par son dépouillement. « Ni somptueuse, ni officielle, ni vaniteuse […], nous reconnaissons bien la maison d’un artiste, sensitif et chercheur, aux goûts affinés, au cerveau cultivé, à l’œil délicat, qui se préoccupe peu des jugements d’autrui et des snobismes à la mode », approuve l’architecte Frantz Jourdain (1847-1935) dans Art et décoration en 1902.
L’Art nouveau adopte une autre règle, inspirée du mouvement britannique Arts and Crafts : le plan intérieur doit être lisible de l’extérieur. À l’inverse de la « boîte » moderniste, les volumes sont clairement articulés. La villa se développe de part et d’autre d’une tour d’escalier largement éclairée et adapte chaque fenêtre à sa pièce. La notion d’élément standardisé n’existe pas encore. « Le regard suit la montée de l’escalier, pénètre dans l’atelier par la vaste verrière, devine l’intimité des chambres à coucher, s’arrête au petites baies des cabinets de toilette, s’attarde aux dimensions étoffées d’une hospitalière salle à manger, inspecte à l’aise le vestibule », décrit Frantz Jourdain : la maison bourgeoise moderne n’a rien à cacher.
La lumière traverse les vitraux pour illuminer la cage d’escalier.
© Simeon Levaillant
Par ailleurs, chaque pièce dispose d’une fenêtre : pas de salle de bains aveugle. Ce n’est pas souvent le cas dans les logements neufs de 2020 ! À noter que l’immeuble immaculé de l’école du Bauhaus à Dessau, construit en 1925 par Walter Gropius, adopte les mêmes principes : il est divisé en bâtiments répondant chacun à un usage spécifique et doté d’un type de fenêtre approprié.
Dès les foisonnantes ferronneries de la porte d’entrée, le décor annonce le thème général, comme une ouverture d’opéra : la villa Majorelle aura pour motif principal la monnaie-du-pape. Cette plante aux graines enveloppées d’une coque argentée évoque la fortune, mais aussi la vitalité et la transparence. On la repère dans les poignées de portes, sur les peintures au pochoir de l’entrée et à d’autres endroits. Dans le salon, en revanche, c’est la pomme de pin qui s’épanouit, et le blé dans la salle à manger. L’Art nouveau est un hymne à la nature.
L’Art nouveau se vit au quotidien. Il cherche à embellir les moindres détails de l’existence. C’est aussi un projet collectif qui rassemble les métiers d’art. Le lustre aux motifs d’algues de la cage d’escalier, par exemple, associe Louis Majorelle, la verrerie nancéenne Daum et le créateur de vitraux Jacques Gruber. On retrouve Gruber dans le dessin des superbes vitraux aux coloquintes de la salle à manger, où l’artiste et architecte d’intérieur Francis Jourdain (le fils de Frantz) a peint de charmantes frises aux canards, dindons et autres animaux de la ferme. La cheminée en grès irisé, assez effrayante avec sa gueule de monstre, est signée du céramiste parisien Alexandre Bigot.
La cheminée en grès, dessinée par le céramiste Alexandre Bigot.
© Simeon Levaillant
Louis Majorelle a bien entendu dessiné tout le mobilier de sa villa, enfin remeublée après avoir longtemps abrité des bureaux. L’ambiance est chaleureuse. L’impression d’espace doit beaucoup à la hauteur généreuse des pièces. À l’étage, dans la chambre à coucher du couple Majorelle, la tête de lit évoque des oreilles de chat ou des ailes de papillon. Elle semble tout droit sortie d’un dessin animé ou d’un film fantastique. On ne serait pas surpris d’y rencontrer Batman.
À voir
Villa Majorelle, 1, rue Louis Majorelle, Nancy. Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h, 3 €.
Partager
Le module de commentaires est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de notre partenaire. Compte-tenu du refus de dépôt de cookies que vous avez exprimé et afin de respecter votre choix, nous avons bloqué la contribution.
Pour continuer à contribuer vous pouvez donner votre accord en cliquant sur le bouton ci-dessous.
La culture qu’il vous faut !
S’abonner – 1€ par semaine
Offre exclusive : 0,99€/mois pendant 6 mois
Retrouvez le meilleur de Télérama avec nos cinq newsletters : Ecrans & TV, La Quotidienne, Télérama Sortir Grand Paris, Télérama Soirée (abonné) et Télérama Week-end (abonné)
Vous avez choisi de ne pas accepter le dépôt de “cookies” sur votre navigateur, qui permettent notamment d’afficher de la publicité personnalisée. Nous respectons votre choix, et nous y veillerons.
Chaque jour, la rédaction et l’ensemble des métiers de Télérama se mobilisent pour vous proposer sur notre site une offre critique complète, un suivi de l’actualité culturelle, des enquêtes, des entretiens, des reportages, des vidéos, des services, des évènements… Qualité, fiabilité et indépendance en sont les maîtres mots.
Pour ce faire, le soutien et la fidélité de nos abonnés est essentiel. Nous vous invitons à rejoindre à votre tour cette communauté en vous abonnant à Télérama.
Merci, et à bientôt.