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La crue de la Seine et les nombreux travaux d’urbanisme font davantage sortir le rat d’égout de son terrier. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y en ait plus (1).
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Y a-t-il trop de rats à Paris ?
Des rats se disputent une tranche de tomate dans le square de la tour St jacques à Paris, en décembre 2016.
Philippe Lopez/AFP
Les quelques scientifiques faisant des recherches sur le rat sauvage en France ne savent pas le dénombrer, faute de recensement général. En revanche, Pierre Falgayrac, spécialiste de la lutte contre les rongeurs, consultant et formateur affirme pouvoir donner une estimation à partir d’une étude réalisée dans les égouts. Ainsi aboutit-il à une moyenne générale de 1,75 rat/habitant. Un taux qu’il ramène à 1 rat/habitant dans la petite couronne de la capitale, et 1 rat/10 habitants dans la grande couronne (2). À titre de comparaison, la ville de Monaco, réputée pour sa propreté, n’hébergerait aucun rat d’égout.
La conjonction de nombreux travaux de BTP actuellement à Paris et les crues ont pour effet de détruire leurs terriers, de les déloger et donc de les obliger à sortir. Cela ne signifie pas qu’il y ait plus de rats, mais seulement qu’on les voit davantage.
Les rats ne prolifèrent pas car ils stabilisent leur population en fonction des ressources alimentaires vitales. Au besoin, les femelles dominantes refusent de s’accoupler avec les mâles, éloignent ceux-ci des jeunes femelles, et peuvent même tuer des portées de jeunes femelles qui se sont laissées saillir.
Il s’agit du rat brun (Rattus norvegicus) ou surmulot. Trapu, il mesure environ 25 cm (50 cm avec la queue) et pèse, à l’âge adulte, 300 g. Ayant un régime omnivore, sa durée de vie à l’état sauvage est de deux ans. Le rat brun aime l’humidité, l’eau – il nage très bien –, et niche dans les égouts et les caves. En temps normal, c’est un animal craintif et tranquille.
Mammifère nocturne, le rat passe 60 % à 75 % de son temps dans son terrier. Il n’en sort que pour boire et pour manger, car il consomme l’équivalent de 10 % de son poids chaque jour ! Prévoyant, il s’installe toujours à proximité d’une source de nourriture pour limiter ses trajets. La crue, notamment si elle perdure, pourrait engendrer une forte mortalité – les plus faibles ne supportent pas la migration – ainsi qu’une baisse de la reproduction.
En se basant sur une étude menée par Gwenaël Vourch (Inra et Ecole vétérinaire de Lyon), ces animaux présentent un risque sanitaire, avec essentiellement la leptospirose, une maladie bactérienne transmissible à l’homme, pouvant entraîner une insuffisance rénale et la mort.
« La Ville de Paris aurait dû dératiser les zones de travaux avant de les lancer, observe Pierre Falgayrac. Toutefois, d’autres solutions sont possibles, comme un renforcement des conduits d’égouts et une stricte discipline hygiénique ».
Les rats apprécient les égouts parisiens ou londoniens en brique, faciles à attaquer avec leurs dents pour y creuser des terriers. En revanche, le béton et l’acier résistent à leurs incisives. À l’instar de Zurich, Paris pourrait bétonner certains égouts, proches de zones où il y a beaucoup de restaurants.
La ville pourrait aussi imposer à ses restaurateurs de nettoyer leur terrasse le soir, avant la fermeture, et non le matin. De même il faut que les poubelles restent le moins possible sur le trottoir. La ville vient d’ailleurs de commander de nouvelles poubelles dotées d’une fermeture.
Paris souhaite aussi empêcher que les rongeurs sortent des égouts et éliminer ceux qui se trouvent déjà à l’extérieur en utilisant notamment des appâts anticoagulants (produits à base de coumarine qui ont pour effet de bloquer l’action de la vitamine K, indispensable à la coagulation), en rebouchant les terriers, et en diminuant la taille des mailles des grilles des égouts.
Néanmoins, la mairie rappelle sur son site Internet que la présence des rats est bénéfique dans une certaine mesure : « Le rat participe à la destruction de déchets, au désengorgement des égouts et peut avertir de la montée des eaux ». Mais ceci est probablement vrai avec une population limitée. En 2016, à Paris, une pétition avait été lancée afin d’arrêter la dératisation. Elle avait recueilli au moins 25 000 signatures…

(1) De nos jours, le rat des villes (ou rat brun, ou rat d’égout, ou surmulot) a remplacé le rat noir (qui était le vecteur de la peste médiévale) vers 1700-1750.
(2) Auteur de Des rats et des hommes (tiré à compte d’auteur) et de « Le Grand Guide de lutte raisonnée contre les nuisibles ou bioagresseurs urbains », Lexitis éditions, 2014, 65 €.
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